Organisateur des journées parlementaires sur la société de l'Information, Patrick BLOCHE souhaite réduire la fracture numérique. Il a bien voulu répondre à quelques questions sur la neteconomie...
JB - Monsieur BLOCHE, bonjour. Suite à ces deuxièmes journées parlementaires pour le développement de la société de l'information, êtes vous optimiste pour la démocratisation de l'internet ?
PB - Je suis inévitablement optimiste parce que je pense que l'internet porte la démocratie. Naturellement, aujourd'hui, c'est un peu l'objet du colloque, pour qu'il y ait démocratie, il faut qu'il y ait une assise large et c'est toute la problématique de l'accès, de l'usage et de lutte conte les inégalités d'usage. Mais je pense que l'internet, en tant qu'outil et de technologie - mais aussi d'un point de vue politique et idéologique - c'est la démocratie, c'est la transversalité, l'absence d'un point central, c'est une société en réseau qui se construit librement, de façon ouverte et de façon solidaire.
JB - L'essentiel des mesures porte sur la démocratisation de l'accès ou des terminaux. La prochaine étape ne va t'elle pas se situer au niveau des contenus ?
PB - Oui, naturellement, vous parlez avec juste raison du problème d'une plus grandé égalité dans l'usage, mais aussi de l'égalité dans l'usage, grâce à l'arrivée de nouveaux terminaux, plus simples à utiliser pour les internautes. Pour les contenus, c'est un enjeu majeur aujourd'hui, car on peut avoir quelques préoccupation pour l'existence d'un internet français francophone, pour faire vivre en quelque sorte la diversité culturelle et le pluralisme linguisitique sur la toile. Il faut effectivement que l'on puisse développer ces nouveaux contenus à partir de ces nouveaux outils.
JB - Pensez vous qu'il serait nécessaire de créer un "ministre de l'internet" en France ?
PB - Je n'en ressens pas la nécessité ni l'intérêt à l'heure d'aujourd'hui. Depuis 3 ans, le gouvernement fonctionne de manière efficace à travers l'existence d'un conseiller "société de l'information" dans chacun des cabinets ministériels. Le premier ministre a fait le choix de proposer un gouvernement dans le quel il souhaitait que chaque ministre soit partie prenante de l'effort gouvernemental dans ce domaine. La possibilité que des mesures importantes soient prises, que des décisions importantes soient finalisées, montre que le sytème fonctionne bien.
JB - Pour vous, le minitel est un atout ou un fardeau pour la France ?
PB - Le minitel, que l'on pourrait qualifier "d'intranet français", a été un obstacle incontestable au développement de l'internet en France, notamment pour des raisons financières. Mais il a eu le mérite de créer une véritable culture de réseau, fédérant près de 16 millions d'utilisateurs. Aujourd'hui, l'enjeu est de faire basculer ces utilisateurs sur internet, notamment grâce à des terminaux aussi simples et aussi ergonomiques que le minitel.
JB - Certains analystes soulignent l'hypocrisie du gouvernement qui souhaite réduire la fracture numérique, tout en réclamant 150 milliards de francs aux opérateurs UMTS, réduisant de fait, la diffusion de l'internet mobile rapide aux zones rentables. quel est votre sentiment sur ce débat ?
PB - Je n'ai pas cette vision des choses. Je veux bien qu'on lie les effort en terme de démocratisation du net et la vente des licences UMTS. En France, cette vente s'est faite dans des conditions raisonnables, à la fois en terme de coût que de conditions dans lesquels ces ventes ont eue lieue, en échappant au système des enchères qu'on a connu outre manche ou outre rhin. Selon moi, le débat devrait pltôt porter sur l'affectation de ces 150 milliards de francs. J'aurais aimé que l'accès internet soit considéré comme un objectif social et qu'il lui soit affecté plus de 3 Mds de francs.
JB - Vous contestez donc la décision de laurent Fabius d'affecter l'argent des licences UMTS dans le financement des retaires ? Vous auriez préfére que l'argent de la neteconomie soit réinjecté dans la neteconomie ?.
PB - Oui, je ne suis pas tout à fait le seul à le dire. Le président de la commission des finances, Henri Emmanuelli, a eu l'occasion de s'exprimer sur cette question. L'interrogation que j'ai, c'est le souhait qu'il y ait une possibilité de débat. Et au moment où l'on a déjà envisagé des possibilité d'affectation, qu'on reprenne le débat. Il faut considérer que la lutte contre les inégalités d'accès et d'usage de l'internet est un formidable objectif social. Ceux qui sont déjà en retard le seront encore plus demain.
JB - Pour en finir avec ces 150 mds. Qui va payer ces licences ? L'opérateur ou le mobinaute ? N'y aurat'il pas un décalage entre ceux qui pourront se payer ce service et ceux qui ne pourront pas, entre zones rentables et zones non rentables, etc... ?
PB - Evidemment, il est certain qu'en terme d'aménagement du territoire, nous serons toujours confrontés au fait que les zones urbaines et denses sont invévitablement plus favorisées que les zones rurales, peu peuplées. C'est un phénomène qu'on connait avec le portable GSM. Par contre, l'étalement de la perception des 150 milliards, les capacités financières des opérateurs et surtout la concurrence font que je doute que ce soit au consommateur de payer ces licences.
Entretien réalisé en Octobre 2000 par Jérôme BOUTEILLER
Patrick BLOCHE, un député pour un internet solidaire
Publié le 20 octobre 2000 à 00h00
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