Depuis des années, des membres d'équipage signalent des symptômes liés à l'air des cabines d'avion. Une expertise judiciaire éveille les inquiétudes, qui touchent aussi bien le personnel que les passagers.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a publié, le 25 octobre, un avis qui fera date concernant la contamination de l'air des avions, pour ce qui est un vieux débat. Celui-ci, consulté par nos confrères du Parisien, fait suite à des plaintes de pilotes et d'autres membres d'équipage, qui évoquent la présence de divers polluants provoquant des symptômes inquiétants, tels qu'une vision floue, des maux de tête ou de la toux.
Une expertise judiciaire a bien suggéré un risque pour la santé du personnel aéronautique, avec des symptômes qualifiés par l'ANSES de « syndrome aérotoxique ». De multiples sources de polluants ont été identifiées.
De nombreux polluants pourrissent l'air respiré dans les avions
Le syndrome aérotoxique est caractérisé par des symptômes neurologiques et respiratoires, qui sont couramment signalés par le personnel navigant, 30 000 personnes en France (hôtesses, stewards et pilotes). Il est lié à de multiples sources de polluants provenant de certains matériaux, de la ventilation, du fonctionnement de l'avion et des opérations en vol et au sol, selon l'ANSES.
L'agence a reconnu que l'air qui circule dans la cabine est en partie prélevé au niveau des moteurs, ce qui peut contribuer à la présence de polluants. Sur certains modèles, il n'est pas un hasard que vous puissiez sentir une odeur de « carburant » par moment. Toutefois, l'origine des polluants et leurs concentrations restent incertaines. Les données de qualité sur le sujet manquent cruellement.
Le personnel de vol est en tout cas exposé à ces sources de polluants. Citons par exemple les particules fines, les retardateurs de flammes ou les substances organophosphorées, dus aux produits de nettoyage, à la pollution de l'air dans les aéroports ou aux opérations de dégivrage des aéronefs.
Des études en cours pour en savoir plus sur les risques et les conséquences encourus par le personnel et les passagers
Bien que le syndrome aérotoxique ne fasse aujourd'hui pas l'objet d'un consensus médical, il existe une préoccupation croissante concernant l'augmentation des cas de cancer de la peau et de leucémie au sein du personnel de vol. Cette incidence est attribuée aux rayonnements cosmiques et solaires, selon le directeur scientifique santé-travail de l'ANSES, Henri Bastos.
L'Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN) mène actuellement une étude sur la mortalité liée à l'exposition au rayonnement cosmique chez le personnel navigant. L'ANSES estime, de son côté, que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les effets sur la santé à long terme des professionnels de bord.
Les compagnies aériennes, elles, sont appelées à participer à l'évaluation des risques pour leurs employés. Des études sont aussi en cours quant à l'impact des dégagements d'odeurs ou de fumée de certains vols. Enfin, les passagers réguliers, eux aussi exposés aux mêmes craintes, ne bénéficient pas du même suivi médical que le personnel de vol. Si les symptômes que nous mentionnions sont les vôtres, alors que vous venez de prendre récemment l'avion, ne perdez pas de temps pour consulter un professionnel.
Source : Le Parisien