La France refuse de payer des centaines de millions d'euros après avoir échoué à atteindre son objectif d'énergies renouvelables en 2020. Pourtant, elle avait pris des engagements au niveau européen.
Le gouvernement français s'est rebellé, en refusant de débourser plusieurs centaines de millions d'euros, après avoir manqué à l'objectif de 23 % d'énergies renouvelables en 2020, comprenant le solaire, l'éolien et l'hydraulique. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a informé la commissaire européenne à l'Énergie, Kadri Simson, de cette décision. Que va-t-il se passer ?
La France refuse de payer 500 millions d'euros pour son retard, vantant ses progrès, tout en travaillant à un compromis
La France devait en théorie payer environ 500 millions d'euros pour ne pas avoir atteint son objectif d'énergies renouvelables en 2020, selon des informations du Monde. Agnès Pannier-Runacher avait entamé des négociations l'année dernière, mais le gouvernement a depuis revu sa stratégie, en considérant avoir pris sa part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La France justifie son refus en mettant en avant ses progrès significatifs dans le secteur des énergies renouvelables.
La ministre de la Transition énergétique a écrit à la commissaire européenne à l'Énergie, Kadri Simson, pour l'informer de la décision du gouvernement de ne pas payer pour son retard dans les énergies renouvelables. Car si la France avait un objectif contraignant de 23 % dans sa consommation finale brute énergétique en 2020, elle n'a atteint que 19,1 %. Et l'État insiste sur la part des renouvelables dans son mix énergétique, qui a bondi de 46,1 % entre 2012 et 2022. C'est dix points de plus que la moyenne européenne.
La France, en retard sur son objectif européen, envisage une nouvelle stratégie énergie-climat pour équilibrer la balance. Le gouvernement, qui se dit prêt à un compromis financier, insiste sur sa volonté de contribuer à des projets de développement d'énergies renouvelables et de réduire la consommation des énergies fossiles, plutôt que de payer rétroactivement des volumes statistiques. La Commission européenne n'a pas encore répondu au courrier.
Un plan d'action pour l'avenir des énergies renouvelables
La France affirme qu'elle ne se laissera pas faire pour des raisons juridiques, arguant de sa position parmi les pays les plus engagés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Bien que la France n'ait pas non plus atteint son objectif de 23 % en 2022 (20,7 %), le ministère compte bien y parvenir.
La Commission européenne étudie donc la lettre du gouvernement français et prépare sa réponse. En plus de manquer ses objectifs européens, la France est également en retard sur sa feuille de route nationale pour l'énergie. Certains objectifs pour 2023 semblent déjà inatteignables, notamment pour le photovoltaïque et l'éolien, cette dernière énergie ayant été épinglée par la Cour des comptes il y a quelques semaines.
À la fin de l'année 2022 par exemple, les capacités éoliennes étaient de 20,9 gigawatts, soit seulement 80 % de l'objectif fixé dans la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Source : Le Monde