La 28ème Conférence des parties sur le climat (COP28) pourrait être historique en ce qu'elle évoque, pour la première fois, une « transition » vers l'abandon des énergies fossiles. Mais les mots ont un sens, et il est encore trop tôt pour évoquer une « sortie ».
Après des jours de négociations tendues et même une nuit de prolongation, la COP28 a abouti à un consensus sur le Global Stocktake, un texte majeur appelant à l'abandon progressif des combustibles fossiles. Le président de la COP28, Sultan Al-Jaber, a scellé cet accord après une nuit blanche de pourparlers. On notera qu'une formule diplomatique novatrice a d'ailleurs émergé, afin d'éviter le terme « phase out », pour ne pas dire « sortie », tout en soulignant la nécessité d'une « transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques ». Alors victoire pour le climat, ou nouvelle hypocrisie ?
Une nuit cruciale à la COP28 pour un accord qualifié d'historique
Avant le dénouement, une nuit de négociations a été nécessaire pour trouver des termes acceptables par toutes les délégations. Sultan Al-Jaber, président émiratif de la COP28, a travaillé en étroite collaboration avec des acteurs clés, y compris le ministre de l'Énergie de l'Arabie saoudite, pour y parvenir.
Le compromis délicat a abouti à un texte équilibré, affirmant l'objectif d'une neutralité carbone en 2050, qui correspond d'ailleurs aux préconisations scientifiques. « Il ne faut pas galvauder les mots, c'est quasiment historique. On dessine quand même un futur largement décarboné pour les énergies fossiles. Je pense que peu auraient parié sur un accord aussi ambitieux », s'est félicité le spécialiste du climat François Gemenne, auteur principal du sixième rapport du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
Outre le focus sur les énergies fossiles, le texte consacre des avancées significatives, comme le triplement de la production d'énergies renouvelables et le doublement de l'efficacité énergétique d'ici 2030. Des mesures concrètes contre l'utilisation du charbon et la réduction des investissements dans les énergies fossiles sont également inscrites dans le marbre.
Un accord qui suscite de l'enthousiasme, et de la déception
L'accord souligne l'importance d'une transition « juste, ordonnée et équitable », tenant compte des différences économiques entre les pays. Avec une certaine volonté de sortir progressivement des énergies fossiles, le texte laisse la porte ouverte à des technologies à émissions faibles, y compris le nucléaire et l'hydrogène bas carbone.
Salué comme une victoire du multilatéralisme, l'accord n'échappe toutefois pas aux déceptions. En deçà des attentes de certains, il suscite des critiques, notamment sur l'inclusion du gaz comme « carburant de transition », avec une exploitation qui sera prolongée, comme le souhaitaient les Russes et les Américains. Autant dire que les mois à venir détermineront donc l'impact réel de cet accord sur les politiques nationales.
Sur le papier, l'accord historique de la COP28 représente un pas en avant potentiellement crucial, marquant la première mention explicite de l'abandon progressif de toutes les énergies fossiles dans un texte de COP. Mais les défis persistants et les déceptions soulignent la nécessité d'une action continue pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux fixés par la communauté internationale.
Source : Le Monde