Le rachat d'ABK par Microsoft fait d'Xbox un géant  © Microsoft/ABK
Le rachat d'ABK par Microsoft fait d'Xbox un géant © Microsoft/ABK

L'intégration d'Activision-Blizzard-King au sein de Microsoft se poursuit et, cette fois, c'est directement en haut de la pyramide que les choses bougent avec l'annonce du départ du très contesté Bobby Kotick.

On ne va pas vous refaire toute l'histoire. En janvier 2022, Microsoft annonce avoir trouvé un accord afin d'acquérir Activision Blizzard King, le colosse derrière lequel on retrouve Call of Duty, World of Warcraft ou encore Candy Crush. D'un montant de 68,7 milliards de dollars, l'opération aura mis 20 mois à être conclue, les régulateurs ayant tenté de bloquer le rachat ou exigeant des engagements très précis.

Pour beaucoup, la validation du rachat annonçait le départ de Bobby Kotick, PDG sulfureux au cœur de nombreux scandales liés à une culture d'entreprise toxique comprenant des accusations de harcèlement, du crunch, voire des agressions sexuelles.

Au revoir Bobby, bonjour Matt

Dans un communiqué suivant l'officialisation du rachat d'ABK par Microsoft, Bobby Kotick avait indiqué qu'il accompagnerait la transition et qu'il serait là au moins jusqu'à la fin de l'année. Dans un récent mail adressé à tous les salariés d'Activision Blizzard King, le PDG de 60 ans a officialisé son départ après 32 années de service. Dès le 29 décembre prochain, Bobby Kotick ne sera plus le patron de l'entreprise et le pouvoir passera à Matt Booty, qui supervise déjà les studios Bethesda (Starfield) mais également les Xbox Game Studios. Il sera épaulé par Jill Braff, qui devient responsable des studios Bethesda.

C'est donc à lui que rendront des comptes Tjodolf Sommestad, directeur de King, Rob Kotish (Activision) et Mike Ybarra, le président de Blizzard. De son côté, Matt Booty continuera d'être dirigé par Phil Spencer, grand manitou de la marque Xbox et du gaming en général chez Microsoft. D'après de savants calculs réalisés par Oscar Lemaire sur le site Ludostrie, Bobby Kotick ne partira pas les mains vides puisque la vente de ses actions à Microsoft devrait lui permettre d'ajouter environ 400 millions de dollars à son compte en banque, en plus des 727 millions perçus entre 2008 et 2022.

« Je ne saurai exprimer de manière adéquate la fierté que j'éprouve à l'égard des personnes qui continuent à contribuer à notre succès et de tous ceux qui m'ont aidé au cours des 32 années que j'ai passé à la tête de cette entreprise. […] Phil Spencer apprécie la magie d'ABK depuis des décennies. […] Il est passionné par nos jeux et par les personnes qui les créent. Son ambition est audacieuse. Alors que nous entamons un nouveau chapitre passionnant, vous ne pourriez pas être entre de meilleures mains », assure le futur ex-PDG, qui occulte savamment tous les déboires de l'entreprise ces deux dernières années et la syndicalisation en cours.

Très décrié depuis plusieurs années, Bobby Kotick passera la main dans quelques jours © Activision
Très décrié depuis plusieurs années, Bobby Kotick passera la main dans quelques jours © Activision

Réussites et scandales

Sous la supervision de Bobby Kotick, Activision est devenu un géant du jeu vidéo. En rachetant Blizzard en 2008 et King en 2015, il s'est retrouvé à la tête d'un empire qui génère plus de 8 milliards de dollars chaque année. Au-delà de l'aspect financier, ABK c'est des dizaines de licences parmi les plus puissantes du secteur. Pour racheter l'entreprise, Microsoft a dû trouver un accord avec PlayStation pour garantir que Call of Duty ne deviendra pas une exclusivité Xbox dans les dix prochaines années.

Mais depuis 2021, Activision-Blizzard-King c'est aussi plusieurs plaintes et des mouvements de grève. L'entreprise a été accusée de laisser croître une culture d'entreprise toxique et de couvrir les affaires. Bobby Kotick a également été directement visé. De 2022 à décembre 2023, ABK a payé 107,8 millions de dollars pour régler diverses plaintes pour discrimination et harcèlement sexuel.

L'accord le plus récent a été trouvé il y a quelques jours avec le Département des Droits Civiques de Californie. Il met fin à la plainte en cours avec un versement de 54,8 millions de dollars, dont 45,7 millions seront dédiés à un fonds de compensation. Notons enfin que plusieurs autres cadres d'ABK ont annoncé leur départ, parmi lesquels Lulu Mersevey, directrice de la communication. Quant aux syndicats créés avant le rachat, leur création a été validée, et ils devraient poursuivre leur travail sous la houlette de Microsoft, l'entreprise ayant assuré qu'elle les reconnaîtrait.

Source : The Verge