Le Canada est confronté à un problème majeur : le nombre de voitures volées ne cesse d'augmenter © Sadi-Santos / Shutterstock
Le Canada est confronté à un problème majeur : le nombre de voitures volées ne cesse d'augmenter © Sadi-Santos / Shutterstock

Le Flipper Zero peut reproduire en un instant le signal émis par une clé de véhicule. Mais, est-il une des causes de la recrudescence des vols de voitures au Canada ? Selon les autorités, oui.

Non, cet appareil n'est pas un Tamagotchi sous stéroïdes, bien que le dauphin qu'il arbore soit très mignon. Il s'agit en fait d'un outil polyvalent qui permet d'expérimenter les protocoles RFID, radio, NFC, infrarouge et Bluetooth, entre autres. De telles compétences en font également un outil de piratage impressionnant, qui peut aider à pénétrer dans une voiture à l'insu de son propriétaire, pour ne citer qu'un exemple.

Une raison suffisante pour le déclarer persona non grata, selon certains.

Un coupable tout désigné

Savez-vous combien de voitures sont déclarées volées chaque année au Canada ? Selon le gouvernement canadien, il y en a 90 000, soit un véhicule dérobé toutes les six minutes. Deux chiffres impressionnants qui témoignent d'une tendance à la hausse de cette activité criminelle depuis 2021.

Dans le collimateur des autorités figurent le Flipper Zero et d'autres appareils similaires. Le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique a ainsi récemment déclaré qu'il étudiait « toutes les options pour interdire les dispositifs utilisés pour voler des véhicules via la reproduction des signaux sans fil permettant le déverrouillage à distance ».

C'est bien cet appareil que le gouvernement canadien ne veut plus voir dans les rayons © Flipper Devices
C'est bien cet appareil que le gouvernement canadien ne veut plus voir dans les rayons © Flipper Devices

Une annonce appuyée par l'un de ses ministres, François-Philippe Champagne, à l'issue d'un sommet national sur la lutte contre le vol de voitures : « J’ai annoncé que nous interdisions l'importation, la vente & l'utilisation de dispositifs de piratage, comme les "flippers" ». La carrière du petit dauphin s'annonce donc compliquée chez nos amis canadiens, du moins si les politiques arrivent vraiment au bout du projet. Toutefois, est-ce bien justifié ?

Un outil de crochetage 2.0 ?

Pour Flipper Devices, l'entreprise américaine à l'origine du principal dispositif discriminé ici, le gouvernement canadien va un peu vite en besogne. « Nous vous serions reconnaissants de nous fournir des preuves de l'implication de Flipper Zero dans de telles activités criminelles », répond-elle au ministre canadien sur X.com (anciennement Twitter). « Nous n'avons connaissance d'aucun événement de ce type et, pour être franc, nous ne sommes pas sûrs du bien fondé de cette discussion. »

Dans le même temps, elle affirme qu'aucune voiture fabriquée après les années 90 peut facilement être volée grâce à son produit. En effet, Flipper Zero se contente de copier les signaux déjà émis par les clés. Or, la plupart des véhicules récents utilisent un système de code tournant, ce qui signifie qu'une telle technique de réémission est généralement un peu plus complexe à mettre en œuvre que pour les modèles plus anciens.

« Le Flipper Zero est destiné aux tests de sécurité et au développement et nous avons pris les précautions nécessaires pour garantir que l'appareil ne puisse pas être utilisé à de telles fins malveillantes », explique Flipper Devices.

Qu'elle ait raison ou tort, l'entreprise doit déjà faire face à quelques blocages ici et là. Alors qu'Amazon a arrêté la vente de l'appareil sur sa plateforme dans certains pays, les autorités brésiliennes ont interdit son import sur l'ensemble de son territoire depuis près d'un an. La rançon du succès, que voulez-vous.