Bon plan, coup de cœur, conseil, ou contenus sponsorisés, difficile de savoir ce que cachent les publications des influenceurs sur les réseaux sociaux. Et pour cause : 4 influenceurs sur 5 ne l'indiquent pas clairement.
576 créateurs de contenus sur les réseaux sociaux répartis sur 22 états membres, l'Islande et la Norvège ont fait l'objet d'une enquête publiée récemment par l'Union européenne. Résultat : si la quasi-totalité d'entre eux publie des contenus commerciaux, 4 sur 5 n'indiquait pas clairement qu'il s'agissait de contenus sponsorisés. Et ça, pour Bruxelles, très exigeante en matière de régulation, ça ne passe pas. À l'instar des influenceuses françaises Lenoutsa et Lianeanea épinglées par la DGCCRF en 2023 pour pratiques commerciales trompeuses, l'UE va enquêter sur 360 créateurs de contenus.
Traquer la fraude sur un marché qui génère 20 milliards d'euros dans le monde
L'UE, très tatillonne dès lors qu'il s'agit de la protection de ses consommateurs, a décidé de lancer un vaste coup de filet à travers 22 de ses états membres, mais également la Norvège et l'Islande. Dans son collimateur, 360 créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, choisis au terme d'une étude portant sur 576 influenceurs.
En cause, le flou autour des publications mettant en avant certains produits ou services. Un bon plan, un super placement financier, une excellente adresse pour déjeuner ou encore le meilleur anti-ride, des publications que 97 % des influenceurs ont publiées sans mentionner clairement qu'il s'agissait en fait de contenus sponsorisés. En clair, des pubs déguisées au cœur d'un marché qui génère tout de même 20 milliards d'euros à travers le monde en 2023.
Autre coup de canif dans le contrat, à peine plus d'un tiers des influenceurs visés étaient enregistrés en tant que professionnels quand 30 % faisaient l'impasse sur la publication des coordonnées de leur entreprise. Il n'en fallait pas plus pour Bruxelles pour déclencher une enquête plus approfondie sur ceux qui risquent désormais de lourdes sanctions.
Et le commissaire européen à la justice, Didier Reynders, prévient : « Ils [N.D.L.R : les influenceurs] exercent une influence considérable sur leurs abonnés, dont beaucoup sont mineurs. Je les appelle à faire preuve de beaucoup plus de transparence ».
Dénoncer des publications qui mettent les abonnés en danger
Mais l'enquête ne s'arrête pas seulement aux pratiques douteuses, la nature des produits vantés est également mise en cause. C'est ainsi que l'enquête a mis à jour 119 influenceurs qui faisaient de la publicité déguisée pour de la malbouffe, mais également des boissons alcoolisées, des placements financiers hasardeux, de la crypto douteuse, des jeux d'argent, ou pire encore, des traitements par chirurgie esthétique ou le nucléaire. La Commission en charge de l'enquête dénonce ces publications, les qualifiant d'« activités malsaines ou dangereuses ».
L'AFP a par ailleurs mis à jour un document de travail de l'UE dans lequel il leur est vivement conseillé de siffler la fin de la récré et « d'envisager un code éthique ou un label éthique pour les influenceurs » en commun.
La France semble tirer son épingle du jeu grâce aux actions communes de plaignants et de la DGCCRF qui offre un cadre de régulation. Désormais, les 150 000 influenceurs domiciliés dans l'Hexagone doivent de plier aux règles avec l'adoption en 2023 d'une proposition de loi visant à mieux encadrer les activités des influenceurs en leur conférant un statut particulier. Entre autre mesure, il y a l'interdiction de vanter quelque produit pouvant nuire à la santé de leurs abonnés. Et pour les petits malins dont les activités sont domiciliées à l'étranger, les vingt-sept les informent que désormais, même installés à Dubaï, ils devront se référer aux normes françaises, notamment en matière de responsabilité civile, en cas de litige.
Faire le ménage et réguler efficacement Internet, c'est l'objectif que s'est fixé l'UE, dont la législation sur les services numériques (DSA) entre en vigueur le 17 février 2024. Et c'est valable pour toutes les plateformes. À bon entendeur, les amendes pleuvront.
Source: Le Figaro