Surendettés à hauteur de 60 milliards d'euros, Altice (SFR) et Patrick Drahi cèdent certains actifs en Europe. Xavier Niel, qui cherche à faire des acquisitions, compte bien en profiter.
S'il est le deuxième opérateur télécom français en nombre de clients, SFR, ou plutôt sa maison-mère Altice, est bien malgré elle au centre de l'actualité business depuis plusieurs années. Les acquisitions XXL des années passées, symbolisées par SFR, Numericable ou Portugal Telecom, ont contribué à endetter le groupe de l'homme d'affaires Patrick Drahi à hauteur de 60 milliards d'euros aujourd'hui. Alors qu'il est à la recherche de liquidités, ce dernier pourrait faire les affaires d'un certain Xavier Niel, le propriétaire d'Iliad et de Free.
Free flaire les acquisitions potentielles, en France et ailleurs, pour étendre son empire
Ces derniers jours, les remous autour de La Poste Mobile ont fait resurgir le spectre de la dette du groupe Altice. Le topo est simple : La Poste, qui possède 51 % des parts de son petit opérateur virtuel, veut s'en débarrasser. SFR possède les 49 % restants, avec certains droits (veto, offre prioritaire de rachat et préemption).
Problème : SFR ne veut pas racheter ce qu'il reste de La Poste Mobile, et préfèrerait vendre sa part. Cela tombe bien, Orange, Bouygues Telecom et… Free ont déposé des offres fermes. Xavier Niel veut récupérer les 2 millions de clients de La Poste Mobile. Mais les liens potentiels entre le papa de Free et Patrick Drahi pourraient être plus profonds.
On sait Xavier Niel friand d'acquisitions, pour tout un tas de raisons, comme celle consistant à devenir un opérateur télécom majeur du Vieux continent. Et cela fonctionne plutôt bien. Iliad Italia est une réussite, et le groupe est très présent en Pologne, au Maroc, en Suisse et à Monaco, qui lui sert de laboratoire et où il a pignon sur rue. En comptant ses 22,1 millions d'abonnés dans l'Hexagone, Iliad en totalise 48 millions à l'échelle planétaire. Xavier Niel a tout compris et ne veut pas s'arrêter là.
Xavier Niel veut s'emparer du premier opérateur télécom portugais, propriété de… Patrick Drahi et SFR
Sans doute vexé d'avoir vu Vodafone lui refermer la porte au nez en Italie alors qu'Iliad espérait une fusion et la création d'un concurrent majeur au leader local, l'opérateur TIM, Xavier Niel a récemment jeté son dévolu sur un opérateur dont Patrick Drahi est le propriétaire : MEO, ex-Portugal Telecom, dont nous vous parlions un peu plus haut.
Altice n'en veut plus. On sait désormais que trois acteurs sont sur les rangs pour récupérer le premier opérateur télécom portugais : le fonds d'investissement américain Warburg Pincus, STC (Saudi Telecom Company), sérieux concurrent au demeurant, et… Iliad, oui !
Seul candidat européen en lice, l'opérateur de Xavier Niel, maison-mère de Free, s'intéresse fortement à MEO, dont la vente est plutôt bien engagée. Mais au Portugal, Iliad, dont la trésorerie est plus que solide, doit toutefois composer avec Saudi Telecom Company, qui a déjà récupéré 10 % des parts du mastodonte Telefonica chez le voisin espagnol. Patrick Drahi privilégiera-t-il une stratégie franco-française ? À Xavier Niel de le convaincre.
