OpenAI, éditeur de ChatGPT, vient de conclure un partenariat avec Le Monde. Tandis que les utilisateurs de l'agent conversationnel pourront bénéficier de contenu issu du quotidien dans les réponses, la start-up va également l'exploiter pour former ses grands modèles de langage (LLM).
Pour entraîner leurs LLM, les entreprises ont en effet recours à d'immenses quantités de texte disponibles sur Internet, qu'elles soient soumises au droit d'auteur ou non. Cette pratique n'est pas sans conséquence, OpenAI devant faire face à d'importantes plaintes pour violation de propriété intellectuelle, de la part d'auteurs, mais également de médias comme le New York Times. L'entreprise a donc décidé d'adopter une approche différente en passant des accords financiers avec les fournisseurs de contenu, à l'instar du Monde et du groupe espagnol Prisa Media. Ce dernier compte notamment le célèbre quotidien El País dans son portfolio.
Un « pas décisif vers l'avenir de l'information »
« Au cours des prochains mois, les utilisateurs de ChatGPT pourront interagir avec les contenus d'actualité pertinents de ces éditeurs par le biais de résumés sélectionnés avec attribution et liens améliorés vers les articles originaux, donnant aux utilisateurs la possibilité d'accéder à des informations supplémentaires ou à des articles connexes à partir de leurs sites d'actualité », annonce OpenAI.
Ainsi, ChatGPT indiquera lorsque le contenu qu'il génère proviendra du Monde. « Notre partenariat avec OpenAI est une démarche stratégique visant à garantir la diffusion d'informations fiables aux utilisateurs de l'IA, tout en préservant notre intégrité journalistique et nos sources de revenus », commente Louis Dreyfus, président du quotidien français.
Pour sa part, Carlos Nuñez, président-directeur général de Prisa Media, indique que cette collaboration marque « un pas décisif vers l'avenir de l'information, où la technologie et l'expertise humaine fusionnent pour enrichir l'expérience du lecteur ».
La nouvelle norme ?
De plus en plus de médias établissent de tels partenariats avec les géants de l'IA. L'année dernière, l'éditeur de presse Axel Springer et l'agence Associated Press ont également signé des accords avec OpenAI pour explorer l'utilisation de l'IA générative dans le domaine de l'information.
Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, estiment que leur démarche va ouvrir une nouvelle voie pour les médias, car les autres fournisseurs d'IA ne pourront plus se permettre « d'esquiver ou de refuser toute négociation » avec des organes de presse. L'entrée en vigueur prochaine de l'AI Act devrait en outre voir émerger davantage d'opérations similaires, le texte obligeant les fournisseurs à indiquer d'où provient le contenu généré.
10 octobre 2024 à 16h55