Ruwiki, l'équivalent russe de Wikipédia, n'est plus. La Russie l'a rebaptisé Ruviki en conservant sensiblement la même URL, mais en réécrivant son histoire à base d'articles pro-russes.
Toujours plus chez les Russes. Même si la nation de Vladimir Poutine n'est pas étrangère à la désinformation, notamment en période électorale américaine, ni à l'ingérence, personne ne s'attendait à ce que la Russie s'empare d'un colosse d'Internet comme Wikipédia.
Ce sont nos confrères de 404 Media qui l'ont révélé. Non seulement la version russe de Wikipédia, Ruwiki, créée en janvier 2024, a été « clonée », mais en plus de cela, elle a par la suite été bannie pour être remplacée par Ruviki. Une petite lettre change. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour la Russie, ça veut dire beaucoup. Ruviki, entre censure et propagande, réécrit l'histoire de la Russie.
Ruviki, entre censure et propagande
Dire que Ruviki est la version étatique de Wikipédia en Russie est un doux euphémisme. Elle ne représente ni plus ni moins qu'une forme de censure numérique en modifiant et en omettant des informations présentes dans Ruwiki, la version originale de Wikipédia en russe. Cette censure se fait principalement par l'exclusion de contenus qui pourraient être perçus comme critiques ou défavorables au gouvernement russe.
Par exemple, les mentions d'« agents étrangers », une désignation gouvernementale pour ceux qui expriment des opinions sur le gouvernement avec un soutien extérieur, sont systématiquement retirées. Des figures de l'opposition comme Alexeï Navalny, décédé en prison, et des organisations comme Memorial, consacrées à la mémoire des victimes du régime soviétique, sont soit complètement omises, soit présentées sous un jour négatif.
Ruviki a également été critiqué à cause du soutien des médias pro-gouvernementaux qu'il reçoit. Ces derniers le considèrent comme le début d'une encyclopédie pro-russe qui remplacerait Ruwiki. Les articles de Ruviki sur des sujets comme la liberté d'expression, les droits de l'Homme, les prisonniers politiques et la censure en Russie ont subi d'importantes modifications.
404 Media met en avant la comparaison troublante avec le livre 1984, du visionnaire George Orwell, en ironisant sur le fait que Ruviki a retiré de son article à propos de l'ouvrage le ministère de la Vérité, un élément central du roman qui symbolise la manipulation de la vérité par le gouvernement.
La guerre en Ukraine largement revisitée par Ruviki
Le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine depuis 2022 n'a pas non plus échappé au ravalement de façade de Ruwiki en Ruviki. Car ce ne sont pas moins de 2 millions d'articles de l'ancienne version de l'encyclopédie que Vladimir Medeyko, ex-patron de Wikimedia en Russie et désormais chef suprême de Ruviki, a « clonés » et filtrés pour les adapter aux standards de fiabilité exigés par les utilisateurs en Russie.
Pourtant, selon le média indépendant Bumaga, il apparaît que près de 110 articles concernant le conflit ukrainien ont disparu de Ruviki. En plus de ces « omissions », certains contenus ont subi un petit lifting, comme le changement de titre de l'article « Invasion russe de l'Ukraine » en « Opérations militaires en Ukraine (en 2022) ». L'objectif est ici de justifier l'attaque de l'Ukraine par la Russie dans l'unique but de protéger la sécurité nationale russe et « pour la démilitarisation de l'Ukraine », d'après les mots du président Vladimir Poutine dès l'introduction.
- L'immensité du contenu proposé
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Source : 404 Media