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La première Ariane 6 en route pour la Guyane, Arianespace prépare une année charnière

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
07 janvier 2022 à 17h20
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L'étage central d'Ariane 6 dédié aux essais combinés. Crédits : ArianeGroup/PepperBox-Julien Hazemann
L'étage central d'Ariane 6 dédié aux essais combinés. Crédits : ArianeGroup/PepperBox-Julien Hazemann

Deux étages d'Ariane 6 arriveront ce mois-ci au Centre Spatial guyanais, pour former une fois assemblés la première Ariane 6, qui sera dédiée aux essais combinés. En attendant le vol inaugural, Arianespace va opérer ses trois autres lanceurs lors de campagnes étalées sur toute l'année.

Les nouveaux contrats viennent supporter les cadences futures.

Arianespace, opérateur solide !

Huit satellites Galileo répartis sur trois lancements d'Ariane 6 et un Soyouz, ainsi que deux satellites légers de l'Agence Spatiale italienne à envoyer avec Vega et Vega C. Voici les nouveaux contrats majeurs dévoilés hier par Arianespace lors des traditionnels « vœux à la presse », animés par le P.-D.G. de l'entreprise basée à Évry, Stéphane Israël.

Des satellites institutionnels, au service d'agences étatiques ou de l'Union européenne, qui représentent une part croissante du carnet de commandes d'Arianespace aujourd'hui, même si l'opérateur revendique le plus grand nombre de charges utiles commerciales envoyées en 2021 (son adversaire SpaceX a principalement envoyé ses propres satellites et des charges utiles du gouvernement américain).

L'opérateur européen vend les décollages de Soyouz (en Guyane, mais pas seulement), du petit lanceur Vega, de Vega C et bien sûr d'Ariane. Et la dynamique actuelle, qui suit le décollage réussi du télescope James Webb, est encourageante. Le carnet de commandes atteint actuellement 36 lancements pour 2022 et les années à venir !

Ce décollage-ci restera dans les mémoires, et c'est tant mieux pour Ariane 5. Crédits : NASA/C. Gunn
Ce décollage-ci restera dans les mémoires, et c'est tant mieux pour Ariane 5. Crédits : NASA/C. Gunn

2022 s'annonce sinueuse

Arianespace attend une année chargée en termes de lancements, après 15 tirs en 2021 (dont une majorité menée en Russie pour le compte de son client privé principal, la constellation OneWeb). En étant optimiste, l'entreprise espère même jusqu'à 17 tirs en 2022… Un chiffre qui ne sera probablement pas atteint, la faute à d'inévitables retards sur certaines campagnes emblématiques, en particulier au Centre Spatial guyanais.

Sur place, les équipes s'affairent actuellement aux deux premiers décollages de Soyouz, une fois de plus pour OneWeb, ainsi que pour une paire de satellites Galileo. Du « déjà vu » ? Aucune campagne ne ressemble exactement à une autre… Surtout, il y a des transitions en vue cette année. Celle qui va mener au décollage inaugural de Vega C, prévu en mai (pour l'instant) est importante. Pourtant, pour une part importante du public, c'est le passage d'Ariane 5 à 6 qui reste le jalon le plus attendu.

Il ne reste en effet « que » cinq tirs d'Ariane 5, dont quatre sont officiellement prévus cette année. Le départ à la retraite du lanceur emblématique est prévu après un dernier tir en apothéose au service de l'Agence Spatiale européenne en 2023, pour envoyer la sonde JUICE vers les lunes glacées de Jupiter. Mais Ariane 6 sera-t-elle en service d'ici là ? Stéphane Israël et Arianespace affirment que le vol est toujours prévu cette année, au second semestre. Malgré tout, le programme sera chargé pour y parvenir. Il reste en effet la grande campagne des essais combinés, la « répétition générale » pour Ariane 6 et son site de lancement… avant de pouvoir passer au tir inaugural.

En route pour les essais combinés

Pour les essais combinés, il fallait une première Ariane 6 « complète » en Guyane, et ce sera bientôt chose faite, puisqu'un premier et un deuxième étage sont actuellement en bateau en direction du site pour être assemblés à l'horizontale. Une première pour un lanceur européen.

Une fois sorti du BAL (bâtiment d'assemblage lanceur), le corps central sera verticalisé sous son nouveau portique, puis on lui attachera quatre boosters (factices, mais représentatifs pour la campagne d'essais combinés) et une coiffe pour simuler un assemblage complet. Après quoi, une suite de cinq mises à feu est attendue.

Le programme vise le printemps, mais l'ensemble complet lié aux essais combinés pourrait atteindre, voire dépasser les six mois s'il reste des ajustements à faire sur les étages avant leur assemblage une fois au Centre Spatial guyanais. C'était le cas en 2021 avec l'étage supérieur d'Ariane 6 parti pour ses essais en Allemagne à Lampoldshausen fin janvier. Onze mois après son départ, l'essai principal de mise à feu n'a pas encore eu lieu… mais il est attendu dans les semaines à venir.

Un maximum d'essais de compatibilité et de validation du matériel ont été menés avec des maquettes structurelles. Crédits : CNES
Un maximum d'essais de compatibilité et de validation du matériel ont été menés avec des maquettes structurelles. Crédits : CNES

D'autres travaux au CSG

Quoi qu'il arrive, les équipes guyanaises auront fort à faire cette année, d'autant qu'il s'agit en plus de préparer l'arrivée de futurs acteurs avec les petits lanceurs (le démonstrateur Callisto, dont le développement ne fait plus l'objet de communications, mais aussi son cousin Themis à partir de 2025).

Les travaux menés par Eiffage, et supervisés par le CNES, sur l'ancien site de lancement des fusées Diamant devraient en faire une base « multi-usages ». De belles perspectives !

Après les années 60 qui ont vu la France devenir la troisième puissance spatiale, puis la décennie 1970 marquée par la difficile consolidation de l’industrie spatiale européenne, l’ESA a réussi à s'imposer comme un acteur commercial sérieux grâce aux fusées Ariane 3 et Ariane 2. Mais avant même qu’Ariane 1 ne fasse son premier vol, l’Agence spatiale européenne avait prévu de concurrencer la nouvelle navette spatiale européenne avec un lanceur lourd et modulaire : Ariane 4.
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Source : Arianespace

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)

twopheek
Ariane 6 a été conçue pour survivre au monde pré-SpaceX. Ca une belle fusée pour envoyer des vols institutionnels ou militaires lourds, mais je ne vois pas trop comment ils peuvent faire face au falconX deux fois moins cher. Il faudrait qu’Ariane commence à réfléchir à une Ariane 6E qui puisse être plus légère et avec une plus grande reutilisabilite
ebottlaender
Non, Ariane 6 a été conçue pour répondre à Falcon 9 telle qu’elle était en 2014. Bonne nouvelle, SpaceX depuis fait plus de marges mais n’a pas baissé ses prix, Ariane 6 est donc dans la même gamme (voir dessous, pour les vols institutionnels, ce qui est dommage puisqu’ils ne sont pas en appel d’offre internationaux).<br /> «&nbsp;falconX&nbsp;»… ?<br /> Comme écrit dans l’article, le carnet de commande actuel d’Arianespace leur permet de se positionner sans problème pour les prochaines années (11 tirs Ariane 6 bookés) le temps de monter en puissance. Après bien entendu, il faut qu’ils soient à l’heure et que le lanceur fonctionne aussi bien que prévu…
benben99
Trop peu, trop tard.<br /> Technologiquement et en termes de coût cela est dépassé par SpaceX et compagnie.
ebottlaender
Je reste effaré par votre capacité à ne pas lire l’article mais à commenter quand même.
orionb1
ça fait plaisir d’être toujours au top, la fiabilité d’Ariane roule pour elle<br /> c’est aussi pour ça que je comprends qu’on prenne son temps et qu’on teste bien correctement avant de lancer Ariane6. Une fusée SpaxeX qui explose n’étonne personne mais pour Ariane, c’est désastreux à chaque fois que ça arrive.
Kahn-San
c’est pour cette grande fiabilité que la NASA a choisi Ariane pour le lancement de James Webb
benben99
Excusez moi de commenter votre article, et de ne pas satisfaire vos critères de qualité
ebottlaender
La fiabilité de SpaceX avec Falcon 9 a dépassé celle d’Ariane 5, (plus de 100 tirs d’affilée réussis), il est donc faux d’écrire «&nbsp;une fusée SpaceX qui explose n’étonne personne&nbsp;». Au contraire, ils opèrent ce qui est probablement le lanceur le plus fiable au monde.
orionb1
Je mets peut-être abusivement le starship comme une fusée ?
julla0
Oui mais puisqu’il te dit qu’en Chine c’est mieux.<br /> Ah non, il ne l’a pas dit? Tkt, ca va venir!
tfpsly
Le choix d’Ariane a probablement été fait il y a des années, avant que SpaceX ne soit au niveau. Et il y a aussi la taille de la coiffe qui semble plus limitante chez SpaceX.
ebottlaender
Ah pour le coup, oui <br /> Ce projet là en est encore loin dans son stade de développement, les explosions sont donc effectivement attendues !
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