Pour la 6ème année, les Assises du très haut débit étaient organisées ce lundi afin de dresser un état des lieux du déploiement de la fibre optique sur le territoire français. Si la chose semble être entendue dans les principales agglomérations (zones denses), la question des zones moyennement denses reste encore d'actualité.
En effet, le déploiement et le raccordement au très haut débit nécessite des investissements financiers plus conséquents pour les opérateurs, les collectivités locales sont ainsi poussées à lancer leurs propres initiatives et à accompagner le financement de ces projets. Le sénateur de la Moselle Philipe Leroy (UMP) salue ces initiatives mais souhaite que l'Etat s'investisse d'avantage dans cette redistribution des cartes des Télécoms.
L'élu explique : « l'Etat doit accepter de reprendre son rôle de pilote dans une politique de dépliement qui doit être nationale même si, il faut bien le reconnaitre, aucun ministre de ce gouvernement comme du précédent ne se sent à l'aise sur ce sujet ». Il poursuit, « l'Arcep n'est pas l'Etat mais un démembrement de l'Etat. Il n'est donc pas le fil directeur du développement du très haut débit et des réseaux d'initiative publique (RIP) ».
En ce sens, Philipe Leroy réaffirme qu'il soutiendra la proposition de loi du sénateur Maurey visant notamment à sanctionner les opérateurs en cas de non-respect de leurs engagements en matière de couverture du territoire. Il milite ainsi pour qu'un nouveau partenariat public/privé soit mis sur pied pour favoriser les investissements dans le très haut débit. « Le mur d'investissement est celui derrière lequel s'abritent ceux qui ne veulent pas que le sujet progresse », précise-t-il.
Appel de Valence. Message entendu ?
Sans l'évoquer, le sénateur Leroy semble avoir entendu les préoccupations des professionnels du secteur. Ces derniers ont lancé le 3 juillet dernier une missive à l'attention des élus. Cet « Appel de Valence » (.pdf) rappelle qu'à ce jour, « avec 140 000 prises FTTH au 3e trimestre 2011, 125 000 au 4e trimestre, 105 000 au 1er trimestre 2012, les opérateurs réduisent leurs investissements. Un déploiement conforme aux engagements des opérateurs (zone très denses, zone AMII) nécessiterait 7 fois plus d'investissement qu'actuellement, soit trois millions de prises par an ».
En outre, les industriels, installateurs, consultants, collectivités et opérateurs ajoutent que « l'annonce de la commercialisation en 2013 du VDSL2 - et donc de la poursuite de la pérennisation du réseau téléphonique filaire en cuivre - conforte l'idée que les opérateurs retardent le FTTH au profit de la rente du cuivre ».
Même s'il n'est pas certain que les opérateurs abandonnent rapidement leurs réseaux cuivre (utilisés pour acheminer l'ADSL), certains élus souhaitent clairement que ces derniers soient fiscalement poussés à changer leur fusil d'épaule. Ainsi, le cuivre financerait le développement de la fibre...
Reste à savoir si les souhaits des professionnels (et des consommateurs seront rapidement entendus). En attendant, Jean-Michel Soulier, le président de Covage (société gestionnaires des contrats de service public pour le compte des collectivités locales) annonce que plusieurs organismes d'Etat (DATAR et DGIS) dresseront prochainement une étude portant sur les besoins de financements publics et établiront à cette occasion une nouvelle carte de déploiement de la fibre en France.