Steam Deck, ROG Ally, Win 4… Ces différentes machines ont toutes en commun d’être des consoles portables "autonomes" comme au bon vieux temps des Gameboy et autres Game Gear. Logitech a emprunté une voie différente et, comme son nom l’indique, la G Cloud est toute entière tournée vers le cloud gaming. Pour jouer différemment et moins cher ?
- Joli design, mais un aspect jouet
- Un bel écran, bien calibré
- Légère, confortable, autonome
- Interface logicielle réussie
- Le jeu en streaming efficace
- Prix élevé, abonnements en plus
- Dépendance totale au WiFi
- Performances Android justes
- Encore quelques bugs
- Mieux qu'un pad smartphone ?
Fiche technique Logitech G Cloud
De jolies finitions, mais un petit côté « jouet »
Niché au creux d’une boîte très compacte, la G Cloud est, au premier coup d’œil, une machine très proche du Steam Deck. Très proche, mais presque entièrement blanche, un peu plus compacte et beaucoup plus légère. Nous n’en voudrons pas à Logitech de « copier » ainsi le design de Valve qui n’a d’ailleurs pas été le premier à proposer un produit sous cette forme. Les plus anciens se souviendront avec une pointe de nostalgie de l’Atari Lynx.
Liseré noir et inserts jaunes : quelques touches de « jeunesse » ? © Nerces pour Clubic
La bête arbore donc un bel écran 7 pouces autour duquel sont disposées toutes les commandes. Notons que Logitech adopte un format « Xbox » avec mini-sticks asymétriques. Notons aussi tout de suite qu’aucune palette n'a été placée au dos de la machine – dommage – alors que les inévitables L1/R1 et L2/R2 sont présents sur la tranche. Une tranche qui adopte un liseré noir lequel fait écho aux bordures de l’écran.
En effet, cette dalle IPS n’occupe pas toute la surface possible et d’épaisses bordures sautent aux yeux dès lors que la machine est allumée. De plus, sans que l’on ne sache trop pourquoi, Logitech a intégré une troisième couleur : de petites touches de jaunes sont là, sur l’axe des sticks et sur le bouton à tout faire « G ». Cet étrange mariage des couleurs et les larges bordures battent en brèche l’élégance d’un produit qui, d’un coup, fait davantage jouet.
Comparaisons de taille avec le Steam Deck de Valve © Nerces pour Clubic
À la prise en main, le côté jouet est renforcé par deux aspects. D’abord, le toucher des plastiques, mais on s’y fait en réalité très rapidement. Ensuite, par le poids de la G Cloud, à peine plus de 450 g. Quel changement pour quiconque est habitué aux 669 g du Steam Deck. Forcément, on ne la prend pas au sérieux cette G Cloud toute légère avec ses allures de jouet. C’est que nous voulons du lourd, du solide, PC master race quoi !
Ergonomie, confort, autonomie : ça coche des cases !
Plaisanterie mise à part et surprise du premier contact passée, le format de la G Cloud plaide en réalité en sa faveur. Immédiatement, la position des mains est naturelle. Si la largeur de la bête rend la chose moins confortable qu’avec une manette, on est loin du côté presque handicapant d’un Steam Deck. Qu’il soit question de courtes ou de longues sessions de jeu, la fatigue se fera bien moins sentir que sur n’importe quelle autre console de ce type.
Croix imparaite, boutons un peu durs : les contrôles restent convaincants © Nerces pour Clubic
Côté ergonomie, Logitech a d’ailleurs plutôt bien fait le job en proposant une petite interface très complète de personnalisation des contrôles. Il s’agit bien sûr de permettre de réallouer les boutons, mais aussi d’ajuster la sensibilité des sticks et de jouer sur les zones mortes de ces mêmes sticks, comme des gâchettes. Difficile de faire plus complet et pour que tout cela reste simple d’accès, c’est l’interface d’Android elle-même qui a été revue.
Le personnalisation des commandes est assez complète © Nerces pour Clubic
Nous ne l’avons pas encore dit, mais la G Cloud est une « bête » machine Android. En ce sens, elle se rapproche d’un smartphone auquel aurait été greffé une manette, mais retirée l’option téléphonie : impossible d’y glisser une carte SIM. Puisque nous parlons de carte, profitons-en pour indiquer qu’un lecteur de microSD est de la partie. Il est là pour compléter un espace de stockage de seulement 64 Go, comme sur smartphone.
Ouverte puis fermée, la trappe d'accès l'indispensable micro-SD © Nerces pour Clubic
Toujours comme sur smartphone, l’autonomie est un point clé pour la G Cloud et avec sa batterie de 6 000 mAh, Logitech a bien fait les choses. En effet, on peut estimer son autonomie à dix/douze heures dès lors que l’on se focalise sur le cloud gaming. Sur un tel usage, il faut savoir que les entrailles de la bête ne sont que partiellement mises à contribution : faire tourner Diablo Immortal sur le Snapdragon 720 de la G Cloud la draine plus rapidement.
Une interface simplifiée à l’extrême
En retirant l'option carte SIM, Logitech confirme l’orientation de sa G Cloud. Elle est pour le jeu, encore le jeu et rien que le jeu. Attention, pas n’importe quel jeu et là encore, le nom de la bête met sur la voie : du cloud gaming. Pour ce faire, Logitech se repose sur deux plateformes clés, le Xbox Cloud Gaming de Microsoft et le GeForce NOW de NVIDIA. Les deux services disposent d’ailleurs d’une application préinstallée.
Mode « portatif » (à gauche) et mode « tablette » (à droite) © Nerces pour Clubic
Nous l’avons dit, la G Cloud est une machine Android et elle se rapproche donc d’un smartphone. Un regret puisque Logitech la commercialise avec Android 11 et si la société assure que « le suivi logiciel sera exemplaire », aucune mise à jour Android 12 n’existe actuellement. De plus, par rapport aux smartphones, Logitech a imaginé une surcouche logicielle pour rendre les choses plus intuitives. On se rapproche de Nintendo et sa Switch.
La sobriété du mode « portatif » souligne l'aspect console de jeux © Nerces pour Clubic
Certains préféreront l’interface classique d’Android et Logitech permet de l’afficher via le mode dit « tablette ». Là, tout fonctionne comme sur n’importe quel Android. Reconnaissons toutefois un faible pour le mode dit « portatif », plus logique sur un tel périphérique. Logitech y a d’ailleurs supprimé tout multitâches afin de maintenir les performances et l'autonomie de la console : au lancement d’une app, la précédente est automatiquement fermée.
Qu’est-ce que ça dit côté performances ?
L’objectif de la G Cloud n’est pas de concurrencer un smartphone en usage polyvalent avec de la bureautique ou de la retouche photo. Pour autant, en particulier au travers de l’interface « tablette », un tel usage reste possible et il est aussi possible d’adjoindre un clavier et/ou une souris à la G Cloud via le Bluetooth. Nous avons donc voulu voir ce que la bête a dans le ventre avec une série de benchmarks assez classiques.
Geekbench 6
Performances relevées sur Geekbench 6 © Nerces pour Clubic
Geekbench 6 confirme que le Snapdragon 720G n’est pas un monstre et nos 757 points en single core font pâle figure à côté des 1850 points du Samsung Galaxy S23. Les résultats sont pires sur le multi core avec 1822 points, à peine mieux que le Samsung Galaxy A22 (1780 points). Les tests graphiques sont à l’avenant avec, plus gênant encore, un problème pour achever le test Vulkan.
3DMark
Performances sur Sling Shot et Wild Life, deux scènes 3DMark © Nerces pour Clubic
Le passage à 3DMark n’offre guère plus d’occasions de briller à ce vieillissant Snapdragon 720 dont la partie graphique est clairement en retrait. La scène Wild Life s’appuie sur Vulkan tandis que Sling Shot se repose sur OpenGL ES 3.0. Dans les deux cas, notre G Cloud est loin, très loin de ce qui se fait même sur des smartphones à moins de 250 euros.
PCMark
Performances relevées sur PCMark, puis comparées à la base © Nerces pour Clubic
Faire un tour sur PCMark est l’occasion d’une surprise. Compte tenu de son objectif jeu vidéo, la G Cloud ne se destine pas un usage bureautique, clé de voute de PCMark. Pourtant, c’est là que les performances sont les moins mauvaises au regard de ce que produit la concurrence. Ça ne bouleversera pas nos conclusions, mais c’est amusant.
Disk Speed Test
Enfin, la partie storage de PCMark est complété par un rapide test de débits pour les 64 Go de stockage préinstallés. En lecture séquentielle, Disk Speed Test retourne un bon 796 Mo/s et encore 281 Mo/s en écriture séquentielle. Rien de renversant, mais suffisant pour que la console ne nous fasse pas poireauter au moindre lancement.
Inutile de s’éterniser, le Snapdragon 720G n’est plus considéré comme une bête de course depuis bien longtemps… s’il ne l'a jamais été. Hélas, Logitech donne l'impression d'hésiter. D'un côté, son SoC n'est pas suffisant pour du très gros jeu Android – Diablo Immortal est sa limite – de l’autre, il est bien trop costaud pour un usage de streaming pur. Logitech n’aurait-elle pas été inspirée d'opter pour une puce moins puissante et… moins onéreuse ?
Et le jeu vidéo dans tout ça ?
Vous avez raison, la G Cloud est une machine de jeu et c’est à peine si nous avons mentionné deux titres. Notez que pour profiter au mieux des capacités cloud gaming de la console, vous aurez besoin d’abonnements au GeForce NOW et/ou au Xbox Game Pass. Sachant que le premier implique de posséder les jeux sur son compte donc, de les avoir préalablement achetés, la somme totale peut rapidement grimper.
L’une ou l’autre de ces applications se lance le plus simplement du monde depuis l’interface de la G Cloud. Logitech a pris soin de les installer par défaut. Ce qui est chouette sur ces plateformes, c’est que l’accès aux jeux est presque instantané avec des temps de chargement très réduits. La qualité de service dépend, elle, de votre connexion. Avec la fibre, vous ne rencontrez aucun problème, mais même en ADSL, ça tourne plutôt bien.
Sur GeForce NOW, il faut posséder les jeux en plus de l'abonnement © Nerces pour Clubic
Les commandes de la G Cloud sont très honnêtes, même si les sticks font l’impasse sur l’effet Hall que l’on retrouve sur la GPD Win 4 par exemple, pour plus de précision et une meilleure durée de vie de ces sticks (pas de drift). Les boutons sont honnêtes, mais les gâchettes peut être un peu molles. La croix directionnelle offre un bilan convenable : on trouve bien les diagonales et ça n’accroche jamais, mais nous aurions aimé quelque chose d’un peu plus « dur » au toucher.
Android oblige, la G Cloud s’utilise aussi en tactile et il est tout à fait possible de basculer d’un type de contrôles à l’autre, voire de les utiliser de concert. Moins positifs en revanche et Logitech n’y est sans doute pas pour grand-chose, mais nous avons rencontré quelques couacs comme des jeux qui restaient figés sur l’écran de chargement. De manière générale, la qualité de service de GeForce NOW ou du Xbox Game Pass reste remarquable.
À côté du cloud, on peut streamer le contenu d’une autre machine. Logitech préinstalle Steam Link pour diffuser depuis son PC et PS App fait de même sur PS4/PS5. Hélas, chez Sony, on ne peut utiliser les commandes de la G Cloud : il faut user du tactile ou d’un pad ! Remarquez, Steam Link connaît aussi ses limites. Configurés pour votre écran 3440 x 1440, vos jeux auront droit à de merveilleuses et imposantes bandes noires sur la machine Logitech !
La partie jeu vidéo ne saurait être complète sans un commentaire sur le jeu Android : il faut bien que le Snapdragon 720G se rende utile. Nous n’avons pas multiplié les tests, car le confort observé sur le jeu GeForce NOW/Xbox Game Pass se retrouve ici à l’identique. Diablo Immortal est un vrai plaisir de joueur, même si l’animation accroche parfois : rien de méchant, mais le CPU/GPU de Qualcomm peut tirer la langue face à certaines marées de créatures.
Si Diablo Immortal est jouable, Zoo Keeper DX nous fait tourner la tête © Nerces pour Clubic
Plus gênant, l’orientation même de la machine de Logitech pose quelques problèmes. Ainsi, sur un jeu comme Zoo Keeper DX, l’écran reste en mode portrait et il faut tourner la console pour jouer avec ce que cela suppose de gêne du fait des commandes physiques. Logitech n’est pas responsable des manquements de studios qui n’ont pas envisagé les deux orientations. Cela dit, le défaut est réel et il ne nous était pas possible de faire l’impasse.
Le potentiel émulation de la G Cloud est impressionnant © Nerces pour Clubic
Impossible non plus de faire l’impasse sur l’émulation. Là encore, nous ne multiplierons pas les exemples, mais la G Cloud se prête merveilleusement à l’émulation avec toutefois deux réserves. La première est liée à Android, pas aussi richement doté que Windows, mais les choses progressent. La seconde tient à la capacité de stockage de la G Cloud et nous nous trouvons avec un problème similaire à celui du « petit » Steam Deck.
Dans les deux cas, les 64 Go seront vite trop justes. Même si Blizzard a pas mal pensé la chose, un jeu comme Diablo Immortal monopolise une bonne part de ces 64 Go et il ne sera pas simple de multiplier les ROM des machines « récentes » : un jeu Dreamcast dépasse le gigaoctet. Oui, émuler Ikaruga (via Redream) ne pose aucun problème, pas plus qu'Aladdin ou Super Mario World via SNES9x EX+. Bien sûr, on peut aussi disposer de plusieurs microSD.
Avant de conclure, revenons sur un point. La G Cloud est prévue pour le cloud gaming, c’est un fait. Ses 64 Go en limitent l’usage « local » et accentuent ce besoin de streamer les contenus. Pour autant, puisqu’on ne peut insérer de carte SIM, c’est sur le WiFi que tout repose. Certes les accès sont nombreux, mais alors que l’excellente autonomie de la G Cloud était une belle réponse au défaut des Steam Deck et autres ROG Ally, le nomadisme de la Logitech se heurte à son inextinguible soif de WiFi. Dommage.
Logitech G Cloud : l’avis de Clubic
Sur le papier, la formule de Logitech intrigue et utilisée en association avec GeForce NOW ou le Xbox Game Pass, elle se montre séduisante. L’écran 7 pouces 1080p n’est guère pénalisant, au contraire, pour le cloud gaming, c'est presque un atout : on charge moins la connexion Internet et il est alors possible de jouer même sur une simple (mais bonne) ligne ADSL.
Hélas, les limites techniques de la G Cloud sautent aussi très vite aux yeux et, pour peu que vous soyez déjà joueur, smartphone ou tablette. Elle ne change pas fondamentalement la donne. Forme, contrôleur et autonomie jouent en faveur de la G Cloud, mais à plus ou moins 350 €, ça fait cher le périphérique « doublon »… alors que d’excellentes manettes existent pour nos smartphones !
Logitech a soigné son produit, mais on peine à le voir s’imposer. Si vous avez un smartphone pourquoi en faire l’acquisition alors que le nomadisme de la G Cloud est conditionné à la présence d’accès WiFi. Pour ne rien arranger, à seulement 70 € de plus, le Steam Deck dispose d’un potentiel et d’une polyvalence bien supérieurs malgré d’évidentes nuisances (chauffe, poids, autonomie). On en reparle si la machine passe sous les 200 € ?
- Joli design, mais un aspect jouet
- Un bel écran, bien calibré
- Légère, confortable, autonome
- Interface logicielle réussie
- Le jeu en streaming efficace
- Prix élevé, abonnements en plus
- Dépendance totale au WiFi
- Performances Android justes
- Encore quelques bugs
- Mieux qu'un pad smartphone ?