L'idée est la suivante : allier les deux technologies que sont le Hard Disk Drive et le Solid State Drive en un seul et même produit. Ce concept n'est pas nouveau puisque Seagate, déjà, avait lancé un disque hybride en 2007. Ce fut alors un échec, duquel la marque a tenté de tirer quelques leçons avant de revenir avec son Momentus XT. Le produit est-il cette fois au niveau de la promesse ? Seagate assure tenir là un disque qui ne vous laissera pas indifférent, puisqu'il est censé être « 80% plus rapide qu'un disque dur classique à 7 200 tours par minute ». Nous verrons ça !
Momentus XT... un disque dur avant tout !
Le disque hybride de Seagate est un modèle 2,5 pouces ressemblant à s'y méprendre à un Momentus 7200.4 classique. La photo suivante est explicite : sans la dénomination apposée à la surface du disque, impossible de différencier nos deux modèles, qui ont par ailleurs le même poids, avec 108 grammes chacun.Doté d'une très classique interface SATA II 3 Gbps et d'un cache de 32 Mo, ce disque fonctionne à la vitesse de 7 200 rotations par minute. Les caractéristiques techniques semblent donc tout à fait similaires à celles d'un Momentus « classique ». Il faut en fait ouvrir la bête pour apercevoir les quelques éléments qui séparent le disque hybride de son cousin le disque dur, et notamment la puce de mémoire flash qui vient se greffer sur le PCB.
La mémoire utilisée est de type SLC, ce qui est censé lui offrir une longévité supérieure à celle de la mémoire MLC employée dans la quasi-totalité des SSD actuellement dans le commerce. Cette puce de marque Micron possède une capacité de 4 Go, capacité dont nous reparlerons longuement par la suite. Sachez enfin que le NCQ est supporté par le Momentus XT.
L'Adaptative Memory Technology
Comment Seagate a-t-il utilisé la mémoire flash au sein de son disque hybride ? Le système est-il voué à être installé sur le SSD et le HDD prévu pour servir de support de stockage ? Les fameux 4 Go évoqués au paragraphe précédent sont-ils suffisants ? Il n'existe en fait pas beaucoup d'informations sur la manière dont le Momentus XT fonctionne exactement. Seagate ne communique en fait qu'autour de son Adaptative Memory Technology, censée permettre au disque de s'adapter « aux besoins en performances de l'utilisateur ».En réalité, les 4 Go de mémoire SLC ne sont pas du tout prévus pour accueillir le système, mais fonctionnent davantage comme un cache non versatile comme l'est en revanche celui de la puce de 32 Mo qui équipe ce disque. L'Adaptative Memory Technology se charge, en tâche de fond, d'analyser les fichiers que vous utilisez le plus et les stocke dans le SSD. Le fonctionnement d'un ordinateur équipé du Momentus XT s'améliore donc au fur et à mesure de votre utilisation, ce qui est loin d'être instinctif dans le monde de l'informatique...
Le gros plus de ce procédé est son fonctionnement complètement indépendant du système d'exploitation, puisque c'est le contrôleur qui optimise le disque, et non un logiciel présent sous Windows ou Mac OS. Par ailleurs, aucune occupation RAM ou CPU supplémentaire n'est engendrée par cette constante analyse de vos habitudes. Enfin, les algorithmes d'optimisation peuvent facilement être améliorés via une mise à jour du firmware sans conséquence sur le système d'exploitation.
Des questions demeurent toutefois du fait de la méconnaissance du fonctionnement précis du contrôleur : comment le contrôleur remplace-t-il les fichiers, comment gère-t-il les priorités et surtout la capacité de 4 Go de mémoire flash va-t-elle être suffisante ? Seule une période de test relativement longue peut parvenir à nous apporter ces réponses. Sachez en revanche que la mémoire NAND ne peut être utilisée en écriture que par le contrôleur (elle est en lecture seule pour l'utilisateur), ce qui simplifie fortement le travail de ce dernier. Travail également simplifié par l'utilisation de mémoire de type SLC, qui épargne à Seagate l'implémentation d'algorithmes supplémentaires pour éviter l'usure de sa mémoire.
Tests synthétiques
Nous avons mené une petite série de tests afin de vérifier les performances de chacun des disques en présence.- Alimentation Corsair TX850W,
- Carte-mère Asus P6X58D Premium (BIOS 0808),
- Processeur Intel Core i7 920 2,66 GHz,
- Mémoire vive 6 Go DDR3-1333,
- Carte graphique NVIDIA GeForce 8500GT
Nous avons mis face à face nos deux disques après avoir installé les derniers drivers Intel Rapid Storage (version 9.6). C'est Microsoft Windows 7 Edition Intégrale en version 64 bits qui a été utilisé durant ces tests. Notez que c'est une moyenne d'au moins trois mesures que nous indiquons dans les graphiques suivants. Enfin, nous avons ajouté les performances obtenues avec un SSD d'entrée de gamme pour les comparer à celles du Momentus XT.
Everest Ultimate Edition 5.50.2100
Ce logiciel permet de réaliser des tests de lecture et d'écriture séquentiels et aléatoires sur nos SSD de test. La lecture et l'écriture séquentielles sont réalisées à partir d'un fichier de 512 K et 4 Ko, deux types de fichiers qui ne sollicitent pas de la même manière les disques. Voici les résultats de ces tests :Fichier de 512 Ko - Test séquentiel de lecture
Si le SSD Kingston est largement en tête sur ce test, il faut tout de même signaler les bonnes performances des disques Momentus 2,5 pouces de Seagate, qui talonnent le tout dernier VelociRaptor de Western Digital.
Fichier de 512 Ko - Test aléatoire de lecture
En revanche, en écriture, ce dernier prend ses aises, mais reste tout de même loin derrière le SSD Kingston dont le débit est deux fois supérieur à celui du VelociRaptor.
Fichier de 512 Ko - Test séquentiel d'écriture
En écriture séquentielle, les deux Momentus parviennent à tenir la cadence du VelociRaptor, tandis que le SSD caracole en tête.
Fichier de 512 Ko - Test aléatoire d'écriture
En mode aléatoire, le VelociRaptor égale les performances du SSD tandis que, loin derrière, le Momentus XT devance son cousin le 7200.4 de 8,5%.
Fichier de 4 Ko - Test séquentiel de lecture
On passe aux petits fichiers avec lesquels le VelociRaptor est plus à l'aise que le SSD Kingston. Plus loin, le Momentus XT domine encore le 7200.4 de quelques Mo/s supplémentaires.
Fichier de 4 Ko - Test aléatoire de lecture
En mode aléatoire, le VelociRaptor confirme sa domination tandis que les deux Momentus se dispute la dernière place, avec des débits qui ne sont toutefois pas ridicules.
Fichier de 4 Ko - Test séquentiel d'écriture
En écriture séquentielle de petits fichiers, le V Series reprend la main, juste devant le VelociRaptor. Notez les performances nettement inférieures du Momentus XT, dernier loin derrière le Momentus 7200.4.
Fichier de 4 Ko - Test aléatoire d'écriture
En mode aléatoire, pas de changement : le Momentus XT est toujours autant à la peine, et le SSD de Kinston autant à la fête.
Temps d'accès aléatoire en lecture
Pas de surprise au niveau des temps d'accès en lecture, le SSD offrant des performances incomparables. Le VelociRaptor démontre qu'il est le plus rapide des disques durs dans ce domaine. Les deux Momentus bénéficient d'un temps d'accès moyen relativement long.
PCMark Vantage - HDD Suite
Si les résultats obtenus sous Everest donnent une bonne indication sur les capacités du disque dur qui équipe le Momentus XT, ils ne peuvent en aucun cas refléter les compétences du contrôleur en terme d'apprentissage. Pour vérifier cette particularité du disque hybride de Seagate, nous avons effectué à 4 reprises la HDD Suite de PCMark Vantage. Voici les résultats :Le premier enseignement de ce test concerne l'apport important du SSD pour le Momentus XT. Non seulement ses performances initiales sont bien supérieures à celles du Momentus 7200.4, mais la répétition de la tâche amène l'hybride de Seagate à dépasser largement le VelociRaptor de Western Digital. Le SSD reste toutefois largement en tête sur ce test.
Gestion des fichiers
Dans cette page, nous allons reporter deux types de tests pratiques. Les premiers concernent la copie brute de fichiers sur et depuis les disques en test, afin de mesurer les débits en écriture et en lecture. Nous allons effectuer cette opération pour un dossier contenant 3 fichiers de 700 Mo, et pour un second contenant 30 720 fichiers pour un total de 576 Mo. Le disque de référence sera ici un RAID 0 de Vertex 2, qui devrait nous éviter un quelconque nivellement des performances de nos disques.Lecture de gros fichiers
Comme le laissait présager le test synthétique de lecture séquentielle de fichiers de 512 Ko, le SSD de Kingston se balade avec des débits plus de deux fois plus importants que les Momentus. Notez qu'ici, le SSD utilisé en cache est ici complètement inutile au Momentus XT, dont les performances stagnent au même niveau que celles du Momentus 7200.4.
Ecriture de gros fichier
C'est quelque peu différent en écriture de gros fichiers où le gain est réel entre la première exécution et la quatrième : 18% tout de même ! Les VelociRaptor et surtout le V Series restent toutefois largement en tête.
Lecture de petits fichiers
Les mauvaises aptitudes du SSD Kingston en matière de lecture de petits fichiers sont connues, et il n'est pas étonnant de le retrouver en queue de peloton en compagnie du Momentus 7200.4. Le Momentus XT est quant à lui à la bagarre avec le VelociRaptor, même si l'apport de l'algorithme d'apprentissage et de la mémoire flash est encore une fois ici inexistant.
Ecriture de petits fichiers
Même constat en écriture de petits fichiers. Les performances du Momentus XT restent toutefois tout à fait honorables, puisqu'il talonne les Kingston V Series et WD VelociRaptor, à égalité.
Copie proche - Gros fichier
La copie proche consiste à copier sur le même disque un ou plusieurs fichiers. Cette action sollicite davantage le contrôleur qu'une copie simple. À ce jeu-là, et pour une copie de trois fichiers de 700 Mo chacun, les VelociRaptor et SSD V Series sont de loin les plus à l'aise. Le Momentus XT se comporte également assez bien, même si encore une fois, la répétition de la manoeuvre n'apporte aucun gain.
Copie proche - Petits fichiers
Même opération avec le dossier de petits fichiers, où cette fois le VelociRaptor l'emporte. Toujours aucun gain dû à la mémoire flash et à l'apprentissage sur le Momentus XT.
L'apprentissage du Momentus XT dans... la pratique
Nous l'avons vu, la fameuse Adaptative Memory Technology de Seagate ne semble pas apporter grand-chose lors de simples transferts de fichiers. Comment se comporte-t-elle avec les logiciels ? Pour juger de son efficacité, nous avons effectué des tâches basiques à plusieurs reprises (4 fois au total) pour vérifier si ces opérations devenaient plus rapides au fil des essais. Nous avons effectué les mêmes opérations sur nos 3 autres disques en test, afin de distinguer les gains dus à la fonction SuperFetch de Windows 7, et ceux obtenus grâce à la technologie de Seagate.Lancement de Windows 7
Pour ce test, nous avons mesuré le temps de lancement de Windows, de 4 applications Microsoft (Internet Explorer, Paint, le module de création de DVD, le solitaire) ainsi que Photoshop CS5. Sur le Momentus 7200.4, le VelociRaptor ou le SSD Kingston, le gain dû à la fonction SuperFetch de Windows 7 est visible mais limité à 15% dans le meilleur des cas, pour le VelociRaptor. Sur le Momentus XT, le gain au bout de 4 opérations de lancement est supérieur à 50%, le temps de démarrage passant de 51 secondes à moins de 25 secondes ! Impressionnant, d'autant que le Momentus XT passe ainsi devant le VelociRaptor tout en restant à distance du SSD Kingston, nettement plus véloce.
Lancement de Photoshop CS5
Si le gain était évident avec le lancement de Windows, il l'est beaucoup moins pour le l'ouverture d'un fichier de 650 Mo avec Photoshop CS5. La faute probablement à notre test précédent, l'application étant probablement déjà « en cache ». Les performances sont d'ailleurs excellentes, meilleures que celles du VelociRaptor, mais restent inférieures à celles du SSD Kingston une fois de plus.
Lancement de Crysis Warhead
Même constat pour le lancement de Crysis Warhead, avec tout de même un certain resserrement en tête, les performances du SSD, du VelociRaptor et du Momentus XT étant relativement similaires (avec un avantage toutefois pour le SSD), laissant assez loin derrière le Momentus 7200.4. Notez ici l'importance de la fonction SuperFetch qui fait gagner près de 20% de performances au SSD Kingston.
Et la température ?
Le fonctionnement constant de l'Adaptative Memory Technology en tâche de fond nous laisse à penser que l'échauffement du Momentus XT est supérieur à celui d'un disque dur classique. Qu'en est-il ?Au repos, le Momentus XT et son cousin le 7200.4 ont opéré à la même température dans notre machine de test, à savoir 35°C. Après trois sessions de HDTach, la température s'est élevée de 5°C sur le Momentus 7200.4, alors que le Momentus XT ne subissait quant à lui qu'une augmentation de 2 petits degrés. Pas d'inquiétude donc sur la température de ce Momentus XT.
En effet, les gains observés sur le démarrage de Windows ou sur les différentes sessions de PCMark Vantage ne laisse pas de place au doute : l'Adaptative Memory Technology développée par Seagate et mise en oeuvre par le contrôleur du Momentus XT, associé à la mémoire flash, apporte un vrai confort supplémentaire à l'utilisateur, sans même que ce dernier ne s'occupe de quoi que ce soit.
Le choix de la mémoire SLC est également une bonne idée d'après nous, puisque le nombre d'écritures successives sera évidemment très important étant donné le fonctionnement du disque hybride. Un choix qui s'imposait et que Seagate a fait, bravo.
On dispose donc ici d'un disque qui offre des performances très intéressantes, souvent supérieures dans la pratique à celles du VelociRaptor 600 dont les plateaux fonctionnent pourtant à 10 000 tours par minute, tout en offrant un coût au Go inférieur à ce dernier puisque le modèle 500 Go du Momentus XT est vendu à 126 euros là où les 600 Go du VelociRaptor valent 280 euros. Et si le SSD de Kingston est clairement plus performant dans la plupart des cas que le Momentus XT, son coût au Go reste très supérieur (64 Go pour 135 euros...). C'est pourtant un des plus abordables du marché des SSD.
Reste que tout n'est pas complètement rose et la principale critique que nous dégagerons de ce test concerne la taille de la mémoire SLC. Avec ses 4 Go, Seagate affirme avoir trouvé le meilleur compromis performances / prix. Reste qu'à l'usage, cette limitation se ressent. Après avoir mené notre série de tests sur le démarrage de Crysis Warhead et Photoshop CS5, nous sommes revenus sur la durée de démarrage de Windows. Alors que le Momentus XT avait réussi à atteindre les 24 secondes, ce nouvel essai s'est soldé par un score moins impressionnant : 38 secondes. Autant dire que les 4 Go de la mémoire flash sont rapidement remplacés...
De même, impossible de savoir si le contrôleur prendra en charge un éventuel RAID 0 qui pourrait intéresser les plus aventureux d'entre vous. Toutefois, Seagate a frappé fort avec un produit innovant et proposant une technologie qui non seulement semble arriver à maturité, mais qui en plus pourra facilement évoluer, une simple mise à jour du firmware du disque pouvant améliorer les algorithmes utilisés par le contrôleur. Un produit qui est garanti 5 ans par Seagate.
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