L'adoption d'un nouveau contrôleur, issu d'un constructeur pour le moins méconnu, voilà une attitude qui n'est pas vraiment dans les us de Corsair. En effet, le constructeur avait jusqu'à présent pour habitude de sélectionner un contrôleur éprouvé, souvent celui qui offrait les meilleures performances du moment, et de proposer ses SSD avec un léger temps de retard sur la concurrence. Une politique prudente également appliquée au firmware et que l'on ne blâme pas, puisqu'elle avait pour finalité la satisfaction de ses clients.
C'est donc une petite révolution pour Corsair qui, une fois n'est pas coutume, a décidé de prendre quelques risques. Un pari payant ? C'est ce que nous allons tenter de savoir.
Un nouveau contrôleur, deux SSD
Pour inaugurer l'utilisation du contrôleur de LAMD, Corsair n'y va pas avec le dos de la cuillère, puisqu'il en profite pour sortir deux nouveaux SSD, les Neutron et Neutron GTX, tous deux épais de seulement 7 mm, afin de faciliter l'intégration dans des ordinateurs portables toujours plus fins. Nous reviendrons plus avant sur les différences entre ces deux modèles, mais intéressons-nous tout d'abord à la puce qui les anime. LAMD est une société californienne, créée en 2004, et jusqu'à présent spécialisée dans les contrôleurs à destination des disques durs. Elle a été tout récemment absorbée par le sud-coréen Hynix, l'un des plus gros pourvoyeurs de mémoire flash de la planète. Il est donc à prévoir, dans un futur proche, que l'entreprise soit la seconde, après Samsung, à pouvoir fournir un SSD entièrement conçu par ses soins.Nous n'en sommes pas là et le LM87800, le contrôleur de la marque, n'est pour l'instant présent que dans les SSD Corsair que nous testons aujourd'hui. Basé sur un coeur ARM9, il offre une compatibilité avec les puces NAND de type MLC et SLC, sur interface OnFi 2.0 et Toogle Mode. Ce contrôleur, naturellement compatible avec la dernière norme en vigueur du SATA (6 Gbps), travaille sur 8 canaux, comme le fait notamment le SF2281 de SandForce.
Le contrôleur LM87800 de LAMD, qui bénéficie d'un pad thermique afin de dissiper la chaleur dégagée
A l'instar du 88SS9174-BLD2 de Marvell, qui équipe le Crucial m4, ou encore du contrôleur que Samsung utilise dans son 830 Series, le LM87800 nécessite l'usage de mémoire cache. Nos deux SSD sont ainsi pourvus de deux puces de 128 Mo de type DDR2-800, pour un total donc de 256 Mo.
Une puce mémoire de DDR2-800 de 128 Mo d'un côté du PCB, une seconde du même type sur l'autre face
Parmi les autres subtilités de ce contrôleur, notez qu'il assume un chiffrement matériel de type AES sur 128 ou 256 bit. Cependant, Corsair ne semble pas avoir utilisé cette fonctionnalité, pour des raisons inconnues. Contrairement au contrôleur SandForce, celui de LAMD se passe de compression à la volée, mais dispose en revanche d'un algorithme spécifique, baptisé eBoost Technology, qui vise à améliorer la durée de vie des NAND. Un procédé destiné aussi bien aux SSD dont les puces sont de qualité moyenne qu'aux modèles pour les entreprises, dont les besoins en matière de fiabilité sont tout autres. Si nous restons plutôt évasif sur le sujet, c'est que LAMD est à la fois très fier mais aussi très discret à propos de cette technologie.
Des puces mémoire et des interfaces qui font la différence
Si ce n'est pas le contrôleur qui différencie nos deux SSD Corsair, qu'est-ce alors ? D'après le constructeur, ce n'est pas non plus le firmware : les Neutron et Neutron GTX disposent de la même version du micro-code qui régit le contrôleur, soit à ce jour le M206. Ce qui distingue en fait les deux SSD est plutôt à chercher du côté des puces mémoires. En effet, le Neutron utilise des puces en 25 nm issues de chez Micron, identiques à celles que l'on trouve sur le Crucial m4 ou le Vertex 3 d'OCZ, tandis que sur le GTX, on trouve des puces gravées en 24 nm provenant de chez Toshiba, semblables à celles utilisées par Plextor sur son M3 ou par... Corsair, sur son Performance Pro.La différence fondamentale entre ces deux types de puces ? Le bus qu'ils utilisent pour communiquer avec le contrôleur. Car lorsque les modules Micron fonctionnent avec l'interface ONFi 2.0, ceux de Toshiba sont compatibles avec le Toggle Mode 1. Si l'on se réfère uniquement aux débits, les deux interfaces sont dos à dos puisque capables toutes deux d'assumer 133 Mo/s par canal. En revanche, le Toggle 1, développé par Samsung et adopté ensuite par Toshiba, a pour lui une gestion plus abouties des opérations sur les NAND flash, censée réduire la consommation des puces et offrir des performances légèrement améliorées en écriture séquentielle et lors de lectures et d'écritures aléatoires.
Des puces issues de chez Toshiba pour le Neutron GTX, et provenant de chez Micron pour le Neutron classique
Résultats, les performances annoncées par Corsair concernant ses deux SSD diffèrent, notamment en écriture.
Neutron et Neutron GTX : les différences de performances | ||||
120 Go | 240 Go | |||
Neutron | Neutron GTX | Neutron | Neutron GTX | |
Lecture séquentielle (Mo/s) | 555 | 555 | 555 | 555 |
Écriture séquentielle (Mo/s) | 211 | 330 | 370 | 511 |
Écriture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 85 000 | 80 000 | 85 000 | 85 000 |
Notez que pour chacun de ces SSD, la capacité de stockage réelle ne correspond pas à la capacité offerte par les puces NAND. Corsair prévoit ainsi 12,7% d'espace destiné aux fonctions de wear-leveling et garbage collection, qui visent à réduire l'usure des SSD. Un chiffre identique à celui que l'on retrouve sur les SSD en SandForce, notamment.
Performances : les scores des Neutron
Qu'en est-il des performances de ce SSD dans la pratique ? Que donne-t-il face aux derniers modèles en date, Samsung 830 Series, Intel 520 Series, ou face à d'autres SSD ? Vous trouverez des résultats chiffrés et comparés dans les pages suivantes :Notre avis
En effet, la gamme Neutron de Corsair propose une nouvelle référence en matière d'écriture de fichiers, domaine dans lequel nos deux modèles dépassent les SSD en SandForce, et même le 830 Series de Samsung, Seul le Vertex 4 vient s'intercaler entre les deux Neutron en ce qui concerne l'écriture de gros fichiers. Le GTX propose des performances logiquement supérieures à celle du Neutron, grâce à des puces mémoires plus véloces. Le Neutron souffre également un peu plus lorsqu'il s'agit de petits fichiers. Reste qu'on est loin du fossé qui séparait les Force GT des Force 3.
Corsair semble donc avoir réussi son pari avec l'adoption d'un contrôleur très performant et au comportement exemplaire, comme le prouvent les excellents résultats en copie proche. La seule incertitude concerne finalement l'endurance et la stabilité de ces nouveaux SSD. Si LAMD dispose visiblement de certains atouts dans le domaine, il est encore trop tôt pour se prononcer sur le sujet.
Les Neutron et Neutron GTX sont actuellement commercialisés en version 120 et 240 Go (avec un adaptateur 3,5 pouces et une garantie de 5 ans), alors qu'une version 480 Go est dans les tuyaux de Corsair. Les prix sont le seul véritable point faible de ces deux produits : comptez 120 et 215 euros pour les versions 120 et 240 Go du Neutron, et 155 et 270 euros pour les GTX 120 et 240 Go. A titre de comparaison, le Vertex 4 se négocie autour de 105 et 200 euros pour les versions 128 et 256 Go, respectivement. Si les prix venaient à chuter dans les semaines à venir, nul doute que le Neutron GTX devienne le nouveau SSD de référence.