Le secteur du SSD connaît actuellement des rapprochements stratégiques importants : OCZ est désormais propriété de Toshiba et donc d'Indilinx et gère, comme Samsung et Intel, l'ensemble de leurs chaines de production.
SanDisk n'en est pas encore au niveau de ses petits concurrents, puisque si le constructeur produit ses puces mémoire, il fait appel à Marvell pour ce qui est des contrôleurs de ses SSD. C'est également le cas de Crucial. La marque est en effet la propriété de Micron, qui fabrique des NAND flash (en partenariat avec Intel).
Un désavantage par rapport à ses concurrents, qui produisent eux-mêmes leurs contrôleurs ? Pas vraiment si l'on se souvient que Crucial a sorti, avec son M500, le premier SSD disposant d'une capacité de 1 To, abaissant alors drastiquement le prix au Go.
Crucial a, par le passé, souvent eu recours à une politique tarifaire plutôt agressive pour attirer les consommateurs. Alors que la marque présente son M550 comme un SSD haut de gamme, restera-t-elle fidèle à ses principes ?
Quelques optimisations matérielles...
Quelles différences y a-t-il entre un M500 et un M550 ? Côté hardware, elles se situent à deux niveaux. Tout d'abord, le contrôleur Marvell évolue, passant du 88SS9187 au 88SS9189. Une puce qui gère évidemment le TRIM, le NCQ ou encore le chiffrement AES 256-bits, conformément aux standards actuels. Crucial va même plus loin dans ce domaine, puisque son contrôleur supporte les spécifications TCG Opal 2.0 et IEEE-1667, ce qui lui assure une compatibilité avec la technologie de chiffrement eDrive de Microsoft. Ce que faisait par ailleurs déjà le M500.Tout comme son prédécesseur, il a recours à de la mémoire cache et utilise l'interface SATA 6 Gbps. Et tout comme le 88SS9187, le 88SS9189 est équipé de la technologie Adaptative Thermal Protection qui gère les NAND afin de réduire leur activité en cas de surchauffe, c'est-à-dire si leur température atteint les 65°C. Une température que le pad thermique prévu par Crucial devrait éviter.
Ce « nouveau » contrôleur n'est en réalité pas vraiment récent, puisqu'il a été présenté au cours du CES... 2013. Il est d'ailleurs déjà utilisé dans le M5 de Plextor. Un SSD qui, à l'instar du 840 Series de Samsung, utilise de la mémoire TLC fournie par Toshiba. Le 88SS9189 est donc prêt à accueillir de la mémoire TLC, et selon nous, son principal intérêt pour Crucial est là. Par ailleurs, nous ne serions pas surpris que le M500, qui continue d'être commercialisé, soit prochainement équipé avec ce nouveau contrôleur et de la mémoire TLC.
Crucial n'a (pour le moment) pas fait ce choix sur son M550 et continue de faire confiance à des NAND de type MLC. Ces dernières, toujours gravées en 20 nm, constituent le second point d'évolution du M550 face au M500.
Crucial ne disposait en effet dans son précédent SSD que des puces de 128 Go. Le M550 embarque, selon les modèles, de modules de 64 Go (pour les versions 128 et 256 Go du M550) ou de 128 Go (pour les déclinaisons 512 et 1 024 Go).
Cela peut paraître anecdotique, mais en procédant de la sorte, Crucial optimise le fonctionnement de ses SSD. Le 88SS9189, comme son prédécesseur, fonctionne sur 8 canaux. Il est donc plus intéressant pour ce dernier de travailler sur 8 die distinctes, afin que le parallélisme soit utilisé au mieux de son potentiel.
En utilisant des puces de 64 ou 128 Go selon les capacités de ses SSD, Crucial se donne la possibilité de coller au mieux aux caractéristiques de son contrôleur. Pour le modèle 128 Go, deux puces de 64 Go possédant chacune 4 die de 16 Go serait donc la solution idéale. Pour le modèle 256 Go, les 4 NAND de 64 Go nécessaires devraient comporter chacune 2 die, et ainsi de suite...
Difficile de dire si Crucial a réellement procédé de la sorte (nous ne disposons que de la version 1 024 Go), mais c'est ce qui nous semble justifier l'utilisation de deux capacités de NAND différentes.
...et des astuces logicielles
Lorsque nous avons demandé à Rob Wheadon, responsable marketing à l'international du groupe, pourquoi les nouveaux SSD de Crucial ont mis si longtemps à arriver alors même que le contrôleur est relativement ancien, il nous a répondu que ce temps a été mis à profit pour optimiser le firmware du M550.Les performances y gagnent un peu, Crucial annonçant des chiffres un peu plus élevés que ceux donnés par Plextor en début d'année dernière, et surtout plus élevées que ceux du M500. Crucial préfère toutefois mettre l'accent sur l'endurance, en précisant que son SSD est capable d'assumer une écriture de 40 Go de données par jour, pendant 5 ans.
Performances face à la concurrence | ||||
Crucial M550 | Crucial M500 | Samsung 840 Pro | OCZ Vector 150 | |
Lecture séquentielle max (Mo/s) | 550 | 500 | 540 | 550 |
Écriture séquentielle max (Mo/s) | 500 | 400 | 520 | 530 |
Lecture aléatoire 4 Ko max (IOPS) | 95 | 80 | 100 | 100 |
Écriture aléatoire 4 Ko max (IOPS) | 85 | 80 | 90 | 95 |
Endurance annoncée (Go/j) | 40 | 20 | 40 | 50 |
Le représentant de Crucial nous a également indiqué que les optimisations apportées par ses équipes au microcode du contrôleur concernent aussi la consommation de son SSD. Ainsi, quand le M500 avalait moins de 5 mW en veille, le M550 consomme moins de 3 mW d'après le constructeur. À titre de comparaison, un Vertex 460 consomme dans ces conditions 6 mW. Une donnée qui n'est pas sans intérêt si l'on pense à l'utilisation de ce SSD dans un ultrabook...
Enfin, le firmware du M550 est conçu pour limiter la quantité d'overprovisioning par rapport au M500 : si Crucial annonçait pour son précédent SSD des capacités de 120, 240, 480 et 960 Go, celles du M550 sont de 128, 256, 512 et 1 024 Go. Rob Wheadon, interrogé par nos soins, nous a précisé que cette évolution est rendue possible car les puces 20 nm utilisées par Crucial arrivent à maturité, ce qui n'était pas le cas lors de la sortie du M500, qui inaugurait il est vrai ces NAND.
Reste qu'il est intéressant d'observer que Crucial va à contresens par rapport aux récents choix d'OCZ, qui a préféré augmenter l'overprovisioning sur son Vertex 460, afin de lui assurer une meilleure endurance.
Quelles performances pour ce M550 ?
Ometer est un outil qu'il faut manipuler avec précaution lorsqu'il s'agit de tests de SSD. Ici, nous avons travaillé sur des secteurs et des fichiers de 4 Ko, avec des accès aléatoires à 100% (ce sont ceux qui sollicitent le plus le contrôleur), et selon 2 scénarios différents :- une activité comprenant 25% de lecture, 75% d'écriture ;
- un protocole qui comprend 75% de lecture et seulement 25% d'écriture.
Si le Samsung 840 Pro reste le meilleur SSD d'après ce logiciel, le M550 ne fait pas pâle figure. Il vient en effet s'intercaler entre les Vector 150 et Vertex 460 sur notre premier scénario, parvenant même à surpasser le haut de gamme d'OCZ sur notre second protocole.
ATTO donne une autre information quant aux performances du M550 en lecture et en écriture séquentielle de petits fichiers. À ce jeu-là, le M550 fait moins bien qu'un Vector 150, un 840 Pro de Samsung ou le Vertex 460 sur les très petits fichiers. Dès que ces derniers prennent un peu de poids (à partir de 64 Ko), le M550 n'est toutefois plus devancé que par le Vector 150.
CrystalDiskMark combine pour sa part une partie de tests séquentiels (sur un fichier de 1 Go) et une partie de tests aléatoires, avec différents scénarios (lecture et écriture d'un fichier de 512, puis 4 Ko, et de plusieurs fichiers de 4 Ko simultanément). Si on les compare aux mêmes SSD que précédemment, on s'aperçoit que le M550 n'a pas à rougir face à la concurrence.
Nous avons également effectué quelques tests pratiques, comme la décompression d'un fichier WinRAR de 1,85 Go contenant des fichiers de tailles diverses compris entre quelques Ko et plusieurs Mo.
Les scores de nos 4 SSD sont très proches, et si le Vector 150 sort à peine du lot, le M550 a le mérite de rester dans ce peloton.
Des tests de transferts sont évidemment de la partie : 1 fichier de 3,9 Go pour voir comment se comportent nos SSD sur les données de taille importante, et 1 Go de petits fichiers compris entre 12 et 34 Ko pour observer leurs performances sur les données de petite taille. Ces tests sont effectués à l'aide d'un RAMDisk de 4 Go fonctionnant sur de la mémoire cadencée à 1 866 MHz.
Sur les petits fichiers, aucune différence notable à déceler entre nos concurrents. En revanche, les gros fichiers mettent en avant la relative faiblesse du M550 face à ses concurrents, du moins en écriture, puisqu'en lecture, il partage la première place.
Enfin, la copie proche, qui consiste à lire et écrire le même fichier, est une opération qui sollicite beaucoup le contrôleur : il convient de voir comment nos quatre concurrents s'en sortent.
Ses bonnes dispositions à la fois en écriture et en lecture et les qualités du contrôleur Marvell permettent au M550 de rafler la seconde place en copie proche, juste derrière le Vector 150 d'OCZ.
Notre avis
Le Crucial M550 est, comme son prédécesseur, disponible au format 2,5 pouces (avec un adaptateur pour passer d'une épaisseur de 7 à 9 mm), au format mSATA et au format m.2. Ce SSD est commercialisé à 87, 146, 292 et 460 euros respectivement pour les versions 128, 256, 512 et 1 024 Go. Il est garanti 3 ans par Crucial.Est-ce que nous vous le conseillons ? Les Vector 150 et Samsung 840 Pro se trouvent à 178 et 173 euros dans la version 240 / 256 Go. Soit près de 20% en moins. Étant donné que les performances du nouveau SSD de Crucial sont tout à fait comparables à celles de ces deux ténors, que la marque n'a pas cédé à l'appel de la TLC et qu'elle annonce une endurance tout à fait conforme aux standards du moment, nous sommes évidemment tentés par ce M550.
Reste que Crucial a le mauvais goût de ne garantir son SSD que 3 ans, contre 5 ans pour les concurrents cités. Est-ce un frein suffisant compte tenu de la différence de prix ? Sans doute pour certains, d'autant que le discours de Crucial en la matière est assez incohérent : la marque revendique une grande confiance en ses NAND et diminue l'overprovisioning, mais ne propose pas une garantie à la hauteur de cette confiance. Dommage.