Deuxième casque audio imaginé par Nura, NuraLoop reprend le concept de l’otoémission acoustique de son casque Nuraphone afin de délivrer un son adapté au profil auditif de l’utilisateur. Mais cette fois, la start-up australienne s’est mise en tête de produire des intras compacts et surtout moins cher. Pari gagné ? Vous le saurez en lisant ce test.
- Qualité audio
- App compagnon
- Bonne autonomie
- Pas d'étui de recharge
- Zones tactiles trop sensibles
Afin de comprendre l’originalité de Nuraloop, il faut voyager un peu dans le temps. Et plus précisément revenir en 1948, année où a été théorisée l’otoémission acoustique puis rejoindre les seventies, décennie où la technologie a enfin permis de prouver son existence et de la mesurer concrètement.
Spoiler alert : si la technique vous colle des boutons et si la biologie humaine vous gonfle au plus haut point, ne lisez surtout pas ce qui suit et rendez-vous directement à la partie suivante. Mais bon, ça serait vraiment dommage.
L’otoémission acoustique comme concept de base
Afin de percevoir et d’analyser un son, le cerveau a besoin qu’il soit au préalable traduit en un signal électrique : c’est ce qu’effectue le système auditif humain à l’aide d’outils très sophistiqués. Après avoir franchi le tympan, l’onde sonore passe par la cochlée (grosso modo comparable à un amplificateur de signal) où se trouvent les cellules ciliées.
Elles sont stimulées par les vibrations du son et les transforment en un signal électrique qui sera ensuite transmis au cerveau. Pendant ce processus, les cellules ciliées émettent en retour un son très faible dont l’intensité est 10 000 fois moindre que celle du signal initial.
Ce « signal retour » n’est pas une copie de l’original, mais plutôt l’empreinte de ce qui a été perçu par l’appareil auditif.
Imaginez maintenant qu’un dispositif balance dans les oreilles d’un sujet un ensemble de fréquences calibrées. On récupérera donc pour chacune d’entre elles ce fameux signal généré par les cellules ciliées. En analysant tout cela, il devient possible de dresser un profil très précis de la façon dont le sujet perçoit les sons et éventuellement des déficiences auditives potentielles.
C’est précisément ce que font les médecins désirant mesurer avec précision l’état du système auditif d’un nourrisson, incapable de s’exprimer et donc d’attirer l’attention sur son éventuelle surdité. Et c’est aussi ce que mettent en œuvre Nuraphone, le premier casque de la marque et bien sûr NuraLoop.
Design et ergonomie : des intras au look pro
Par son design, Nuraloop rappelle beaucoup les intras "tour de cou" utilisés par les pros de la musique. Les deux écouteurs, d’un volume respectable, sont reliés entre eux par un câble que l’on passe derrière le cou. Celui-ci héberge en son centre un connecteur aimanté propriétaire. Il servira à recharger la batterie, mais aussi à connecter le câble Jack audio fourni.
Le câble sortant de chaque écouteur fait office d’armature souple sur quelques centimètres afin de permettre un ajustement précis du casque. Une fois correctement positionné, NuraLoop s’avère confortable et se fait rapidement oublier.
Fournis en quatre tailles différentes, les embouts en silicone ont le bon goût de n’être pas trop invasifs. Ils ne créent pas de véritable gêne lors d’une session d’écoute prolongée et procurent une isolation passive très correcte.
Le pilotage est assuré par deux disques tactiles logés sur les écouteurs. Ils autorisent le réglage du volume sonore, la navigation dans une liste de lecture, la prise d’appels téléphoniques ainsi que l’activation de l’annulation de bruit active et du mode social (perception de l’environnement) comparable au mode transparent chez d'autres constructeurs.
Ils sont malheureusement un peu trop sensibles, un simple réajustement des écouteurs lors de l’écoute étant souvent interprété comme une commande de pilotage. Rien de vraiment grave, mais cela peut vite devenir énervant. Espérons qu’une mise à jour logicielle parviendra à régler tout cela.
Une app compagnon indispensable
La mise en route initiale et le paramétrage de NuraLoop passent impérativement par l’application compagnon qu’il faudra donc installer sur son smartphone. Celle-ci pourra vous imposer une mise à jour du logiciel interne pouvant prendre jusqu’à trente minutes. Si c’est le cas, prenez votre mal en patience, car cela en vaut vraiment la peine.
Nura a en effet commercialisé son casque bien trop prématurément avec un firmware non abouti. Cela lui a valu un bad buzz désastreux, les premiers acheteurs exprimant — à raison — leur déception dans les commentaires des sites d’e-commerce ainsi que sur les forums en ligne. Heureusement, les problèmes rencontrés ont été réglés.
L’application compagnon, fort à propos baptisée Nura, permet de créer le profil audio de l’utilisateur à l’aide d’un assistant bien pensé. Il vous invitera à vérifier que les écouteurs sont bien ajustés dans le conduit auditif, cette étape étant primordiale afin d’effectuer la mesure précise du retour otoacoustique.
Vient ensuite la phase d’évaluation, réalisée en deux étapes ne prenant pas plus de 90 secondes. Seules contraintes, se trouver dans un lieu calme et ne pas parler pendant le processus.
Les données collectées sont envoyées sur les serveurs de Nura afin de générer le profil d’audition. Ce transfert, anonyme et crypté, est obligatoire, la puissance de calcul des smartphones ne permettant tout simplement pas de générer le profil assez rapidement. Le profil est rapatrié en quelques secondes sur le smartphone. Il est matérialisé par un diagramme dont les couleurs et la forme sont générées en fonction des résultats. S’il est plutôt joli, il ne sert à rien d’autre qu’à être partagé sur les réseaux sociaux.
Le profil audio est quant à lui sauvegardé dans le casque. Il sera donc actif même si l’on utilise le casque avec un autre appareil (y compris en connexion filaire). Jusqu’à trois profils peuvent être créés afin de partager le casque avec ses proches. Pratique, à défaut d’être hygiénique !
Qualité audio : la magie opère (comme prévu) !
L’exploitation de l’otoémission acoustique est-elle pertinente en matière de rendu musical ? Oui, incontestablement : on l’avait déjà constaté sur Nuraphone et nos tests effectués sur NuraLoop le confirment. Une fois le profil personnalisé créé, l’assistant propose d’écouter un morceau musical sans l’activer puis en l’activant.
Dans le premier cas, le son est d’une telle platitude angoissante, à la limite de la caricature. C’en est presque à se demander si Nura ne charge pas délibérément la barque afin de mettre en avant les améliorations apportées par le profil personnalisé. Car lorsqu’il est activé, le rendu change complètement !
Les basses sont présentes, mais ne sont en aucun cas écrasantes. L’ajustement du paramètre « immersion » de son profil permet de les booster, ce qui satisfera les amateurs de rendus basseux. Pour autant, elles ne sont pas étouffantes et laissent les médiums, haut-médiums ainsi que les aigus s’exprimer correctement.
Les transducteurs utilisés, dont Nura ne communique aucune caractéristique technique, produisent un son propre et parfaitement défini. L’orgue, instrument réputé difficile à restituer, est très honorablement reproduit lors de l’écoute de la Toccata et Fugue en Ré Mineur de J-S Bach. Lors de nos tests, nous avons adoré le rendu de Otha Fish, rap joyeux de The Pharcyde dont la simplicité n’est qu’apparente. Le rock planant de Pink Floyd — et plus particulièrement le sublime High Hopes dans sa version remasterisée — vous prend aux tripes et l’on sent presque le souffle de David Gilmour lorsqu’il chante (nous n’avions pourtant pris aucune substance illicite)…
NuraLoop dispose d’une réduction de bruit active qui complète l’isolation passive procurée par les embouts en silicone. Dans l’absolu, elle n’est pas en mesure de rivaliser avec ce que proposent les ténors du marché. Mais dans les faits, elle s’avère suffisante pour écouter de la musique dans de bonnes conditions dans un environnement moyennement bruyant. Nous l’avons testée dans un train, dans les transports en commun et dans un centre commercial. Si l’on perçoit toujours les voix humaines, les bruits plus graves sont très largement atténués.
Très bonne autonomie
À en croire ses concepteurs, NuraLoop offre une autonomie de 16 heures maxi en écoute à volume moyen. Dans les faits, notre exemplaire de test a tenu un peu plus de 13 heures sans passer par la case recharge. Nura affirme que 10 minutes de charge fournissent deux heures d’écoute continue, ce que nos tests confirment. Précisons au passage que l’étui souple fourni ne dispose d’aucune batterie permettant de recharger les écouteurs lorsqu’on ne les utilise pas.
L’autonomie, que nous jugeons très satisfaisante compte tenu de la compacité de NuraLoop, n’est pas significativement modifiée si l’on passe par la connexion analogique. On bénéficie toujours du profil personnalisé, mais l’on perd les commandes tactiles (sauf le réglage du volume) ainsi que l’éventuel bénéfice du codec aptX HD, par nature uniquement actif en Bluetooth.
L’avis de Clubic
Même s’il n’est pas parfait, NuraLoop s’avère très convaincant sur bien des points. On apprécie en particulier son format compact, l’assistant bien foutu facilitant la création d’un profil auditif personnalisé ainsi que le confort des écouteurs. Résistants aux éclaboussures et à la transpiration, ils seront des compagnons de sport très sympathiques et discrets.
L’exploitation de l’otoémission acoustique afin de créer un profil autorise la production d’un son d’excellente qualité pour un prix que nous jugeons raisonnable. Seul bémol, la sensibilité exacerbée des disques de commande tactiles qui énerve lorsqu’on essaye simplement de repositionner les écouteurs.
Compact et d'un prix abordable, NuraLoop tire partie de l'otoémission acoustique afin de créer un profil d'écoute personnalisé. Le résultat s'avère très convaincant, ce qui permet de pardonner plus facilement les imperfections des commandes tactiles.
- Qualité audio
- App compagnon
- Bonne autonomie
- Pas d'étui de recharge
- Zones tactiles trop sensibles