Premiers vrais écouteurs True Wireless du constructeur Shure (le système TW Aonic permet seulement d'adapter des écouteurs classiques), les Aonic Free semblent de prime-abord assez simples pour leur gamme de prix (200 euros). Un produit qui devrait mettre en avant la sonorité Shure, mais sans proposer d'annulation de bruit active et plombé par un volume conséquent. Sommes-nous face à des écouteurs atypiques dans le bon sens du terme ? Ou est-ce un petit ratage ? Réponse dans ce test
- Bonne qualité sonore
- Excellente isolation générale
- Richesse des commandes
- Egaliseurs au-dessus du lot
- Pas de certification IP
- Pas de recharge par induction
- Volume général
Par pour toutes les poches, ni toutes les oreilles
Les quelques photos des écouteurs pouvaient nous laisser craindre un produit à la fois massif et austère. Cette dernière caractéristique est écartée, c'est déjà ça. Les Aonic Free ne sont pas élégants, certes, mais leur robe noire et grise est moins triste que ce que l'on pouvait craindre.
Proche du design des Sony WF-1000Xm3 et des Fidelio T1, adoptant une forme allongée, les Shure sont tout sauf compacts. La forme n'est d'ailleurs pas la plus en vogue, mais permet au moins de proposer un volume plus faible dans le creux de l'oreille, en répartissant l'excédent sur son excroissance. De cette manière, Shure, prend le contrepied d'autres écouteurs volumineux, mais sphériques, comme les WF-1000Xm4 de Sony.
Le reste de la conception est assez classique, simple mais sans gros défaut. Le dos gris-argenté des Aonic Free permet de transmettre assez bien l'aspiration « professionnelle », en tout cas sérieuse, de la gamme.
La face interne, plus brillante, n'a rien de particulier. Ni revêtement antidérapant ni petites fonctions cachées (pas même des capteurs de proximité). Seule entorse aux habitudes du segment, que l'on pourrait d'ailleurs qualifier de vrai défaut si les Aonic Free étaient destinés au sport : l'absence de certification IP, là où la norme des True Wireless est généralement l'IPX4. La marque précise toutefois que les écouteurs sont parfaitement capables de résister à la pluie. À l'instar des Airpods 1 et Airpods 2, les Shure Aonic Free semblent donc répondre d'un équivalent IPX2 qui ne dit pas son nom, voire d'un IPX4, l'absence de certification n'impliquant pas que cette résistance ne soit pas effective.
Gros écouteurs, grosse boite. Si Sony a réussi à nous faire mentir avec ses WF-1000Xm4, Shure n'échappe pas à ce travers. La boite est dans les eaux des anciens modèles Sony ou des Fidelio T1, difficile de la placer dans une poche de pantalon. Ce manque de compacité peut être plus ou moins déterminant suivant l'utilisateur, mais nous le considérons comme un défaut.
Dans la plus pure tradition des écouteurs de la marque, les Shure Aonic Free ne sont pas des semi mais des « purs intra ». La canule, très fine et assez longue, rentre davantage dans les oreilles que celles d'écouteurs d'autres marques. Pour aller avec ses Aonic Free, Shure livre un ensemble de trois embouts en mousse à mémoire de forme.
La seule appellation « purs intra » annonce que les écouteurs ne sont pas à confier à toute les oreilles. Le côté plus intrusif rebutera instantanément une partie des utilisateurs, et sera plus fatigant d'une manière générale.
Pourtant, Shure a largement limité la casse, et on a même été agréablement surpris du confort. L'insertion est assez simple, l'équilibre est très bon une fois les écouteurs en place, et ce ne sont pas quelques mouvements de mâchoires qui réussiront à les déloger. La finesse de la canule joue clairement son rôle ici, et le design de la coque, du côté du creux de l'oreille, est très bien pensé.
Commandes complètes… Avec l'application
Frilosité ou conservatisme, Shure n'a pas voulu exploiter la large zone au dos des écouteurs en surface tactile, préférant un simple bouton sur la tranche supérieure. Cette disposition n'est pas inintéressante, puisqu'elle permet de ne jamais appuyer contre notre oreille en déclenchant une commande, ce qui arrive immanquablement en plaçant des commandes au dos des écouteurs.
De base, on ne peut toutefois pas dire que les Shure Aonic Free proposent l'expérience la plus complète du genre.
Les commandes sont disposées, pour les deux écouteurs, comme suit :
- 1 appui pour la pause/lecture ;
- 2 appuis pour passer du mode Environnement au mode normal;
- 3 appuis pour un appel à l'assistant.
- Il est également possible de régler le volume, en enchaînant un appui court et un appui prolongé. L'écouteur gauche permet de diminuer le volume, le droit de l'augmenter.
Cela s'arrêterait à un constat moyen si l'application Aonic Play ne permettait pas d'enrichir assez considérablement l'expérience.
Notons d'abord que les commandes sont entièrement personnalisables. Il est ainsi possible, par exemple, de paramétrer une navigation dans les pistes. Plus encore, cela permet d'activer et désactiver l'égaliseur. Bien sûr, il est également possible de désactiver une action.
Les possibilités offertes par l'application ne s'arrêtent pas là. Aonic Play permet, comme évoqué plus haut, de mettre en place les mêmes égaliseurs personnalisables que ceux que l'on retrouve sur le reste de la gamme (Aonic 40 et Aonic 50 par exemple). Plusieurs égaliseurs très intelligemment réglés sont disponibles, et un réglage poussé permet d'affiner encore l'expérience. On reconnait largement la patte pro de la marque, son expérience en matière de traitement du son et sa cible généralement plus calée. Clairement, il n'y a pas de meilleurs égaliseurs dans l'univers des écouteurs sans fil.
On retrouve du reste un réglage du retour sonore (mode Environnement), la possibilité de mettre à jour les écouteurs et des tutoriels assez clairs.
En revanche, nous avons détecté plusieurs coquilles ou étrangetés de traduction de l'application en langue française. Des défauts de jeunesse qui peuvent parfois perdre l'utilisateur.
Connectivité classique, AptX en prime
Pas aussi ambitieux que des Sony ou des Technics EAH-AZ60, les Shure Aonic Free vont tout de même un peu plus loin que la norme, puisqu'ils proposent une compatibilité AptX. Le codec n'est pas rare sur écouteurs sans fil, mais sans être très répandu.
Notons que les deux écouteurs Aonic Free peuvent se connecter seuls (mode mono), et que la stabilité générale est excellente. Quelques rares sauts de son se font encore entendre sous codec AptX, mais rien de dérangeant. Pour une stabilité et une portée maximales, il reste recommandé d'utiliser le codec AAC.
Pas d'ANC, mais une isolation solide
Difficile en 2022 de justifier l'apparition d'un modèle à 200 euros sans réduction de bruit active. Effectivement, cette fonction peut rapidement constituer un plus, encore que même nos vies citadines ont tendance à exagérer son importance.
Pourtant Shure fait confiance à son expertise dans un autre domaine, l'isolation passive. Les écouteurs misent donc tout sur la qualité des embouts en mousse et sur l'obstruction dans le conduit auditif.
Et force est de constater que l'isolation est tout simplement excellente. Certes tout n'est pas parfait, mais les aigus sont presque totalement annihilés, les médiums déjà bien plus sabrés que la moyenne des autres écouteurs, et les basses déjà atténuées de manière notable. Surtout, il n'y a pas ce phénomène assez courant de creux dans l'isolation autour des 1 kHz. Forcément, les Aonic Free ne font pas de miracle avec les sonorités vraiment ronronnantes, type moteur d'avion, mais ils limitent pourtant la casse.
Le mode Environnement (retour sonore) n'est pas mauvais du tout, car peut devenir assez naturel une fois la bonne intensité trouvée (dans l'application). Surtout, il parvient à ne pas laisser sombrer son niveau d'aigus. Néanmoins, un bruit de fond se fait constamment entendre, plus ou moins fort selon l'intensité.
Autonomie classique
Malgré la taille très conséquente de ces Aonic Free, Shure n'annonce « que » 7 heures d'autonomie par charge, sans doute sous codec AAC.
Avec codec AptX, nous avons pu profiter des écouteurs pendant environ 5 heures 45. Sous codec AAC, le résultat s'établit davantage autour des 7 heures annoncées voire 7 heures 15.
Enfin, le boitier de charge apporte un peu plus d'une recharge et demie. L'autonomie en simple charge et l'autonomie totale sont donc très correctes, mais sans plus. En outre, il n'y a pas de système de recharge par induction dans le boitier.
Un son technique et légèrement chaud
Assez loin de l'une de ses spécialités sonores, à savoir l'utilisation de transducteurs à armature équilibrée, Shure intègre ici un transducteur dynamique de 6 mm avec membrane mylar. Cette taille, assez classique, a fait ses preuves. Sony utilise par exemple un haut-parleur de taille comparable pour ses WF-1000Xm4, et Sennheiser propose également les mêmes dimensions pour ses Momentum TW2, les deux acteurs étant dans le haut du panier des écouteurs sans fil.
Shure propose ainsi une signature très intéressante, technique, et qui devrait plaire au plus grand nombre.
On ne peut pas vraiment parler de son basseux, mais plutôt rond. Ici, ce sont les basses et une partie des médiums qui se placent sur une sorte de plateau équilibré, plus élevé que le reste des médiums et des aigus. Cela aboutit globalement à un son agréable, chaleureux, qui ne donne de sensations de manque que sur des éléments précis. Les voix féminines, par exemple, sont légèrement voilées. Pourtant, les aigus ne font pas que chanter moins fort, ce qui aurait rapidement conféré une sonorité brouillonne et terne aux musiques écoutées. Shure vient placer quelques pics, ce qui permet, bien qu'un peu artificiellement, d'apporter de la clarté et de l'ouverture.
Certains points rappellent ce que pratique Sennheiser (qualité technique et équilibre des aigus), mais avec de grosses nuances. Les deux constructeurs sont fort d'un bon niveau technique et le résultat est très agréable sans avoir à pousser le potard dans les basses.
Les Shure développent même un excellent niveau de détails, et ce, malgré une scène sonore profonde mais pas très large. En dépit de la différence de prix, la qualité sonore semble même supérieure à celle des Aonic 215, à moins que ce ne soit le réglage qui fasse la différence.
Toutefois, le tableau n'est pas non plus idyllique. Shure a souvent développé des écouteurs plus adaptés au jazz qu'au métal. C'est le cas ici. La sonorité ronde met particulièrement bien en avant les pistes intimistes, ou même les morceaux énervés mais simples. Avec des genres complexes et énergiques, le rendu est simplement moyen. Aucun son ne devient de la bouillie, mais l'écoute paraît assez plate et brouillonne. Exactement l'inverse des pistes à très fortes dynamiques, qui permettent de mieux mettre en avant la personnalité et la gestion des détails dont font preuve les écouteurs.
Sans proposer un produit universel donc, Shure a réussi avec les Aonic Free à proposer des écouteurs sans fil qui sortent du lot sur le plan sonore.
L'avis de Clubic
Un peu à la traine sur certains points, très modernes sur d'autres, les Shure Aonic Free constituent une sorte de synthèse entre True Wireless et écouteurs intra à l'ancienne.
Le produit bénéficie, par exemple, malgré sa taille et son confort qui ne conviendront pas à tout le monde, d'une ergonomie tout à fait bien pensée, portée par des commandes complètes et une application qui permet d'enrichir l'expérience sonore. Le constructeur compense presque parfaitement l'absence d'isolation active par une très grande atténuation permise par les embouts.
Le son, sans être adapté à tous les genres, constitue l'une des forces du produit. Les Aonic Free ne sont donc pas parfaits, et rebuteront pas mal d'utilisateurs, mais ce sont des écouteurs atypiques dans le bon sens du terme.
Un peu austères de prime abord, les Shure Aonic Free sont des écouteurs sans fil qui, sans débauche de fonctions, assurent parfaitement l'essentiel, à savoir : une excellente isolation, une ergonomie complète et une bonne qualité sonore.
- Bonne qualité sonore
- Excellente isolation générale
- Richesse des commandes
- Egaliseurs au-dessus du lot
- Pas de certification IP
- Pas de recharge par induction
- Volume général