Remplacer la chaîne ou la courroie de transmission du vélo par des composants électroniques pour effectuer le travail de la transmission : c'est le concept du « digital drive ». Si cela peut paraître saugrenu au premier abord, ce système propose ses avantages bien à lui.
Un nombre croissant de sociétés proposent cette technologie de remplacement pour leurs vélos. Un vélo équipé de la technologie du digital drive est un vélo électrique hybride avec lequel le cycliste pédale de manière classique. En revanche, l'énergie cinétique qu'il produit, au lieu d'actionner une chaîne ou une courroie, va alimenter un générateur qui produit de l'électricité pour un moteur situé sur la roue arrière. Mais alors, quel est l'intérêt d'un tel dispositif ?
Un fonctionnement sans chaîne et une maintenance réduite
Sur un vélo classique, les pignons sont des éléments centraux de la transmission, qui servent à modifier le rapport de démultiplication entre la force exercée par le cycliste sur les pédales et la vitesse de la roue arrière. Avec le système de digital drive, c'est le générateur qui remplace les pignons, et un logiciel vient simuler la résistance de la chaîne.
Principal avantage : quasiment plus aucun entretien de la partie transmission n'est nécessaire, puisqu'il n'y a plus de phénomène de friction avec la chaîne ou la courroie. Plus besoin de lubrifier ou d'ajuster les dérailleurs, aucun élément physique ne relie le pédalier à la roue arrière. On peut quand même se poser la question de la panne. Alors qu'une chaîne qui a déraillé se remet très facilement, ou qu'un dérailleur ne demande que quelques minutes pour être changé, que ferait-on avec ce système ? Qu'en est-il de sa solidité sur le long terme ? Il paraît difficile d'affirmer aujourd'hui qu'une personne lambda serait à même de réparer un vélo équipé du digital drive s'il tombait en panne.
Un autre avantage du digital drive est le changement de vitesse automatique. Le système existe déjà, mais il ne fonctionne pas exactement de la même manière ici. Le logiciel qui simule la chaîne capte la puissance que le cycliste envoie sur le pédalier et ajuste en direct le rapport de transmission en s'alignant sur la cadence de pédalage. Il en résulte un confort de pilotage accru et un ressenti plus fluide.
Désavantages et usages particuliers
On pourrait presque croire que ce système frôlerait la perfection. Eh bien, non. Son principal désavantage est qu'il est beaucoup moins efficace qu'une transmission classique. Lorsque vous pédalez sur un vélo traditionnel, environ 95 % de l'énergie sera transmise à la roue arrière. Avec le digital drive, ce chiffre plafonne à environ 60 %. Les raisons ? 20 % de l'énergie cinétique sera perdue dans le générateur, et quasiment la même chose sera absorbée par le moteur. Vous pédalez dans la semoule, littéralement.
Un autre gros désavantage, et non des moindres à vélo, c'est le poids. Un vélo équipé du digital drive pèse en moyenne 25 % plus lourd que son homologue traditionnel. C'est énorme pour un véhicule entraîné à la force humaine.
Cela condamne-t-il pour autant ce dispositif à ne pas être utilisé ? Pas forcément. Il pourrait trouver sa place dans les vélos couchés par exemple, qui sont souvent équipés de transmissions complexes à cause de leurs morphologies de cadre. Le digital drive pourrait simplifier cette conception. Les vélos cargos électriques, surtout les longtail, pourraient également trouver un avantage à cette technologie. En supprimant le système de transmission traditionnel, un bon gain de place est possible, augmentant ainsi la capacité de port. La caisse de transport serait aussi située plus bas, abaissant le centre de gravité, ce qui améliorerait la maniabilité de l'engin.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C'est certainement ce qu'auraient dit les Shadoks en regardant le digital drive. Plus lourd, moins efficace, ce système ne sera certainement pas généralisé à tous les vélos, en tout cas pas sous cette forme. En revanche, certains usages particuliers cités plus haut pourraient déjà en tirer un bénéfice.
Sources : Electrek, Cycling About