Pour le réveillon de Noël, Netflix nous invite à rejoindre Leonardo Di Caprio et Jennifer Lawrence afin de célébrer l'Apocalypse qui nous menace. Un programme irrésistible donc, pour l'un des grands films de cette fin d'année 2021.
- Vous aimez les castings quatre étoiles
- Vous avez un goût pour la comédie poil à gratter
- La fin du monde ne vous fait pas peur
- 2 heures 18, c'est un peu long pour vous
- Vous préférez les franches rigolades
- Vous êtes survivaliste
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique du film :
Fiche technique Don't Look Up - Déni cosmique
Titre original | Don't Look Up |
Date de sortie | 24 décembre 2021 |
Durée du film | 2H18 |
Réalisateur | Adam McKay |
Société(s) de production | Netflix, Hyperobject Industries |
Genre cinématographique | Science-Fiction, Comédie |
Plateforme de streaming | Netflix |
Classification | Tous publics |
Apocalypse Now
L'astronome Randall Mindy et sa doctorante Kate Dibiasky découvrent l'existence d'une comète qui s'écrasera sur la Terre dans un peu plus de six mois. Les deux scientifiques tentent d'alerter le gouvernement et l'opinion publique mais personne ou presque ne semble se soucier du danger imminent qui se profile à l'horizon…
Prévu à l'origine pour la fin d'année 2020 et repoussé d'une année pour cause de pandémie, le nouveau film d'Adam McKay, réalisateur de Vice mais aussi des géniaux The Big Short et Frangins malgré eux avec Will Ferrel et John C. Reilly, débarque enfin sur Netflix.
Le projet était hautement attendu par les cinéphiles, ne serait-ce que pour son casting cinq étoiles marqué par la présence de Leonardo Di Caprio, Jennifer Lawrence mais aussi Meryl Streep, Jonah Hill ou encore Cate Blanchett et Timothée Chalamet.
Si Don't Look Up est une pure comédie de science-fiction, le film verse dans la satire et se plait à nous confronter, sans trop avoir à forcer le trait, à notre société occidentale contemporaine, à ses paradoxes et à ses déviances. On rit souvent, oui, mais on rit jaune.
Idiocratie
S'il n'y avait qu'une seule raison d'appuyer sur le bouton « Lecture » de votre télécommande pour lancer Don't Look Up, ce serait pour la prestation de l'ensemble du casting. Leonardo Di Caprio est, sans grande surprise, impérial en professeur d'astronomie dépressif et dépassé par les évènements ; Jennifer Lawrence excelle en lanceuse d'alerte, et les second rôles jouent tous une partition exemplaire.
Mention spéciale à Meryl Streep, en clone féminin de Donald Trump qui réussit, dans un grand numéro d'équilibriste dont elle seule à le secret, à singer l'ancien président des Etats-Unis sans en donner la caricature grotesque attendue. Les séquences qui la mettent en scène, ainsi que son cabinet, poussent les potards à outrance et ne surclassent pourtant qu'à peine certains des plus mémorables instants de la dernière présidence américaine.
Par ailleurs, Don't Look Up ne se contente pas de se reposer sur sa brochette de stars et Adam McKay tient son récit d'une main de maitre dans une réalisation nerveuse impeccable. La caméra, quasi constamment à l'épaule, est toujours en mouvement autour des personnages pour nous immerger au mieux dans les situations. On peut également saluer le travail de la photographie, qui sans être exceptionnel s'efforce de donner une couleur à chaque scène et ne se contente pas d'être simplement illustratif.
C'est le montage qui nous a le plus scotchés sur notre siège durant les deux heures de film. Pour accentuer les effets comiques ou au contraire appuyer son propos, le metteur en scène n'hésite pas à multiplier les ruptures de ton, en insérant des plans sans rapport avec l'action mais pertinents pour le sens global de la séquence ; il interrompt les conversations en plein milieu d'une phrase ou joue avec les ellipses pour changer en un plan d'un lieu à l'autre, et ce, sans jamais perdre le fil de son histoire.
Don't Look Up enchaine ainsi son script à toute allure, sans baisse de rythme, et réussit à raconter autant voire plus de choses par sa simple mise en scène que par son scénario. Seuls quelques effets visuels un peu légers ternissent ce bien joli tableau, mais ici on pinaille, tant les séquences de pure SF sont rares et accessoires dans le récit.
Souriez, c'est la fin du monde !
Don't Look Up est finalement une étude aussi fun que chirurgicale de notre époque. Le film prend un malin plaisir à tirer à boulets rouges sur les réseaux sociaux, la collusion entre les gouvernements et les sociétés technologiques à travers le personnage du CEO du groupe BASH (une sorte de Google qui aurait fusionné avec Tesla), le populisme ou encore (et surtout) la société du spectacle dans son ensemble.
Même un événement aussi dramatique que la fin du monde doit être mis en scène, promu et vendu à la population pour être consommé sur un écran. Que ce soit le discours de la présidente ou la mission de sauvetage lancée par la NASA, tout est prétexte à faire un show son et lumière prêt à être consommé par le public.
Le personnage de la pop-star idiote interprétée, non sans une délicieuse auto-dérision, par Ariana Grande, vient enfoncer un peu plus le clou d'une démonstration implacable et à peine exagérée. Celui de Leonardo Di Caprio est quant à lui tiraillé entre déontologie scientifique et envie de paillettes, ce qui amènera ce brillant chercheur à écumer les plateaux de télévision, quitte à se retrouver petit à petit figure de proue d'un système médiatico-politique corrompu impossible à arrêter.
Evidemment, toute référence à une certaine crise sanitaire ou écologique n'est pas fortuite. Même si le scénario de Don't Look Up date d'avant l'apparition du COVID-19, on ne peut pas s'empêcher de comparer chaque scène avec les événements récents et y trouver des similitudes troublantes.
Seul le personnage de Jennifer Lawrence garde la tête froide face à cette folie furieuse et collective. C'est elle qui permet, de manière inconsciente, de reconnecter certains protagonistes et de faire basculer le scénario dans une émotion aussi sincère que puissante qui finit de transpercer les spectateurs.
Une fois le film terminé, un goût amer nous arrive en bouche. De fait, si Don't Look Up est une farce parfaitement assumée, les dernières séquences, désenchantées, ne prêtent plus à sourire mais bien à s'interroger sur la bêtise de notre monde et sa vacuité.
Adam McKay met une nouvelle fois, et avec talent, le doigt où ça fait mal dans un film tout simplement incontournable en cette fin d'année.
Porté par des comédiens au sommet de leur art, Don't Look Up est une comédie à la fois pêchue et grinçante qui n'a même pas besoin de forcer le trait pour se moquer de nos travers contemporains, sans négliger l'émotion dans ses ultimes minutes. Brillant d'un bout à l'autre.
- Vous aimez les castings quatre étoiles
- Vous avez un goût pour la comédie poil à gratter
- La fin du monde ne vous fait pas peur
- 2 heures 18, c'est un peu long pour vous
- Vous préférez les franches rigolades
- Vous êtes survivaliste
Don't Look Up est disponible sur Netflix depuis le 24 décembre 2021.
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