La clientèle de ces téléphones multifonctionnels s'élargit en effet, poussant les fabricants de périphériques à développer des oreillettes, claviers, hauts-parleurs et autres accessoires pour toutes les catégories d'utilisateurs, filles en particulier. Voilà qui fera le bonheur des « nanas de Shibuya », quartier de Tokyo peuplé de donzelles excentriques peinturlurées et désormais accros au « sumaho », comme l'illustre le mangaka japonais Jean-Paul Nishi.
Selon l'institut d'études japonais BCN, durant les dernières semaines de 2011, quelque 70 % des téléphones portables écoulés était des « smartphones » sous système d'exploitation Android de Google ou iOS d'Apple. Autrement dit, presque tous les nouveaux abonnés ou clients renouvelant leur mobile optent désormais pour un « sumaho », au détriment des traditionnels mobiles japonais, certes également très polyvalents, mais ne permettant pas de télécharger autant d'applications diverses.
Tous les opérateurs japonais sont en train d'augmenter peu à peu leur gamme et les accessoiristes rivalisent d'idées pour accompagner ce mouvement d'une ampleur fulgurante sans doute inconnue ailleurs. Les temples de l'électronique, comme Bic Camera ou Yodobashi Camera, alignent pour les smartphones des rayons sur plusieurs dizaines de mètres emplis d'oreillettes, casques, étuis, films de protection, décorations, hauts-parleurs (y compris étanches), claviers sans fil, systèmes de reconnaissance d'écriture manuscrite, etc. L'accent est notamment mis sur les périphériques Bluetooth, dont l'usage au Japon était auparavant plutôt en retard. L'intégration de cette technologie en standard dans les smartphones est la principale raison de l'engouement soudain.
Devraient aussi se vendre en masse cette année, selon les spécialistes, les appareils photo dits « sans miroir » qui ont déjà beaucoup fait causer d'eux l'année dernière et dont la gamme s'étend avec un nombre croissant de fabricants. Parmi les appareils à objectif interchangeable vendus au Japon, les « sans miroir » représentent déjà 40% du total. Après notamment Sony, Panasonic, Nikon ou Pentax, arrive Fujifilm. Pour le moment, Canon et Casio, deux grands acteurs de la photo au Japon, n'ont pas encore franchi le rubicon ou n'en ont pas l'intention, mais il leur faudra lutter avec des modèles compacts très performants ou bien, pour le second, de vrais Reflex plus petits encore. En attendant, en dépit du scandale financier dans lequel il est embourbé et qui sabote son image de marque, Olympus, pionnier en la matière, continue de faire la course en tête des ventes de « sans miroir » au Japon avec sa série Pen.
Les espoirs des vendeurs sont aussi placés en 2012 dans les liseuses et tablettes pour ouvrages numériques. De nombreuses librairies virtuelles ont ouvert l'an passé, dont celles des opérateurs de télécommunications mobiles NTT Docomo et KDDI, ainsi que Raboo, espace de livres et périodiques du site marchand Rakuten, avec entre autres une liseuse dédiée signée Panasonic, à laquelle s'ajouteront d'autres modèles.
A noter que le même Rakuten, qui nourrit de grosses ambitions internationales, a fait récemment l'acquisition pour 315 millions de dollars (228 millions d'euros) de la société canadienne Kobo. Cette acquisition marque une nouvelle étape pour Rakuten qui profite pleinement de la force de la monnaie japonaise pour étendre ses ramifications à l'étranger. Kobo est numéro un du livre numérique au Canada. L'entreprise, qui propose des terminaux de lecture enrichis de fonctionnalités attractives (liens avec les sites communautaires Twitter ou Facebook), revendique un catalogue de 2,5 millions de titres d'ouvrages principalement en anglais. Le distributeur français de produits culturels FNAC a choisi les liseuses Kobo, produits déjà proposés à l'étranger par les chaînes Wal-Mart, Best Buy, Target, Future Shop, WHSmith, Collins Booksellers et Whitcoull's. Kobo se présente ainsi comme l'une des rares sociétés du secteur à avoir été capable de résister au géant américain Amazon.
Ce dernier prévoit pour sa part de lancer cette année au Japon son terminal Kindle, lequel concurrencera aussi la gamme Reader de Sony.
Enfin, même si tous les foyers japonais sont déjà équipés d'un récepteur de télévision numérique terrestre (puisque le signal analogique a été stoppé en juillet 2011, hormis dans les trois préfectures les plus sinistrées par le séisme du 11 mars), les fabricants de TV escomptent un début de renouvellement du parc de modèles à écran plat ainsi que l'achat d'appareils plus performants, dont ceux se connectant à internet. Si des téléviseurs de ce type existent déjà au Japon depuis 2007, ils ne sont pas tous susceptibles d'accéder aux nouveaux contenus développés pour ce type de plates-formes. Reste que les prévisions sont toujours risquées. La montée en puissance attendue des modèles à affichage en trois dimensions (3D) ne s'est manifestement pas produite dans les proportions voulues. Les fabricants ont beau toujours pousser en ce sens, les clients ne s'enthousiasment apparemment guère. Les moins pressés patientent en outre en attendant que les tarifs chutent, ce qu'ils font continûment, contribuant au phénomène de déflation qui bride l'activité économique nippone.
Les prix des téléviseurs et d'autres appareils électroniques dévissent en effet d'un an sur l'autre de façon considérable. Ainsi, une TV à écran à cristaux liquides (LCD) de 32 pouces de diagonale qui valait en moyenne 64 000 yens (640 euros) en novembre 2010, ne coûtait plus que 388 euros un an plus tard. Un modèle de 40 pouces, lui, passait dans le même temps de 1 100 euros à 710 euros. Et la descente infernale se poursuit, obligeant les fabricants à ajouter de nouvelles fonctionnalités pour ralentir le phénomène ou à renoncer à produire leurs propres dalles de TV (Sharp, Sony) afin de réduire leurs coûts et de recouvrer une rentabilité.
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