Google et vie privée : les autorités tirent la sonnette d'alarme

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 30 janvier 2012 à 13h35


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En changeant sa politique de confidentialité, Google a suscité de vives réactions et les autorités américaines s'interrogent sur les motivations de la société californienne.

La semaine dernière, Alma Whitten, responsable du département Privacy chez Google, expliquait que la société allait procéder à un changement de sa politique de confidentialité au 1 er mars. Plutôt que d'avoir plus de 60 documents différents, Google n'en proposera qu'un seul valable pour l'ensemble de ses produits. Cette stratégie vise à permettre à l'ensemble des produits d'accéder à toutes les données de l'utilisateur tout en retournant de la publicité plus pertinente.

Une politique trop floue

Suite à cette annonce, huit sénateurs américains ont envoyé une lettre (PDF) au PDG et co-fondateur de Google Larry Page en demandant à ce que la société fournisse davantage d'informations d'ici la mi-février. En se basant sur un article du Washington Post, les sénateurs demandent qu'un processus d'opt-out soit disponible lorsque les consommateurs « ne sont pas à l'aise avec la politique de confidentialité d'une société ». Les représentants du Sénat américain ajoutent que les mobinautes choisissant Android sont obligés de s'authentifier sur un compte Google. Ils reviennent par ailleurs sur les problèmes précédemment rencontrés par Google sur son réseau Buzz qui obligèrent la société à avertir la FTC en cas de changement de sa politique de confidentialité.

Google doit alors partager davantage d'informations sur la manière dont ces données seront collectées, sécurisées, partagées entre différents produits et utilisées par des parties tierces. La société devra également préciser si elle archive ces données, si l'internaute est en mesure d'effacer celles-ci et si Google propose des protections supplémentaires pour les mineurs. Plus d'une vingtaine de questions sont ainsi précisément formulées afin de forcer Google à afficher davantage de transparence avec les internautes.

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Une simplification peu évidente

Betsy Masiello, chargée de la rédaction de cette politique de confidentialité, a tenté d'éclaircir certaines zones d'ombres en pointant les « fausses idées de notre politique de vie privée qui ont été premièrement publiées par le Washington Post ». Mme Masiello affirme ainsi que l'internaute a toujours le choix de ne pas partager ses données : « pour plusieurs de nos services vous n'avez pas besoin de vous identifier et notamment, Search, Maps et YouTube ». Elle ajoute que si l'internaute est identifié sur le réseau Google, il est toujours possible de désactiver l'historique de recherche, d'activer le mode Incognito au sein de Chrome, de ne pas archiver les conversations de GTalk au sein de Gmail et de peaufiner la manière dont les publicités sont affichées sur les produits Google.

« Nous ne collectons pas davantage de données à votre sujet », affirme-t-elle, avant d'ajouter : « nous simplifions les choses et nous essayons d'être francs à ce sujet. Point final. ». Paradoxalement, Betsy Masiello affirme qu'il est possible de séparer les données entre différents comptes « par exemple un pour YouTube et un autre pour Gmail ». L'on a alors du mal à percevoir la manière dont les choses sont effectivement simplifiées pour l'utilisateur.

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Google s'oppose aux propositions de Bruxelles

Parallèlement, Google s'est opposé aux propositions formulées par la Commission Européenne concernant la protection des données de l'internaute. Bruxelles souhaite obliger les sociétés à prévenir les autorités en cas de fuite de données, de permettre à l'internaute d'effacer celles-ci et de bénéficier systématiquement d'outils de migration.

Selon le Financial Times, lors du sommet Davos, David Drummond, Chief Legal Officer chez Google, ne s'est pas privé pour se moquer de ces propositions. En expliquant que l'adresse IP de l'internaute est parfois considérée comme une donnée personnelle, il explique que celui-ci devra systématiquement donner son accord pour partager son IP.

« Certains avancent que l'adresse IP est une information personnelle. Cela signifie qu'à chaque fois que vous naviguerez sur une page web vous verrez surgir une fenêtre pop-up. », affirme-t-il. Et d'ajouter : « nous sommes très inquiets à ce sujet et allons participer (à cette consultation européenne) afin de nous assurer que l'on ne casse pas l'Internet  ».
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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