Les équipes de Twitter ont récemment publié une mise à jour de leur approche de la modération, et de ses résultats jusqu'alors.
Ces derniers mois ont été riches en surprises pour les salariés de Twitter, qui ont souvent découvert par le bias des tweets de leur nouveau patron les orientations stratégiques de l'entreprise, voire leur licenciement. Mais les mieux servis en la matière ont assurément été les modérateurs, disproportionnellement affectés par les coupes de dépenses et surtout par la vision bien personnelle de la liberté d'expression d'Elon Musk. Et sans surprise, les discours violents, complotistes, ou généralement problématiques qui ont pullulé n'ont pas réellement convaincu les annonceurs de garder leurs publicités sur le réseau social.
Liberté d'expression, pas liberté d'audience
S'il se définit comme un absolutiste de la liberté d'expression, les actions d'Elon Musk ne sont pas toujours allées dans ce sens. Mais l'un de ses principes « freedom of speech, not freedom of reach » semble bien commencer à avoir une application concrète. En substance, ce principe signifie que n'importe qui peut poster n'importe quoi sur la plateforme, mais que personne ne peut prétendre à avoir une audience. Si la première partie de cette phrase n'est pas entièrement vraie, le site continuant épisodiquement à supprimer des contenus haineux, la deuxième a été explicitée dans le communiqué posté par la modération de la plateforme.
Concrètement, le réseau social a commencé, depuis avril, à limiter la visibilité de certains tweets qui ne respectaient pas la politique de contenu de la plateforme. Ces tweets, au nombre de 700 000 environ depuis le changement, reçoivent une étiquette qui indique que « la visibilité est limitée : ce tweet pourrait violer les règles de Twitter contre les comportements haineux ». Ces tweets, donc, voient leur visibilité réduite en moyenne de 81 %, réduisant ainsi la visibilité générale des messages de haine sur la plateforme. Twitter a également expliqué que dans plus d'un tiers des cas, les utilisateurs supprimaient d'eux-mêmes les tweets concernés, et ne faisaient presque jamais appel de la décision.
Mais surtout, les publicités ne peuvent plus s'afficher à côté des posts ainsi identifiés comme contraires aux règles.
Suffisant pour convaincre les marques ?
Ce dernier point, en effet, est clairement un appel du pied aux annonceurs, plutôt refroidis depuis le rachat du site par le milliardaire sud-africain, mais aussi par le retour en force des néonazis et autres comptes qui avaient été suspendus par la précédente équipe dirigeante. L'arrivée de Linda Yaccarino, spécialiste en publicités, à la place d'Elon Musk sur le fauteuil de P.-D.G. n'a pas l'air d'avoir suffi, et la concurrence de Threads, beaucoup plus policée car répondant aux mêmes lignes de conduite qu'Instagram, risque également de compliquer le retour des annonceurs, qui ont certes timidement commencé à revenir en 2023.
Il reste que si cette nouvelle approche est un compromis destiné à rassurer les marques et à convaincre quelques utilisateurs de rester, il entérine le fait que des messages clairement contraires aux propres règles de la plateforme y ont tout de même leur place. Simplement, cachés sous le tapis.
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