Tous les constructeurs veulent leur Tesla. Fort de sa maîtrise reconnue de l’électromobilité, Kia lance, dans les roues de la Model 3, une nouvelle EV6 qui joue une partition plus audacieuse que de coutume pour le constructeur. Rencontre avec une voiture coréenne d'un nouveau type.
Les constructeurs coréens n’étaient pas réputés jusqu’ici pour leur audace. Le plus souvent inspirées par les références allemandes, leurs automobiles jouaient la modernité de bon aloi, sans grandes innovations tant du point de vue du style que de la technologie. Sans crier gare, le groupe Hyundai Kia déroge à ses habitudes en profitant de la transition vers l’électromobilité. Kia l'a fait savoir avec un nouveau logo et un slogan remanié, censés incarner un changement fondamental d’orientation.
Une habitabilité de limousine
La première rencontre avec la Kia EV6 permet de prendre une mesure plus concrète de ce changement. Avec son capot ultra court, ses surfaces lisses et son arrière tranché, elle prend le risque de se démarquer, donc de déplaire. Ce style exprime en tout cas les possibilités offertes par sa nouvelle plateforme 100 % électrique, qui permet de loger les batteries sous le plancher et de récupérer de l’espace pour la cellule centrale et les passagers. Vue de près, elle donne l’impression d’être beaucoup plus longue que ses 4,68 m, une sensation renforcée par son empattement impressionnant de 2,90 m, plus proche de celui d’une limousine que de celui du segment des compactes, auquel elle prétend appartenir.
Lorsque l’on s’installe à bord, l’impression perdure. L’espace à l’arrière est considérable et, puisqu’il faut jouer le jeu des comparaisons, on y est beaucoup mieux installé qu’à bord d’une Tesla Model 3, le plancher n’imposant pas aux genoux de remonter vers le menton. Evidemment, l’absence de tunnel central profite au passager du milieu tandis que la modularité, très classique au demeurant, permet de profiter de dossiers réglables et d’un plancher totalement plat lorsque l’on rabat la banquette.
Le coffre propose 520 litres auxquels s’ajoute un coffre avant, totalisant 52 litres ou 20 litres selon les versions. Si Kia a bien Tesla en ligne de mire, il ne choisit pas la même radicalité en ce qui concerne le dessin de l’habitacle : pas question de dalle immense à tout faire au centre de la planche de bord, l’EV6 conserve la tradition automobile d’une instrumentation séparée même si elle est bien sûr numérique.
Un intérieur novateur sans être révolutionnaire
Peut-être conservatrices par rapport à d'autres constructeurs, l’ergonomie et l’esthétique restent très novatrices pour une Kia. Difficile de se faire une idée de la qualité des finitions sur ce modèle d’avant série, mais il y a matière à être surpris par le choix des matériaux.
Certains composants sont réalisé à partir de plastiques recyclés, tandis que la décoration de la finition « Design » apparaît un rien austère. Pour la première fois, le constructeur coréen renonce aux commandes manuelles de climatisation, remplacée par un bandeau tactile. Bien conçu et peu sujet aux traces de doigts, il intègre également les touches du menu du système multimédia. Ce dernier est identique à celui des derniers modèles de la marque, c’est-à-dire complet et moderne, mais pas idéal en matière d’intuitivité des menus.
À noter que tous les modèles vendus en France seront dotés de ce système et de l’écran 12,3 pouces, de même taille que celle de l’instrumentation. Le caractère futuriste de l’ensemble est complété par la console centrale flottante qui supporte le bouton rotatif de changement de rapports et le bouton de démarrage. Pour l’anecdote, signalons que Kia propose sur ce modèle une prise amovible qui permet de charger un autre véhicule, ce qui peut se révéler très utile en cas de risque de panne « sèche » loin d’une borne de recharge.
Une gamme complète
Si la voiture ne sera commercialisée qu’à la fin de l’année, son constructeur a dévoilé sa gamme complète, même si certaines appellations parmi les quatre finitions Active, Design, GT Line et GT ne sont pas définitives. En France, une seule taille de batterie, forte de 77,4 kWh sera proposée, une capacité proche de celle de la Model 3 estimée à 82 kWh depuis avril 2021.
En revanche, trois puissances seront disponibles : 228 ch pour la version propulsion d’entrée de gamme et 325 ch et 585 ch pour les variantes quatre roues motrices à deux moteurs. Une nouvelle preuve, s’il en fallait une, que Tesla a servi de modèle à Kia pour ces nouveaux modèles.
La plus puissante ne sera déclinée que dans la finition haut de gamme GT à 66 990 €, plus chère que la Model 3 Performance mais dotée en série de la conduite autonome de niveau 2, de l’affichage tête haute avec réalité virtuelle et de la peinture métallisée en série. La motorisation la moins puissante est logiquement celle qui annonce l’autonomie la plus importante, avec 510 km. C’est aussi bien entendu la moins coûteuse puisqu’elle est la seule à passer sous la barre des 50 000 €, à 47 990 €.
Un tarif situé très exactement entre celui de la Model 3 Standard Plus et la version Grande Autonomie. Aucune n’aura donc droit au bonus maximal de 6 000 €, puisque celui-ci est réduit à 2 000 € pour les montants situés entre 45 000 € et 60 000 €.
Il faudra attendre encore quelques mois pour mettre à l’épreuve ce nouveau modèle mais les attentes sont grandes. L’EV6 est en effet le premier modèle du groupe dotée d’une plateforme dédiée à l’électrique, et lorsqu’on connaît les bonnes performances énergétiques du Niro électrique, on peut légitimement espérer voir dans l’EV6 une sérieuse concurrente sur le marché.