Les services d'autoédition en ligne proposent, depuis de nombreuses années, aux auteurs ne pouvant pas se faire éditer par les moyens traditionnels de commander des exemplaires de leurs ouvrages, et de les commercialiser eux-mêmes - ou pas, d'ailleurs. Mais à l'heure du numérique, comment réagissent ces entreprises dont l'activité principale, à savoir l'édition papier, peut se retrouver menacer par les livres électroniques ? Réponse avec l'exemple de Books on Demand (BoD).
Société allemande présente en France depuis 4 ans, BoD se présente comme « une plateforme digitale de publication. » L'une de ses particularités est de proposer des tirages en très petite quantité, à partir d'un exemplaire, à un tarif accessible et dans un délai très rapide. Avec un modèle économique clairement basé sur le livre papier, on peut se demander comment BoD voit l'avenir à l'heure du numérique.
« On propose depuis maintenant un an la version numérique à nos auteurs » nous expliquait Noémie Derhan, chargée de relation chez BoD France, lors du salon du livre. « Notre objectif est de proposer nos ouvrages dans plusieurs formats, papier et numérique actuellement, pour que nos auteurs puissent toucher la cible la plus large, et les deux vont de pair. » ajoute-t-elle. Mais le résonnement va plus loin : « Avec le développement de l'ebook, les tirages papiers vont forcément se réduire dans les prochaines années, et c'est là que l'impression à la demande va avoir tout son intérêt. »
En somme, pour BoD, la hausse de l'arrivée du livre numérique va faire baisser les tirages papier, et entrainer une hausse de l'intérêt pour l'impression à la demande, alternative au tirage « en gros » qui ne sera plus nécessairement judicieux dans les prochaines années. Un constat que l'entreprise allemande n'est pas la première à faire, puisque déjà, en 2009, cette réponse était donnée par UniBook, service similaire, sur le salon du livre. Moins d'impressions, moins d'invendus : la bonne méthode face au livre numérique ?
Pour autant, BoD ne laisse pas de côté le livre électronique. Mais si la société propose des versions numériques de ses ouvrages, c'est seulement « en option » en plus d'une version papier. « 80% de nos auteurs optent pour une version numérique en plus de leur livre » explique Noémie Derhan. « Ça montre un réel intérêt de la part des auteurs mais aussi des lecteurs pour le numérique. » Le choix est stratégique et si BoD n'exclut pas, prochainement, de proposer des éditions numériques individuellement des éditions papier, l'entreprise voit ça comme un complément à son offre. « Aujourd'hui, le livre papier représente encore plus de 97% des livres vendus en France. La technologie est là, on attend de voir comment le marché se développe » conclut Noémie Derhan.
En somme, si les services d'impressions à la demande pourraient ressortir gagnants du développement du livre électronique, ce n'est paradoxalement pas en l'adoptant mais en tirant profit de la baisse du nombre tirage des ouvrages papier. Reste que cette tendance, si elle était avérée, pourrait en vérité toucher la globalité du secteur de l'édition, qui devrait alors revoir ses méthodes d'impression.