Enough, une entreprise écossaise réussit une levée de fonds de 40 millions d'euros pour doubler sa production de mycoprotéines. Son projet est de créer une alternative écologique à la viande en se servant de champignons.
Même si l'idée de produire des protéines à partir de champignons n'est pas récente, Enough est pour l'instant la seule entreprise qui semble avoir trouvé le moyen de la mettre en place de manière durable et économique. La production de viande alternative – comme la viande de synthèse par exemple – est un domaine fortement investi par la recherche ces dernières années. Et pour cause, l'élevage et la consommation de viande industrielle est une catastrophe d'un point de vue écologique. La mycoprotéine est-elle réellement une alternative à considérer sérieusement ?
Abunda : la mycoprotéine du futur ?
L'entreprise Enough a été fondée en 2015 par Jim Laird, un expert en opérations alimentaires, et s'appelait d'abord 3F-BIO. Tout au long de ces années, elle a concentré ses effort sur le développement d'une technologie plutôt innovante. En nourrissant un champignon parasite (Fusarium Venenatum) de sucres issus de matières premières renouvelables, celui-ci entame un processus de fermentation qui se traduit par la production de mycoproytéines.
Baptisée Abunda par la société, cette protéine serait durable et comporterait un arôme neutre en bouche ainsi qu'une texture filandreuse très proche de la viande. Sa teneur en fibres et en protéines serait élevée tout en restant pauvre en graisses. Celle-ci pourrait être utilisée comme matière première de base pour des produits comme de la viande (les Pays-Bas sont déjà en route pour devenir des pionniers dans le secteur de la viande cultivée en laboratoire), du poisson (une alternative de synthèse au vrai poisson existe déjà depuis quelques temps) ou des produits laitiers. Si l'on écoute les déclarations de l'entreprise, la protéine Abunda serait « 15 fois plus efficace que les protéines issues du bœuf ». Les détails de leurs calculs ne sont pas donnés, il faut donc relativiser ces propos. Cette mycoprotéine demanderait moins de ressources à la production et émettrait moins de CO2 que l'élevage classique.
Une réponse à la demande croissante de protéines alternatives
Enough compte se positionner en acteur clé de cette industrie sur le marché du B2B (commerce d'entreprises à entreprises) en répondant à l'augmentation de la demande d'alternatives à la viande classique. L'entreprise estime que la demande en mycoprotéines excédera sa capacité totale de production au second semestre de l'année 2024.
À la base, Enough pouvait produire environ 10 000 tonnes par an dans son usine située aux Pays-Bas. Grâce à ce nouveau financement, elle espère atteindre les 60 000 tonnes annuelles et projette même de parvenir au million de tonnes cumulées en 2032. Enough devrait également ouvrir de nouveaux lieux de production, avec l'Amérique du Nord en ligne de mire.
L'entreprise écossaise semble optimiste sur son avenir, avec des projections financières plus que positives. Le poids environnemental de l'élevage est certain, et la recherche d'alternatives comme la viande de synthèse ou la production de viande d'insecte sont aujourd'hui perçues comme des solutions potentielles. Toutefois, le vrai défi ne sera pas de produire, mais de convaincre le consommateur de troquer une vraie entrecôte contre un simulacre de viande.
Source : Tech Crunch