Le groupe Amazon explique vouloir défendre les revenus des auteurs et des éditeurs… Mais protège surtout son modèle économique de vente à l'utilisateur, bien plus lucratif.
Le prêt de e-book par les bibliothèques a explosé depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Amazon est aujourd'hui l'un des éditeurs d'e-books les plus importants aux Etats-Unis
Parmi les éditeurs les plus populaires sur le marché du livre numérique aux Etats-Unis on retrouve bien évidemment Amazon. Depuis la sortie de la liseuse Kindle, la société de Jeff Bezos est devenue l'un des éditeurs les plus importants d'e-books mais aussi de livres audio regroupés sous la marque Audible. Selon les dernières études réalisées sur le sujet, six e-books parmi les dix les plus vendus sur Amazon sont également publiés par le groupe.
Amazon est pourtant le seul éditeur qui refuse de vendre ses e-books aux bibliothèques. Le e-marchand estime en effet que les conditions financières ne sont pas suffisantes pour mettre à disposition ses ouvrages.
« Il n'est pas clair pour nous que les modèles actuels de prêt numérique aux bibliothèques équilibrent équitablement les intérêts des auteurs et des usagers des bibliothèques », se justifie Mikyla Bruder, responsable du marketing mondial chez Amazon Publishing interrogé par le Washington Post.
Le e-marchand protège son modèle économique, sans se soucier des questions d'accès à la culture
Amazon serait toutefois en train de négocier avec l'ONG Digital Public Library of America pour distribuer des e-books aux bibliothèques du pays. Ses discussions, si elles aboutissent, ne concernent toutefois pas les livres édités par Amazon ou Audible.
Le géant de la vente en ligne préfère finalement garantir son modèle économique et vendre ses e-books à chaque utilisateur via sa plateforme Kindle plutôt qu'à une poignée d'établissements que les rendrait accessibles à de nombreux lecteurs.
Les bibliothèques paient pourtant leurs e-books bien plus chers que les particuliers, entre 40 et 60 $ et jusqu'à 100 $ pour les titres les plus populaires. Amazon estime toutefois que le revenu serait bien inférieur à celui de la vente au détail. Le géant souhaite également par ce refus mettre en avant son offre d'abonnement Kindle, qui propose 1 million de titres pour un prix de 9,99 € par mois.
Ces pratiques, qui peuvent être considérées comme monopolistiques, sont vivement décriées par l'American Library Association, une organisation qui promeut la mise en place et l'amélioration des bibliothèques : « Il s'agit d'une nouvelle forme particulièrement pernicieuse de fracture numérique ; les livres d'Amazon Publishing ne sont disponibles que pour les personnes qui ont les moyens de les acheter, sans l'alternative de la bibliothèque dont disposaient auparavant des générations d'Américains ».
Source : The Washington Post