Le patron français de Huawei, Shi Weiliang, est revenu sur la crise dont est victime la société chinoise. Celui-ci indique que la firme ne remettra pas tout en cause du fait "d'un papier signé par les États-Unis."
Présent au salon Ready For IT, dont la première édition se tient à Monaco cette semaine et à laquelle Clubic participe, pour animer une keynote autour de la 5G et de la smat city, Shi Weiliang, directeur général de Huawei France, s'est exprimé sur les déboires de la firme de Shenzhen, qui traverse incontestablement la plus grande crise de son histoire. Son discours laisse, certes, place à la discussion et à l'ouverture. Mais sans doute inquiète et lassée par la menace qui pèse à son encontre, la société Huawei commence à sortir ses griffes.
"Les États-Unis nous mettent dans une situation très difficile"
Lundi, et sous pression de l'administration Trump, Google a pris la décision de retirer à Huawei sa licence Android. Depuis, beaucoup de choses ont pu se passer, et de nombreuses déclarations ont pu fuser. Au final, le géant chinois a obtenu du Département américain du commerce un sursis de 90 jours, courant jusqu'au mois d'août, une information que nous confirme une source en interne.Il n'empêche que le mal est fait, et le moment ô combien délicat à traverser pour Huawei. "Aujourd'hui, les États-Unis nous mettent dans une situation très difficile", a déclaré Shi Weiliang. "Je pense qu'aujourd'hui, la position de Huawei dans la technologie 5G entre en conflit avec la stratégie que les États-Unis établissent" sur cette dernière, estime le directeur général France de l'entreprise. "Les USA ont érigé l'American First, qui consiste à ne pas être dépassé. Mais ce n'est pas notre intention de prendre une plus grande part de marché, ce n'est pas notre intention d'avoir la meilleure technologie, c'est juste le résultat", ajoute-t-il.
Huawei confirme les négociations avec Google et rassure les Européens
Lors de sa keynote, Shi Weiliang a tenu à rassurer son auditoire, même si le tableau reste sombre. "L'utilisation de tous les smartphones actuels de Huawei en France et en Europe est aujourd'hui assurée par Huawei et par Android (Google)", indique-t-il. Cela signifie donc qu'officiellement, et pour l'instant, vous pouvez continuer d'utiliser toutes les applications de Google, et aussi faire les mises à jour de sécurité nécessaires.S'agissant des prochains produits de la marque, "ça peut être un P40 ou un Mate 40 l'année prochaine", Shi Weiliang est évidemment plus modéré, confirmant être "en train de négocier avec Google (Android) pour rendre les meilleurs services", tout en évoquant une "responsabilité" de mener ces négociations et en rappelant que plus de 2 milliards d'utilisateurs sont équipés d'un appareil Huawei.
"Malgré ce papier signé par les États-Unis, nous restons sereins" affirme Huawei
Après avoir rappelé l'investissement de 15% du chiffre d'affaires annuel de la société dans la technologie 5G, Shi Weiliang a souligné que Huawei reste une société possédée par ses employés, entraînant de fait une triple responsabilité de l'entreprise. Cette dernière est à la fois salariale : "Nous avons 180 000 employés de différentes nationalités, et nous ne pouvons pas les licencier à cause d'un papier signé par les États-Unis", précise le dirigeant. Elle est aussi sociale : "Lorsque nous regardons les impôts payés dans tous les pays où nous sommes présents et les créations d'emplois sur ces trente dernières années, on ne peut pas tout renier à cause d'un papier signé." Enfin, il existe une responsabilité clientèle : "Si nous disparaissons d'un coup, comment répondre à tous les besoins et comment prendre ses responsabilités face à des gens qui ne pourraient plus communiquer ?", se demande la société.Huawei a bien l'intention de rester dans le marché et de collaborer avec l'ensemble des acteurs de l'écosystème. "Nous avons un plan B, c'est-à-dire que nous pouvons être fiers de dire que, malgré ce papier signé par les États-Unis, nous restons sereins de continuer notre business, avec nos clients, nos utilisateurs et tous les acteurs de l'écosystème."