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La firme finlandaise a eu un impact profond sur l'industrie de la téléphonie mobile et a été considérée pendant de nombreuses années comme le géant à abattre. Mais, incapable de prendre le virage du smartphone moderne, elle connait un déclin inexorable depuis la fin des années 2000.

Rachetée par HMD Global en 2016, la marque Nokia a bénéficié d'une bouffée d'oxygène après la période Windows Phone, et la fin douloureuse de cet OS qui n'a pas réussi à s'imposer. Mais, les choses pourraient de nouveau prendre une tournure dramatique.

En effet, Jean-François Baril, PDG de l'entreprise finlandaise, a annoncé cette semaine qu'il allait s'appuyer sur la marque HMD pour développer un nouveau catalogue de smartphones. Si l'homme d'affaires promet que cette nouvelle gamme évoluera parallèlement aux appareils Nokia, il est difficile de ne pas y voir un signe avant-coureur de la fin définitive de l'une des plus grandes icônes de la téléphonie mobile.

Un pionnier de la téléphonie mobile

Fondée en 1865, en Finlande, Nokia fait ses débuts dans l'industrie du papier, avant de se diversifier dans le caoutchouc et, un siècle plus tard, dans l'électronique. L'histoire de la firme et des télécommunications commence finalement dans les années 70 et 80.

À l'époque, il n'est pas question de fabriquer des téléphones portables, mais plutôt de répondre aux commandes du gouvernement et de l'armée. Considérée à l'époque comme une sorte de « Japon des pays nordiques », la Finlande se modernise rapidement et Nokia joue un rôle essentiel dans la mise en place de la première infrastructure de téléphonie mobile du pays.

C'est dans ce contexte qu'elle a commencé à commercialiser des téléphones mobiles à partir de 1982, malgré le scepticisme de ses dirigeants à l'égard de cette technologie. Si le premier appareil de cette catégorie était l'encombrant Mobira Senator, c'est avec un de ses successeurs que Nokia commence à se faire connaitre du reste du monde.

En effet, grâce aux accords commerciaux conclus entre la Finlande et l'Union soviétique, l'entreprise arrive à mettre son premier téléphone portable « compact » entre les mains d'un certain… Mikhaïl Gorbatchev. La photo du dirigeant de l'URSS passant un appel à l'aide d'un Mobira Cityman a marqué les esprits, symbolisant le début d'une nouvelle ère pour Nokia.

Un symbole des années 90

Enfin consciente du potentiel des téléphones portables, la firme finlandaise se lance à corps perdu dans ce marché et commence à développer et à commercialiser des produits destinés à un public plus large. Les modèles se succèdent et donnent le ton à l'ensemble du secteur.

En 1992, le Nokia 1011 est le premier téléphone portable GSM produit en série. Quatre ans plus tard, l'entreprise sort son premier smartphone, le Nokia 9000 Communicator, capable d'envoyer des mails et de surfer sur le web. Un fiasco commercial, qui ne ternit toutefois pas l'image de Nokia, qui sort la même année le 8810, le fameux « banana phone » utilisé par Neo dans le premier film de la trilogie Matrix.

Si c'est en 1997 que l'entreprise devient le leader mondial de la téléphonie mobile, c'est en 1999 que sort le 3210, une tentative réussie d'étendre les téléphones portables à une audience toujours plus large. Son successeur, le 3310, est devenu une icône pour la marque et reste l'un des appareils électroniques les plus reconnaissables du début des années 2000.

Nokia continue de marquer les esprits, avec la sortie du 6650 en 2003, le premier appareil 3G au monde, et du 7650, son premier modèle à mettre l'accent sur la photographie. Ce dernier apparaît même dans le film de science-fiction Minority Report, prouvant que la marque est devenue un symbole du progrès technologique dans la culture populaire.

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L'entreprise s'est efforcée de préserver cette image, en expérimentant de nouveaux designs et en cherchant à façonner le téléphone de demain. Le N-Gage, véritable pari sur les jeux mobiles, en est certainement l'un des meilleurs exemples. L'appareil a cependant été un échec critique et commercial, et l'un des premiers signes d'une chute à venir.

Le passage douloureux à l'ère des smartphones

Le premier coup de semonce est donné par le Motoral Razr V3, dont la popularité est telle que Nokia décide d'inonder le marché avec des produits d'entrée de gamme. L'entreprise reste toutefois leader du secteur et sort de véritables succès, comme le Nokia 1100. Commercialisé de 2003 à 2009, celui-ci reste à ce jour le téléphone portable le plus vendu au monde, avec près de 250 millions d'unités écoulées.

Mais, au début de l'année 2007, un nouvel acteur fait une entrée en fanfare sur le marché de la téléphonie mobile : une certaine firme à la pomme croquée. Son iPhone, équipé d'un écran tactile capacitif et d'un système d'exploitation bien pensé, a connu un énorme succès. Cependant, chez Nokia, on n'y croit pas tellement. L'appareil serait trop cher, trop fragile et surtout primitif avec sa connexion 2G.

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Les dirigeants de l'entreprise finlandaise se sont toutefois rendu compte que le secteur allait opérer une transition vers le tactile. Un an plus tard sort le Nokia 5800 XpressMusic, un smartphone tactile bien construit, mais propulsé par Symbian, un système d'exploitation maison qui n'était pas aussi convaincant qu'iOS. Pour la petite histoire, Nokia rejettera plusieurs années plus tard un possible partenariat avec Google, estimant qu'Android ne serait qu'une solution à court terme. Pourtant, avec le HTC Dream, le géant de la recherche s'est vite placé en fer de lance de la riposte à Apple.

Fin des années 2000, la firme doit donc, d'un côté, se moderniser, et de l'autre, faire face à un BlackBerry qui progresse rapidement. Complètement désemparée, l'entreprise finlandaise ne trouve pas la bonne formule pour rivaliser avec la concurrence, et n'est plus leader du marché à partir de 2009. Dans sa chute désormais inexorable, elle place à sa tête un certain Stephen Elop, anciennement en charge de la division Business de… Microsoft.

L'ombre d'un géant

Le plan de l'homme d'affaires canadien n'était pas mauvais, à première vue. Si Nokia manquait d'un OS compétitif, Microsoft cherchait des constructeurs pour imposer le sien. En 2011, les deux entreprises ont donc uni leurs forces pour sortir deux nouveaux smartphones fonctionnant sous Windows Phone : les Lumia 710 et 800. Très appréciés tant sur le plan matériel que logiciel, ces appareils ont incité l'entreprise finlandaise à réitérer l'expérience à plusieurs reprises. Le fleuron de la gamme demeurera le Lumia 1020, sorti en 2013, et qui a impressionné le public tant par ses performances que par son remarquable capteur photo de 41 mégapixels.

Mais, les ventes n'ont pas été à la hauteur. Si Windows Phone est un OS puissant et intuitif, les développeurs tiers tardent à créer des applications. La plateforme étant peu compétitive, Nokia doit vendre sa division mobile à Microsoft pour 5,44 milliards de dollars. Le coup de grâce est cependant porté en 2014, lorsque le géant américain annonce qu'il n'affichera plus la marque finlandaise pour vendre ses smartphones, qui porteront désormais le nom de Microsoft Lumia.

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En 2016, le succès n'étant toujours pas au rendez-vous, l'activité téléphonie mobile de Nokia est vendue à Foxconn pour 350 millions de dollars. La même année, le nom de la marque tombe dans l'escarcelle de HMD Global. La start-up, qui a installé ses bureaux juste en face de ce qui reste du géant finlandais, cherche alors à capitaliser sur le facteur nostalgie en sortant des téléphones qui reprennent les lignes du 3310 ou encore du 8810. Il mise aussi sur des smartphones Android d'entrée et de milieu de gamme, à l'image du G22, qui met l'accent sur la réparabilité.

Un avenir plus qu'incertain

Mais aujourd'hui, le nom de Nokia ne serait-il pas devenu maudit ? Peut-être pas, mais il semblerait que la marque appartienne à une époque révolue. En effet, le PDG de HMD Global a récemment fait une déclaration qui ne trompe personne : « Nous sommes prêts à franchir la prochaine étape de notre voyage : entrer sur le marché de manière indépendante, comme une force capable de créer un nouveau monde pour les télécommunications, centré sur les besoins des consommateurs. »

Le dernier grand fabricant européen de smartphones doit s'imposer sur un marché de plus en plus concurrentiel, mais également en pleine mutation du fait de nouvelles volontés politiques. Après s'être imposé dans le paysage de la téléphonie mobile pendant tant d'années, Nokia ne peut probablement plus se démarquer face aux nouveaux mastodontes du secteur. D'autant que son nom est aussi au centre d'une autre bataille technologique : celle des télécommunications, qui se trouvent de plus en plus au cœur des enjeux géopolitiques mondiaux.

Source : 9to5Google