Acteur historique de la cartographie, renforcé par l'acquisition des actifs de Navteq en 2008, Nokia fait pour de bon sortir ses cartes de ses terminaux avec le lancement, mardi, de Here, une nouvelle marque dédiée à ses services de localisation et de calcul d'itinéraires. Témoin de ce lancement, le site Here, qui accueille désormais un service grand public de cartographie, positionné comme un concurrent direct des outils de type Google Maps ou Bing Maps. Nokia a dans la foulée annoncé que le service, évolution du Nokia Maps précédemment disponible, serait prochainement porté sur d'autres terminaux mobiles que ses propres Windows Phone : sur iOS d'abord, par l'intermédiaire d'une application réalisée sur une base HTML5, sur Android, puis sur le futur Firefox OS, par l'intermédiaire d'un partenariat avec Mozilla.
Here.com : nouveau venu dans la cour des services de cartographie
Google, Microsoft, mais aussi Michelin ou l'IGN : les éditeurs qui proposent un service de cartographie en ligne gratuit, accessible par l'intermédiaire du navigateur, devront désormais compter avec un nouvel acteur, Nokia. Sur un PC ou une tablette, Here.com reproduit en effet la plupart des fonctionnalités de ses prédécesseurs, avec localisation, recherche de points d'intérêt ou d'adresses, et calcul d'itinéraire, avec modes piétons, voiture et transports en commun. La carte est dispensée selon trois versions : plan proprement dit, terrain, ou vue satellite. On y retrouve par ailleurs des contenus contextuels (photos des monuments par exemple) et de nombreuses vues 3D dans une trentaine de grandes villes.
L'interface respecte les canons du genre : les internautes déjà coutumiers des services concurrents ne seront donc pas déstabilisés. Nokia promet toutefois la possibilité d'aller plus loin, avec des fonctions de contribution, devant à terme permettre à l'utilisateur de signaler une erreur sur la carte, une modification de circulation, ou des points d'intérêt supplémentaires. Celles-ci semblent toutefois réservées, pour l'instant, à certaines parties du monde. En attendant leur extension, Nokia propose un dispositif baptisé Collections, permettant à l'utilisateur d'archiver et de classer des points d'intérêt, afin d'ensuite y accéder depuis le terminal de son choix. Le service requiert dans ce cas la création d'un compte Nokia. Aux Etats-Unis, l'info trafic est également de la partie dans les grandes métropoles.
« Avec Here, nous étendons nos 20 ans d'expertise dans le domaine de la localisation à de nouveaux appareils et de nouveaux systèmes d'exploitation qui dépassent Nokia. En conséquence, nous pensons que toujours plus de gens profiteront de notre position de leader dans les services de cartographie et de localisation et y contribueront », se félicite Stephen Elop, p-dg de la firme finlandaise.
Demain sur iOS et Android, puis sur Firefox OS
La grande annonce corollaire du lancement de ce service Web est en effet la promesse de l'arrivée prochaine d'un client Here dédié à iOS, le système d'exploitation mobile d'Apple, qui fait justement l'objet de critiques depuis que la marque à la pomme a choisi d'abandonner Google Maps au profit de sa propre cartographie. Nokia promet, dans « quelques semaines », un client basé sur le HTML5, doté de fonctionnalités de guidage et partiellement accessible en mode déconnecté. Il devrait donc se révéler possible de télécharger des portions de carte sur son terminal, afin de profiter des cartes et de la navigation même sans connexion à Internet. « Il intègrera des fonctions hors ligne, le guidage vocal lors de la navigation piétonne et les plans des transports en commun », promet Nokia dans un communiqué. Jusqu'ici, Nokia Maps était accessible sur mobile, guidage vocal inclus, mais uniquement par l'intermédiaire du navigateur.
Non contente de ce premier portage, la firme finlandaise a annoncé qu'un client serait également mis à disposition des utilisateurs de terminaux Android, mais aussi la signature d'un accord avec la fondation Mozilla, visant à le décliner dès que possible sur le futur Firefox OS. Sur Android, Nokia évoque la mise à disposition, début 2013, d'un kit de développement (SDK) permettant aux éditeurs d'applications tierces de faire appel à ses cartes dans leurs propres logiciels.
La stratégie Here everywhere ?
Jusqu'ici, Nokia utilisait principalement ses cartes dans l'univers B2B (voir les accords récemment passés avec Oracle ou Amazon), ou comme argument commercial pour ses propres terminaux : rappelons que les Windows Phone du finlandais viennent équipés par défaut de la cartographie hors ligne Nokia Drive. Avec la mise en branle de cette nouvelle stratégie horizontale, le finlandais confirme son intention de s'imposer comme un acteur de poids sur ce terrain, en s'ouvrant à tous les terminaux, sans distinction d'OS ou de fabricant. Lui qui revendique une présence sur les six continents et la capacité à opérer plusieurs millions de corrections par jour à ses cartes a par ailleurs annoncé mardi l'acquisition de la société californienne Earthmine, spécialisée dans la capture et la modélisation en 3D des bâtiments.