La Commission européenne, en partenariat avec des autorités nationales de protection des consommateurs, a publié la semaine dernière un rapport sur les pratiques de manipulation des sites de e-commerce.
Et ses conclusions sont sans appel : sur presque 400 sites étudiés, près de 40 % se livreraient à des pratiques manipulatrices, voire malhonnêtes. Sont surtout visés les sites dont la construction semble faite pour duper les consommateurs, en leur donnant de fausses informations, ou en en dissimulant d'autres.
Qu'est-il reproché à ces boutiques en ligne ?
« II ne vous reste que 45 minutes pour profiter de notre offre ! » Comment résister à un tel appel ? 92 % de réduction, ça ne se refuse pas ! Pourtant, l'offre ne va pas changer dans 45 minutes, les opérateurs du site vont simplement relancer un compte à rebours. Vous avez probablement déjà vu l'un de ces faux comptes à rebours sur un site de e-commerce. La pratique, pourtant, est illégale puisqu'elle est tout simplement mensongère. Elle fait partie des trois pratiques de manipulation visées par ce rapport, et sur les 3 999 sites étudiés, 42 sont concernés.
Cette enquête a relevé une autre pratique très répandue : 54 des boutiques en ligne analysées étaient, en effet créées, de manière à orienter clairement leurs visiteurs vers certains choix pourtant pas leur avantage, en les incitant très fortement à souscrire à des options ou des abonnements plus onéreux, dont ils n'ont pas réellement besoin.
Enfin, 70 des sites étudiés cachaient clairement des informations importantes aux consommateurs qui s'y rendaient. Ces informations peuvent porter sur des options de livraison moins chères ou la composition des produits achetés par exemple.
Par ailleurs, 27 des 102 applications liées à l'un ou l'autre de ces sites étaient concernées par au moins l'un de ces trois manquements.
Quelles conséquences pour les sites concernés ?
Le fait que des boutiques en ligne jouent avec les règles, quand elles s'y intéressent seulement, n'est pas extrêmement surprenant, surtout au vu des risques encourus jusqu'alors. Mais cela pourrait désormais changer. En effet, la prochaine étape du processus consiste, pour chaque autorité nationale de défense des consommateurs, à se mettre en contact avec les sites concernés afin de leur demander de se mettre en conformité. Faute de quoi, des mesures supplémentaires, dont le rapport ne précise pas la nature, pourraient être prises.
Cette large enquête a été réalisée dans un cadre plus large de protection des consommateurs en ligne. En effet, l'effort plus global va également porter sur une sensibilisation plus importante des pratiques de concurrence déloyale des professionnels en ligne. Enfin, une consultation publique européenne a été mise en place, et vous avez jusqu'au 20 février pour y apporter votre grain de sel si vous le souhaitez.