Décollage du lanceur Electron. La version réutilisable est sensiblement identique, avec quelques protections discrètes en plus. Crédits : Rocket Lab
Décollage du lanceur Electron. La version réutilisable est sensiblement identique, avec quelques protections discrètes en plus. Crédits : Rocket Lab

Le 4 novembre dernier, Rocket Lab tentait à nouveau d'attraper le premier étage de sa petite fusée Electron avec un hélicoptère en vol. L'opération, qui a lieu depuis la Nouvelle-Zélande, s'est soldée par un échec, mais l'entreprise ne baisse pas les bras. La récupération et la réutilisation, ce n'est pas si facile…

Et ce, même si SpaceX a déjà perfectionné l'opération.

Réussir le décollage… et la suite

Electron étant un petit lanceur orbital qui n'était pas initialement conçu pour être réutilisable, les essais des modifications qui lui ont été apportées pour récupérer le premier étage et ses neuf moteurs Rutherford ont lieu lors de campagnes de tir vers l'espace un peu particulières.

En effet, l'objectif principal reste toujours de réussir la mise en orbite de la charge utile, ici le satellite scientifique suédois MATS de 59 kg à emmener sur une trajectoire circulaire à 585 km d'altitude. De ce côté-là, mission réussie pour Rocket Lab : après un décollage le 4 novembre à 18 h 27 depuis le site de lancement de Mahia en Nouvelle-Zélande, l'entreprise a réussi la mise en orbite… Confirmant au passage la hausse importante de sa cadence de vol en 2022 (9 fusées Electron).

Mais le premier étage de la fusée était particulier, équipé spécialement pour être récupéré par l'entreprise, qui tente sur le moyen terme de réutiliser partiellement Electron. Une tentative qui, pour la deuxième fois cette année, s'est soldée par un échec.

Attraper l'étage avant la mer

Contrairement à SpaceX, qui utilise les moteurs de l'étage de sa fusée Falcon 9 pour se freiner avant et pendant la traversée de l'atmosphère avant de se poser, Rocket Lab avec sa fusée Electron ne peut se permettre pour des questions de performance, de conserver des ergols et de rallumer ses moteurs. Il faut donc une solution alternative pour freiner puis récupérer l'étage de la fusée avant que ce dernier s'abîme en mer.

Les équipes ont déjà passé avec succès la majorité des étapes pour y arriver… Le premier étage d'Electron s'oriente, puis freine en conservant une orientation particulière tout au long de sa traversée des couches les plus complexes de l'atmosphère à haute vitesse. Une fois à basse altitude, il déclenche son parachute, qui lui permet de freiner à quelques kilomètres-heures seulement.

Mais pour ne pas avoir à récupérer l'étage dans l'océan (l'eau salée corrode le matériel et s'il est récupérable il faut énormément de temps pour tout vérifier et nettoyer), il faut ensuite l'attraper grâce à un hélicoptère spécial équipé d'un crochet pour capturer le parachute. Une étape très complexe, non seulement pour l'approche mais aussi parce qu'un hélicoptère est un appareil habité, et qu'il s'agit donc de garder l'équipage en sécurité à tout moment.

Images de la tentative du premier semestre 2022. Crédits : Rocket Lab
Images de la tentative du premier semestre 2022. Crédits : Rocket Lab

La sécurité d'abord, la réussite ensuite

La tentative du premier semestre avait failli réussir, l'hélicoptère ayant accroché le parachute… mais avec l'étage accroché, le vol avait subi trop de perturbations et l'équipage avait choisi de larguer le grand morceau de fusée (12 m de long, 1,2 m de diamètre). Cette fois-ci, la tentative a été annulée plus tôt encore. En effet, le booster de la fusée a perdu le contact avec la salle de contrôle au cours de sa descente, il n'était donc plus possible de le localiser. Ce qui, pour une mesure de sécurité a mené à évacuer la zone. Car naturellement, il existe une faible probabilité pour que l'étage arrive pile au-dessus de l'hélicoptère… Le temps de récupérer la liaison, la tentative n'était plus possible. Il y a fort à parier néanmoins que Rocket Lab tentera à nouveau l'aventure d'ici quelques mois !

La facilité apparente avec laquelle SpaceX récupère les premiers étages de ses lanceurs (déjà 50 retours réussis cette année, en autant de tentatives) ne doit pas faire oublier que l'entreprise américaine a aussi beaucoup investi, y compris en temps et en prototypes entre 2010 et 2015 pour récupérer l'élément principal de Falcon 9. Un succès qui se construit encore aujourd'hui… et qui reste relativement unique alors même que de nombreux autres constructeurs de lanceurs préparent des fusées partiellement réutilisables.