Le Redmi Note 8T n'est en fait rien d'autre que la version internationale du Redmi Note 8 sorti en Chine à la fin de l'été. Dévoilé discrètement lors d'une conférence madrilène au cours de laquelle Xiaomi officialisa le Mi Note 10, le petit Note 8T a rapidement été éclipsé par la star de l'événement.
Mais l'oublier trop vite serait une erreur. Redmi — filiale de Xiaomi spécialisée dans l'entrée de gamme — s'est en effet créé une solide réputation dans la conception de smartphones à petit prix aux concessions bien choisies. Et exactement comme le Redmi Note 7 dont ce 8T vient prendre la suite, nous avons surtout à faire à un excellent rapport qualité prix.
Redmi Note 8T : la fiche technique
Si vous cherchez un smartphone innovant, passez votre chemin. Comme souvent sur cette gamme de prix, Redmi se concentre avant tout à remettre à niveau un certain nombre des composants des éditions précédentes. Et histoire de se caler sur le nouveau fanfaron Realme qui commence à faire un sacré boucan, Redmi d'introduire un modèle à quatre APN.Le Redmi Note 8T, c'est :
- Écran : LCD IPS de 6,3 pouces affichant une définition de 2340 x 1080 pixels (409 ppi) et couvrant environ 80% de la surface avant
- SoC : Snapdragon 665 (11 nm) avec processeur octo-core (4x 2,0 GHz + 4x 1,8 GHz) et GPU Adreno 610
- Mémoire vive : 4 Go
- Stockage interne : 64 ou 128 Go (extensible jusqu'à 256 Go via microSD)
- Batterie : 4 000 mAh, recharge rapide jusqu'à 18 W. Ne supporte pas la charge sans-fil.
- Étanchéité : Non certifié
- Prise jack 3,5 mm : Oui
- Appareils photo arrière : capteur 48 MP (ƒ/1,79) de 1/2" équivalent 26 mm + 8 MP (ƒ/2,2) de 1/4" ultra grand-angle équivalent 13 mm + 2 MP (ƒ/2,4) 1/5" pour la profondeur + 2 MP (ƒ/2,4) 1/5" dédié à la macro
- Vidéo : 2160p 30 ips ou 1080p 30/60 ips
- Appareil photo avant : 13 MP (ƒ/2,0)
- Capteur d'empreintes : Oui, au dos
- Recharge inversée : Non
- Double SIM : Oui
- Compatible 5G : Non
- Connectivité : Wi-Fi 802.11 a/b/g/n/ac, Bluetooth 4.2, NFC
- OS : Android 9.0 + MIUI 10
- Coloris : Noir, bleu,blanc
- Prix : 199€ ou 229€ pour la version 4+128 Go
Du classique donc, mais du bon côté du spectre. Très concrètement, ce modèle progresse vis-à-vis du Redmi Note 7 via l'intégration d'un SoC plus récent, et d'une partie photo comportant quatre objectifs contre deux sur le smartphone du début d'année.
Dans la boîte, pas de surprise non plus. Un coque en silicone transparent, un adaptateur secteur 18 W et son câble USB-C ainsi qu'une paire d'écouteurs filaires sont au programme.
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Un design générique et efficace
Trouver les bons mots pour parler d'un smartphone d'entrée de gamme est délicat. C'est qu'il ne faudrait pas oublier que le constructeur a dû faire son possible pour limiter les coûts sans trop rogner sur les finitions.À ce petit jeu, on ne les y prend pas chez Redmi. Parfaitement à l'aise sur ce segment, le constructeur chinois livre ici un smartphone dans la plus pure lignée des précédents Note et ne bouleversement aucunement la formule.
Le smartphone de 161,1 x 75,4 x 8,6 mm pèse ses 200 grammes et trouvera se trouve être parfaitement équilibré entre encombrement et confort d'utilisation.
Au dos, on peut regretter que les quatre modules photo alignés à la verticale forment une protubérance assez exagérée créant, de fait, une certaine instabilité lorsque le smartphone est posé à plat. Aussi, on préférera se diriger vers les modèles bleu ou blanc du Redmi Note 8T, leur dégradé de couleur faisant beaucoup pour habiller une face dorsale autrement bien vide.
Plutôt épais, le Redmi Note 8T affiche les boutons d'allumage et de volume sur la tranche droite, quand le tiroir à double SIM et carte SD s'en va bouder dans le coin supérieur gauche. La tranche basse affiche quant à elle le port USB-C, l'unique (et toujours médiocre) grille de haut-parleurs ainsi qu'un port jack 3,5 mm bienvenu.
L'avant de l'appareil achève de marquer les grandes différences qui séparent le Redmi Note 8T de son cousin Note 8 Pro - bien mieux fini. L'écran, pour commencer, fait moins d'efforts pour rogner les bordures de l'appareil. Il occupe environ 80% de la surface. L'encoche en goutte d'eau, elle, se fait aussi plus épaisse et — osons — plus disgracieuse aussi.
N'en déplaise, et malgré un rendu assez « toc », le Redmi Note 8T n'apparaît pas moins comme un smartphone plutôt costaud qui ne devrait pas partir en lambeaux à la moindre chute.
Écran bleu de la mort
On va vous épargner le couplet habituel. Vous savez que vous lisez le test d'un smartphone Xiaomi / Redmi. Vous savez donc que la calibration de l'écran est totalement aux fraises.La dalle LCD IPS de 6,3 pouces ne nous apparaît pas comme fondamentalement différente de celle du Redmi Note 7. On retrouve ces teintes ultra froides et ce manque de contraste notable que quelques réglages permettent d'amoindrir sans s'en débarrasser totalement.
Rien à dire, en revanche, pour ce qui est de la finesse d'affichage. Tout FHD qu'il est, les pixels sont imperceptibles en utilisation normale du téléphone. De plus, et c'est généralement le cas chez Xiaomi, la luminosité maximale du téléphone est très bonne.
Côté confort d'utilisation, il faudra donc composer avec d'épaisses bordures et une encoche généreuse. Malgré tout, on s'accommode assez vite de ces détails autant pour le jeu que la vidéo. D'autant que malgré son étiquette l'affichant à 199€, le Redmi Note 8T dispose d'une certification Widevine L1 permettant la lecture de contenus vidéo HD.
À la traîne sur MIUI
On s'étonne que si le Redmi Note 7 est déjà passé à la sauce MIUI 11, ce Redmi Note 8T soit toujours logé sous l'enseigne MIUI 10 via Android 9. Un petit retard qui, n'en doutons pas, sera rapidement comblé par Xiaomi.Le smartphone est mis à jour avec le correctif de sécurité du 1er octobre 2019 et reprend à son compte tout ce qui fait le sel de la surcouche Xiaomi. On y retrouve donc un mode sombre intégral, une navigation gestuelle bien pensée, mais aussi l'absence de tiroir d'application. À l'instar d'Apple, toutes les applications s'ajoutent les unes à la suite des autres sur l'écran d'accueil. Un point que MIUI 11 devrait corriger.
MIUI oblige, le smartphone est livré d'usine avec un certain nombre de bloatwares qu'il reste — heureusement — possible de désinstaller.
Fluide, mais pas bien rapide
Les smartphones d'entrée de gamme ne sont pas des foudres de guerre. Du moins le pensait-on avant de prendre en main l'étonnant Redmi Note 8 Pro. Mais nous avons aujourd'hui affaire au Note 8T qui, pour 50€ de moins, prend un sacré coup dans les dents côté performances.Troquant l'épatant MediaTek G90T contre un Snapdragon 665, Redmi s'effondre tout simplement dans les charts. Voyez plutôt. Sur AnTuTu, le Redmi Note 8T s'octroie 167 783 points. C'est 20 000 de plus que son prédécesseur, mais surtout 110 000 de moins que le Redmi Note 8 Pro. Aïe.
Geekbench 4 et 5 confirment la dégringolade avec 1521 et 313 points en single-core ainsi que 5566 et 1353 points en usage multi-cœur. Des performances entre 15 à 20% en deçà du Redmi Note 8 Pro.
Androbench, qui met à l'épreuve le système de stockage du smartphone, affiche quant à lui des débits assez lents de 313,79 Mb/s en lecture et 157,93 Mb/s en écriture. Enfin, la partie graphique du Redmi Note 8T est tout simplement totalement à la ramasse. Sur 3D Mark (Slingshot Extreme), le smartphone n'obtient que 1068 et 1035 points. Moitié moins, donc, que le Redmi Note 8 Pro qui, rappelons-le encore, n'est vendu que 50€ de plus.
Pour autant, difficile de dire que le Redmi Note 8T est lent à la détente. Depuis plusieurs années déjà les progrès techniques sont tels que n'importe quel smartphone est en mesure d'assurer dans la plus grande variété de tâches. Jouer est d'ailleurs bien possible sur ce Note 8T. Au prix, toutefois, de nombreuses concessions graphiques.
Autrement, la navigation est plutôt fluide. Il faudra simplement se montrer patient lors du lancement simultané de plusieurs applications et la bascule de l'une à l'autre. Le déverrouillage et le capteur d'empreinte dorsal, en revanche, sont d'une rapidité exemplaire.
Toujours aussi endurant
Aussi vrai que l'écran des smartphones Redmi est mal calibré, on sait d'avance que leur batterie est increvable. C'était vrai sur le Note 7, encore plus vrai sur le Note 8 Pro, et ça l'est évidemment encore sur ce Note 8T. Pour autant, Redmi a joué ici la carte de la paresse et reprend simplement le même accu que son le prédécesseur du 8T.On pinaille, ça reste évidemment excellent. Mon exemplaire de test est resté allumé pendant exactement 31h26, et son écran pendant presque 9 h au total. Un temps d'écran réparti entre beaucoup d'Instagram, de longues sessions de Call of Duty : Mobile et de longues conversations sur les réseaux sociaux.
Autrement dit : les utilisateurs les plus raisonnables pourront sans mal tenir trois jours sans avoir à croiser le chemin d'un câble USB. Et quand bien même, passer de 0 à 100% de batterie ne demande que 1 h 35. Une demi-heure suffit à regonfler la batterie à hauteur de 42%.
Piètre photographe
Si le Redmi Note 8 Pro nous avait (encore) agréablement sur ce point, difficile d'en dire autant pour son petit frère. Un constat que nous posions déjà sur le Redmi Note 7, et qui est une nouvelle fois de rigueur. Qu'il y ait 2, 4 ou 18 capteurs photo n'y changeront rien.Reposant sur un capteur 48 mégapixels signé Samsung, le Redmi Note 8T parvient à s'en tirer avec la moyenne sur des prises de vues dites « classiques » (de jour, en extérieur). Comme d'habitude sur les smartphones Xiaomi, il est possible d'opter soit pour des clichés 12 mégapixels permettant l'utilisation du HDR, soit mobiliser l'entièreté du capteur 48 mégapixels pour obtenir des clichés plus détaillés.
Une option qui a parfois du sens... mais pas ici. En effet l'absence de HDR s'en fait beaucoup trop ressentir sur l'exposition générale des photos — bien trop faible dans une majorité de cas. D'autant que le traitement opéré par les algorithmes de Redmi vient la plupart du temps accorder un petit supplément de contraste bienvenu aux scènes.
Les photos du mode 48 MP (à droite) sont beaucoup moins bien exposées que celles en 12 MP. © Pierre Crochart pour Clubic
Vous vous doutez bien que si le capteur principal ne fait pas de merveilles, les choses ne risquent pas de s'améliorer avec les trois autres modules. C'est particulièrement vrai pour le capteur ultra grand-angle, qui se pose probablement comme le pire modèle jamais intégré à un smartphone.
Offrant une jolie focale de 13 mm, ce capteur de 8 mégapixels produit des images cradingues en diable. En regardant les clichés sur ordinateur après coup, je me suis demandé à plusieurs reprises si je n'avais pas, par accident, étalé une généreuse couche de margarine sur l'appareil photo du Redmi Note 8T (spolier : non).
Le bruit est omniprésent, l'exposition est mauvaise et, pire, la balance des blancs fait largement honneur à l'écran du smartphone en refroidissant beaucoup plus que de raison les couleurs.
Du beurre sur l'objectif ? Non. Juste le module grand-angle du Note 8T. © Pierre Crochart pour Clubic
Bien que l'application Caméra propose à l'utilisateur d'effectuer un zoom 2x, aucun télé-objectif n'est présent à l'arrière de l'appareil. Le Redmi Note 8T effectue alors un zoom numérique qui, vous vous en doutez, dégrade énormément la qualité de l'image. À déconseiller donc.
En revanche, ce même module (qui sert plus volontiers à dessiner une carte de profondeur) est bien plus capable en mode portrait. Les contours sont plutôt bien découpés, et le flou d'arrière-plan appliqué est convenable pour un smartphone à 200€.
Enfin, le module dédié à la photographie macro est, comme tous les modules dédiés à la photographie macro sur des smartphones, complètement inutile. Mais pas seulement. Il est aussi particulièrement mauvais. Passons sur les cinq à 10 bonnes secondes nécessaires pour faire la mise au point sur votre sujet, les photos qui ressortent de ce mode sont irrémédiablement bruitées et tout bonnement inutilisables.
Suggestion : chers constructeurs, arrêtez d'essayer d'intégrer des capteurs macro. © Pierre Crochart pour Clubic
Notez que cette appétence pour le bruit numérique et le déni quasi pathologique pour toute notion de piqué se retrouve bien entendu dans les photos en basse luminosité ou, pire, de nuit. À ce niveau, c'est presque malhonnête de proposer un tel mode au vu des piètres capacités du Redmi Note 8T à capturer la moindre scène nocturne convenablement.
Avec ou sans le mode nuit (à droite), les images sont atrocement bruitées. © Pierre Crochart pour Clubic
Outre le fait que l'on peine à voir de réelles différences (même dans les détails) entre une photo prise avec le mode nuit ou sans, on en revient toujours sur cet épais brouillard de bruit qui vient immanquablement gâcher toutes les prises de vue. Bref : à fuir.
À l'avant, le capteur 13 mégapixels n'est pas bien finaud lui non plus. Il se débrouille convenablement en mode portrait, notamment grâce à un lissage excessif qui parvient à essuyer les plâtres. Du reste, la grossièreté de la définition saute assez rapidement aux yeux.
Pour terminer, la partie vidéo n'est pas vraiment le point fort du Redmi Note 8T non plus. S'il est capable de filmer jusqu'en 4K à 30 images par seconde, le smartphone n'intègre qu'une stabilisation électronique pas forcément très bien fichue.
Redmi Note 8T : l'avis de Clubic
Simple remise à niveau du très bon Redmi Note 7, ce Note 8T peine pourtant à se hisser à la même hauteur. En cause ? L'existence pure et simple du Redmi Note 8 Pro qui, pour 50€ de plus, fait vraiment (vraiment, vraiment) mieux dans tous les domaines. De quoi se demander si ce « sous-modèle » était finalement bien nécessaire.Attention : le Redmi Note 8T n'est pas sans mérite. Solidement conçu, il est aussi un redoutable allié pour celles et ceux qui cherchent avant tout un smartphone endurant et polyvalent. Suffisamment puissant pour lancer quelques jeux et pour naviguer sur les réseaux sociaux, il conviendra parfaitement aux utilisateurs avant tout soucieux de leur budget.
Difficile, toutefois, de le recommander aux photographes enthousiastes. Il ne faudrait pas se faire berner par la seule présence de quatre appareils photo : la qualité des clichés du Redmi Note 8T est tout bonnement médiocre.
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Test réalisé à partir d'un exemplaire prêté par la marque