10 ans. Ça méritait bien un anniversaire digne de ce nom. Et on peut dire que Xiaomi s'est fait plaisir cette année. Sur certains points plus discutables que d'autres d'ailleurs.
Vous ne l'ignorez pas : Xiaomi ne cache plus ses ambitions d'aller titiller le marché de l'ultra haut de gamme. Sorti conjointement à ce Mi 10 Pro, le Xiaomi Mi 10 s'affiche à pas moins de 300€ plus cher que son prédécesseur. Pour le modèle qui nous intéresse aujourd'hui ? Comptez 999€. Excessif ou mérité ? Prématuré ou opportun ? C'est ce que nous allons tenter de démêler dans ce test complet.
Le Xiaomi Mi 10 Pro est déjà disponible au prix de 999€.
Xiaomi Mi 10 Pro : la fiche technique
Affiché à mille euros, nous ne devrions même pas avoir à nous pencher sur la fiche technique pour nous assurer que l'intégralité du cahier des charges est rempli. Mais un examen attentif des specs révèle des attentes qui ne sont pas tout à fait comblées pour un smartphone aussi onéreux.Le Xiaomi Mi 10 Pro, c'est :
- Écran : AMOLED de 6,7 pouces (19,5:9) affichant une définition Full HD+ de 2340 x 1080 pixels (386 ppi, 90 Hz, HDR10+) et couvrant environ 90% de la surface avant
- SoC : Snapdragon 865 (7 nm+) avec processeur octo-core (1x 2,84 GHz + 3x 2,42 GHz et 4x 1,8 GHz) et GPU Adreno 650 (587 MHz)
- Mémoire vive : 8 Go LPDDR5
- Stockage interne : 256 Go ( non-extensible via microSD) en UFS 3.0
- Batterie : 4 500 mAh, recharge rapide jusqu'à 50 W en filaire et 30 W sans-fil
- Étanchéité : non
- Prise jack 3,5 mm : non
- Audio : haut-parleurs stéréo
- Appareils photo arrière :
- capteur 108 MP (1/1.33", photosites de 0,8 µm, ƒ/1.7) équivalent 26 mm
- 12 MP (1/2.55", photosites de 1,4 µm, ƒ/2.0) zoom 2x équivalent à 50 mm
- 8 MP (photosites de 1.0 µm, ƒ/2.0) zoom optique 3,7x ou hybride 5x équivalent 80 mm
- 20 MP (1/2.8", photosites de 1 µm, ƒ/2.2) ultra grand-angle équivalent à 13 mm
- Vidéo : 8K@30fps, 4K@30/60fps, 1080p@30/60/120/240/960fps, stabilisation optique et électronique
- Appareil photo avant : 20 MP (1/3.0",photosites de 0,9 µm, ƒ/2,0), vidéo 1080p30fps
- Capteur d'empreintes : Oui, sous l'écran
- Recharge inversée : Oui
- Double SIM : Non
- Compatible 5G : Oui
- Connectivité : Wi-Fi 802.11 a/b/g/n/ac/ax, Bluetooth 5.1, NFC
- Dimensions : 162,5 x 74,8 x 9 mm pour 208 grammes
- OS : Android 10 + MIUI 11
- Coloris : Gris Solstice, Blanc Alpin
- Prix : 999€
Deux choses en particulier nous gênent dans la fiche technique du Mi 10 Pro. D'abord, le smartphone n'est pas étanche. À ce prix, c'est tout simplement inacceptable. Même le OnePlus 8 Pro, son concurrent direct (et vendu 100€ moins cher) propose cette protection.
Ensuite — et c'est davantage un regret qu'une vraie déception — l'absence de compatibilité double SIM et/ou d'extension de mémoire via carte SD.
Dans la boîte qui nous a été fournie (différente des versions commerciales), seul l'adaptateur secteur 65 W et son câble USB-C étaient fournis. Les clients recevront en plus une coque de protection transparente en silicone, un adaptateur jack 3.5 mm vers USB-C et une paire d'écouteurs USB-C.
Design : des finitions parfaites, mais une instabilité irritante
Autant l'écrire : les Mi 10 et Mi 10 Pro sont parfaitement identiques. Inutile de se livrer au jeu des sept différences ici. Le seul paramètre qui évolue entre les deux modèles, c'est le revêtement arrière. Brillant sur le Mi 10, mat (verre dépoli) sur le Mi 10 Pro. Un choix que nous jugeons nettement plus agréable à l'œil (et au doigt), et qui assoit le statut ultra premium de l'appareil de Xiaomi.Commençons par ce qui nous plait le moins sur cet appareil : le placement de ses appareils photo. Le Xiaomi Mi 10 Pro échappe à cette mode du « bloc » d'appareils au format carré. Heureux, selon nous, mais le problème est que les différents modules du smartphone dépassent énormément du châssis. Autrement dit : impossible de faire reposer parfaitement à plat le téléphone ; la moindre interaction avec lui alors qu'il est posé le fera basculer de droite à gauche. Irritant. D'autant plus qu'un simple placement central, à l'instar des smartphones OnePlus, aurait amoindri le problème.
Cela est bien la seule chose qui nous déplaise sur le Mi 10 Pro. Le reste ? De l'orfèvrerie. Parfaitement conçu, le smartphone haut de gamme de Xiaomi jouit de finitions admirables.
Bien sûr, l'esthétique de la face avant du smartphone a déjà fait des petits depuis sa sortie. Le OnePlus 8, sorti le mois dernier, mais aussi les Oppo Find X2 Pro ou Find X2 Neo qui optent pour une face avant extrêmement proche visuellement.
On y retrouve une énorme dalle AMOLED de 6,67 pouces, qui loge un capteur photo dans une minuscule découpe en haut à gauche. Les bordures, bien que plus présentes que sur un Motorola Edge et ses bords incurvés à l'extrême, restent minimes : 3 mm sur le menton et 2 mm sur les côtés. Résultat : l'écran occupe plus de 90% de la face avant.
Outre l'appareil photo frontal, l'écran du Mi 10 Pro embarque aussi le scanner d'empreintes digitales. Un modèle optique, réactif, qui est placé à peine trop bas pour qu'il puisse être utilisé sans gymnastique du poignet.
Cette année, Xiaomi a énormément insisté sur la qualité du son de ses haut-parleurs stéréo. Il est vrai que le constructeur a fait d'énormes efforts ; opter pour deux tweeters de la même taille (12x16 mm) en haut et en bas de l'appareil pour garantir une spatialisation et une restitution optimale. Nous y reviendrons.
Côté design, cela se traduit par deux grilles symétriques sur les tranches haute et basse. Le hic ? On aura tôt fait de les boucher des mains en mettant le smartphone en mode paysage. Bien sûr, il est possible de retourner le téléphone dans l'autre sens pour pallier le problème. Mais cette fois ce seront les modules photo qui se placeront sous le doigt — pas très agréable — et la découpe de l'écran sera nettement plus visible en jeu.
Écran : des promesses tenues, et plus encore
Si nous n'avions pas pu passer le Xiaomi Mi 10 à la sonde lors de notre test d'alors, nous ne nous sommes pas privés de ce plaisir sur le Mi 10 Pro.Équipé du même écran AMOLED que son petit frère, on ne s'attendait à rien de moins que de l'exception de la part du Mi 10 Pro. Pari tenu, et haut la main.
Très lumineux, l'écran du Mi 10 Pro peut grimper à 580 cd/m2 en mode manuel, et nous lui avons même calculé un pic à 926 cd/m2 en mode automatique ! On est donc extrêmement proche de la valeur maximale de 1 000 nits annoncée par Xiaomi.
Par essence (OLED oblige) infini, le contraste offre ainsi des noirs d'une profondeur insondable et donc un confort de lecture rare. Pour ne rien gâcher, la fluidité accrue offerte par la cadence de 90 Hz est une addition dont on ne se lasse pas. Y goûter, c'est l'adopter.
Plus particulièrement, c'est sur la colorimétrie que Xiaomi a fait de gros efforts cette année. D'usine, le Mi 10 Pro est plutôt bien calibré et offre dans son mode d'affichage automatique (activé de série) une température de 7 089K. La valeur de référence étant 6 500K, on s'en rapproche sans être au point blanc parfait (on tourne vers le bleu). En mode automatique toujours, la dalle couvre 99,9% de l'espace sRGB et 95,8% du DCI-P3. Traduction : c'est excellent, même si nous avons calculé un delta E de 3,28, et que des dérives de couleur peuvent techniquement être perceptibles (elles ne le sont plus sous un dE de 3, on est donc très proche).
Ce que l'on apprécie encore plus sur cet écran, c'est que MIUI 11 offre sans doute les réglages d'affichage les plus granulaires que l'on ait jamais vus sur un smartphone Android. Outre les modes d'affichage classiques (Auto, Saturé, Original), l'utilisateur peut également choisir de mettre les mains dans le cambouis et de jouer avec le roue chromatique, et même la teinte, luminance et saturation du rouge, bleu et vert.
En nous amusant avec cela, nous en sommes venus à la conclusion que le réglage « Original » était le plus proche de la norme idéale. En refroidissant très légèrement l'écran avec la roue chromatique, nous sommes arrivés à une température de 6 435K et un delta E de 0,78 (la couverture de l'espace sRGB passe cependant à 98,4%).
Bref, c'est une véritable merveille. D'autant que la dalle est compatible HDR10+. Sur les contenus compatibles, c'en est à faire rougir votre téléviseur si vous n'avez pas la chance d'être équipé d'un écran haut de gamme.
Aller, si nous devions malgré tout émettre une critique : une résolution de 386 ppi sur un si grand écran est peut-être un peu juste. Le OnePlus 8 Pro compte par exemple une densité de pixels de 513 ppp, et 525 ppp sur le Galaxy S20+.
Logiciel : une interface agréable et personnalisable
Le Xiaomi Mi 10 Pro est livré avec Android 10 et la surcouche maison MIUI 11. Sur notre exemplaire de test, la dernière mise à jour de sécurité reçue date d'avril 2020. Gageons que celle de mai ne devrait plus tarder.Hautement personnalisable, MIUI 11 cultive sa différence en s'inspirant presque autant d'iOS que d'Android Stock. Jusqu'à la sortie de sa dernière version, il était encore impossible d'opter pour un tiroir d'applications ; toutes les apps s'alignaient les unes à la suite des autres sur l'écran d'accueil. Un enfer pour les minimalistes, qui est désormais de l'histoire ancienne.
Du reste, les menus de la surcouche sont particulièrement velus. Au risque, parfois, d'être peu clairs. Par chance, la fonctionnalité de recherche est là pour vous aider à trouver rapidement l'option qu'il vous faut.
On réitère notre agréable surprise à constater la grande variété de paramètres dédiés à la calibration de l'écran — une rareté. En outre, on retrouve absolument tout ce que l'on habitude de voir sur un smartphone de ce standing : mode sombre, choix entre 60 et 90 Hz, bien-être numérique, etc.
Petite originalité des Mi 10 : il est possible de définir une « zone morte » sur les bords de l'appareil. Quiconque a déjà utilisé un smartphone à écran incurvé sait que l'on peut déclencher, sans le vouloir, une action juste en tenant le smartphone en main. Conscient de cela, Xiaomi offre aux utilisateurs la possibilité de définir une zone plus ou moins grande qui est moins sensible à la pression. Activée par défaut, elle remplit très bien son office, et n'handicape absolument pas les interactions classiques avec l'appareil.
Comme sur le Mi 10, et en l'absence de petite LED dédiée aux notifications (so 2016...), ce sont d'ailleurs les bords incurvés du smartphone qui sont mis à profit. Lorsque vous recevez un message, ou une alerte push, les bords de l'appareil « irradient » dans une jolie couleur bleu sombre pour vous avertir.
Le Mi 10 Pro jouit aussi d'un tout nouveau moteur haptique qui offre des vibrations extrêmement agréables à l'utilisation du smartphone. Même les plus réfractaires pourraient être tentés de ne pas désactiver le retour haptique à chaque touche pour pouvoir en profiter plus longtemps.
Enfin, je me dois d'avertir que mon exemplaire de test a été victime de quelques petits soucis techniques, probablement dus au fait qu'il aurait été préalablement rooté par son précédent destinataire. Il m'a notamment été impossible d'installer Netflix depuis le Play Store, et l'installation de l'application depuis son APK a nécessité que j'active les options de développeur et que je désactive l'optimisation MIUI. Pour au final me rendre compte... que la HD n'était pas prise en compte. Qu'on se rassure : le smartphone est bien certifié Widevine L1, et aucun autre journaliste ne semble avoir eu ce problème lors de son test. Les attachés de presse de Xiaomi France m'ont par ailleurs confirmé qu'aucun problème similaire de leur avait été rapporté. Que voulez-vous, nous sommes uniques chez Clubic.
Performances : un touche-à-tout que rien n'arrête
Ne nous attardons pas trop. Le Mi 10 Pro embarque exactement la même configuration que le Mi 10. Il s'agit d'un SoC Snapdragon 865, de 8 Go de LPDDR5 et d'une puce de stockage en UFS 3.0.Seulement... on n'y est pas tout à fait. D'après notre batterie de tests habituels, le Mi 10 Pro s'est montré moins performant que son petit frère. De peu, rassurez-vous. Mais on ne se l'explique pas vraiment... peut-être un souci d'optimisation logiciel, dont notre exemplaire semble être friand ?
Qu'à cela ne tienne, le Mi 10 Pro est un smartphone surpuissant. Il n'y a pas un jeu, une application ou un benchmarking qui le mette à genoux. Call of Duty Mobile se lance par défaut en qualité « Moyenne », mais peut sans sourciller pousser ses graphismes en maximum, activer l'intégralité des paramètres graphiques additionnels et même augmenter le FOV sans descendre sous les 60 images par seconde. Rien à craindre de ce côté-là.
Du côté de la chauffe, le Mi 10 Pro parvient d'ailleurs à se maintenir à des températures acceptables. Même en jouant à l'extérieur en plein soleil pendant 30 minutes, le CPU avoisinait juste les 50°C. Absolument rien d'inquiétant à signaler.
Audio : un son stéréo étonnant
Nous ne nous étions pas appesantis sur la partie audio du Mi 10 le mois dernier. Corrigeons cette erreur dans ce présent test.Comme nous le disions plus haut, le Mi 10 Pro embarque — comme le Mi 10 — un duo de haut-parleurs 12x16 mm en haut et en bas. Cela fait toute la différence avec les constructeurs qui utilisent simplement l'oreillette d'appels comme second haut-parleur.
En résulte un son à la spatialisation vraiment étonnante pour un smartphone. D'habitude plutôt réticent à écouter quoi que ce soit sur les haut-parleurs de mes téléphones, je dois bien avouer que j'étais curieux de passer tout un tas de musique, vidéo et autres jeux vidéo à la moulinette de ce Mi 10 Pro.
Conclusion ? La dynamique est très bonne et, pour une fois, met plutôt l'accent sur les basses et les médiums que sur les aigus. Peut-être un peu trop d'ailleurs ; selon le mixage, les voix pourraient être un peu en retrait.
Cela reste admirable, et un tel soin de la partie sonore est rare sur les smartphones.
Dépourvu de port jack 3.5 mm, le smartphone est fourni avec un adaptateur ainsi qu'une paire d'écouteurs qui ne nous ont pas été fournis. Nous n'avons donc pas pu les essayer pour ce test.
Du reste, le Mi 10 Pro prend en charge les codecs Bluetooth SBC, AAC, aptX, aptX HD, LDAC, TWS+ audio, LHDC et aptX Adaptative. Le smartphone offre un menu dédié plutôt complet qui permet de régler l'égaliseur à son goût.
Autonomie : moins coureur de fond que sprinteur
Outre sa configuration photo plus musclée, le Mi 10 Pro se différencie du Mi 10 par... une batterie plus petite. Oui, vous avez bien lu : le Mi 10 Pro embarque un accumulateur de 4 500 mAh contre 4 780 mAh sur le Mi 10.Pourquoi ce drôle de choix ? Pour proposer sur le Mi 10 Pro une recharge ultra rapide qui nécessite qu'une partie des cellules de la batterie soit retirée. Mais comment cela se traduit-il en termes d'autonomie ? De façon un peu plus brutale qu'on ne l'aurait imaginé.
Utilisé en permanence en 90 Hz, le Xiaomi Mi 10 Pro a rendu l'âme après exactement 23h08 minutes. Sur ce laps de temps, l'écran aura été allumé pendant un peu plus de 6 h 46. À titre de comparaison, rappelons que sur le Mi 10, nous calculions (en 90 Hz également) 30h17 passés sur batterie pour 8 h 24 de temps d'écran. On perd donc environ 2 h d'autonomie « réelle » dans l'équation.
Y gagne-t-on vraiment au change ? Eh bien, il faut concéder qu'avec plus de 70% d'autonomie récupérée en 30 minutes seulement avec l'adaptateur secteur 65 W fourni, on aurait tendance à répondre par l'affirmative. Comptez très exactement 50 minutes pour passer de 0 à 100% sur le Mi 10 Pro. Mais sur le Mi 10, nous avions déjà calculé 60 minutes tout rond pour le même résultat.
En d'autres termes : peut-être Xiaomi aurait-il dû conserver la même configuration de batterie sur ses deux modèles.
Photographie : une grande polyvalence, et des résultats encore améliorés par les mises à jour
La photo. Voilà ce qui différencie véritablement les Mi 10 et Mi 10 Pro. Voilà pourquoi Xiaomi espère justifier les 200€ qui séparent les deux modèles.Pourtant, le Mi 10 comme le Mi 10 Pro reposent tous deux sur le même capteur : le Samsung ISOCELL HMX de 108 mégapixels que l'on a déjà vus au dos du Xiaomi Mi Note 10, et plus récemment sur le Samsung Galaxy S20 Ultra.
Peut-on dès lors s'attendre à des résultats similaires entre les deux mobiles ? Pas vraiment. Il faut dire que plusieurs mois ont déjà passé depuis l'annonce des smartphones. Des mises à jour successives ont notamment permis d'améliorer la qualité du traitement, ou encore de rendre l'autofocus plus véloce.
Un capteur principal très à l'aise en tout
On sait le HMX de Samsung excellent dans tous les cas. De belle taille (1/1.33"), il n'est surpassé que par le capteur 1/1.28" qui équipe le Huawei P40 Pro. Aussi ce qui fera la différence, c'est avant tout le traitement numérique opéré par le téléphone.Ici, Xiaomi opte pour quelque chose de très neutre. Le contraste n'est jamais exagéré, et la saturation correspond peu ou prou à ce que l'on observe à l'œil nu.
Au centre, le piqué est excellent. Et la dérive se prononce à peine sur les angles. Surtout, Xiaomi évite un excès de netteté sur les textures, ce qui contribue à les rendre sous un jour très naturel.
Le HDR remplit également formidablement son office. Même en prenant une photo face au soleil, l'appareil parvient à récupérer une myriade de détails dans les ombres et les hautes lumières. C'est admirable.
Comme sur tous les smartphones de cette gamme, le Mi 10 Pro opte pour la technique du pixel-binning pour rendre des clichés plus lumineux et mieux exposés. Les images sortent par défaut en 27 mégapixels, mais il est aussi possible de profiter de l'intégralité du capteur et de ses 108 mégapixels via le mode dédié. Sur smartphone, la différence n'est pas flagrante, mais vous permettra déjà de rogner de façon importante vos photos pour les recadrer. C'est davantage sur grand écran que l'écart se creuse... mais pas toujours à la faveur du mode 108 mégapixels. Pour cause : en utilisant ce mode, on perd la capacité HDR du capteur.
Un ultra grand-angle qui en a sous la pédale
Avec ses 20 mégapixels, le capteur ultra grand-angle du Mi 10 Pro fait figure de bon élève. Il délivre des images suffisamment détaillées pour les faire sortir du smartphone.C'est davantage sur la continuité des couleurs que ce module pêche. On le remarque notamment sur le bleu du ciel, qui tire à peine au magenta.
On reste agréablement surpris par le piqué général du capteur. La diffraction sur les angles n'est vraiment visible que sur les bordures. On est donc sur un capteur ultra-wide de qualité, qui apporte une réelle plus-value au smartphone et se démarque réellement du Mi 10 classique sur ce point.
Un duo de zoom convaincant
Le Mi 10 Pro embarque non pas un, mais deux téléobjectifs. Le premier offre un zoom optique 2x de 12 mégapixels ; le second un zoom optique 3,7x / hybride 5x de 8 mégapixels. L'objectif étant de fonctionner de concert pour produire des clichés plus détaillés et mieux exposés.Chose que les modules arrivent très bien à faire. Grâce, notamment, à une taille de 1/2.55", qui est rarement atteinte par les téléobjectifs pour smartphone.
Le zoom 2x, d'équivalence 50 mm, offre des images réjouissantes. À peine trop contrastées, elles sont très détaillées. On remarque toutefois que la désaturation est à l'œuvre ; on perd dans la verdure des arbres et dans le bleu du ciel.
Le zoom hybride 5x ne démérite pas. À peine moins définies, les images jouissent d'une clarté étonnante — même si le bord des textures commence déjà à baver. Le logiciel fait un bon travail pour compenser cela.
Au-delà, on entre dans le territoire du zoom numérique et, fatalement, les détails se diluent. On peut raisonnablement pousser le vice jusqu'à un zoom 10x. Au-delà, on ne fera guère que s'amuser de pouvoir zoomer aussi loin, sans grand espoir de faire quoi que ce soit de la photo.
Des portraits bien tirés
Les portraits du Mi 10 classique nous avaient beaucoup déçus. Saturés à l'extrême, découpe hasardeuse... Xiaomi n'y était pas du tout. Par chance, le Mi 10 Pro échappe à ce problème, peut-être corrigé par une mise à jour publiée depuis.D'abord, les couleurs sont tout à fait justement restituées. Bien qu'un très léger lissage apparaisse sur la peau du sujet, on remarque aussi que le détourage des cheveux est parfaitement maîtrisé. Le bokeh sublime le tout, sans en faire trop.
Une vraie belle réussite, qui se retrouve également à l'avant de l'appareil. Le capteur 20 mégapixels offre en effet de très bons résultats, que ce soit via le mode portrait ou en cliché classique.
Perfectible en basse lumière
Bon en tout, le Mi 10 Pro ? Peut-être pas, tout compte fait. En basse lumière ou, plus particulièrement, de nuit, le fer de lance de Xiaomi n'est pas tout à fait au niveau de la concurrence (Huawei P40 Pro en tête, évidemment).Via le mode automatique, l'autofocus est logiquement à la peine à la nuit tombée. Mais d'autres téléphones s'en sortent bien mieux dans l'exercice de la mise au point dans pareilles conditions. Résultat : l'image est lisible, grâce à une bonne quantité de lumière récupérée par le capteur, mais floue malgré la stabilisation optique intégrée au module principal.
Activer le mode nuit résout bien entendu ces problèmes. Via une pose plus ou moins longue, l'appareil récupère énormément de détails et parvient à « fixer » la prise de vue. L'exposition est bonne, et le bruit est même plus contenu malgré les circonstances.
Un smartphone pas vraiment branché vidéo
S'il est possible de filmer en 8K à 30 images par seconde sur le Mi 10 Pro, cette option est tout sauf recommandable. La raison ? Des couleurs saturées à l'extrême (ce fichu mode « IA » impossible à désactiver...) et une stabilisation indisponible dans ce mode.En 1080p60, le Mi 10 Pro est nettement plus convaincant. Mais on fera toujours l'impasse sur la stabilisation. Il faudra se rabattre sur le mode 1080p30 pour espérer tourner dans des conditions optimales grâce à une EIS d'excellente facture.
Xiaomi Mi 10 Pro : l'avis de Clubic
Le Mi 10 Pro est un smartphone un peu contrarié. Doté d'excellents atouts, il se prend parfois les pieds dans le tapis et mériterait sanction.Après tout, ne doit-on pas attendre d'un smartphone vendu 1000€ d'être irréprochable ? C'est notre avis. Et le Xiaomi Mi 10 Pro ne l'est pas.
Au rang des regrets, l'absence d'étanchéité, mais aussi l'impossibilité d'utiliser deux cartes SIM ou d'étendre la mémoire via carte SD. Des basiques dans le monde Android.
Le Mi 10 Pro souffre aussi de la concurrence féroce qui règne sur ce segment de marché. Proposé 100€ de moins, le OnePlus 8 Pro semble avoir de meilleures armes. Mais le Mi 10 Pro tire la couverture à soi côté photo.
Aussi le bilan est extrêmement complexe à dresser. D'un côté nous avons passé un excellent moment avec le Mi 10 Pro (cet écran, quel bonheur !), de l'autre, nous ne pouvons laisser passer certains impairs qui, à ce prix, ne devraient pas faire partie des arbitrages opérés par Xiaomi.
Test réalisé avec un smartphone prêté par la marque