L'idée de cet article n'est pas d'établir un classement à l'emporte-pièce, ni de trouver « qui de l'hippopotame ou de l'éléphant est le plus fort » ou de verser dans le pro ceci et anti cela, mais plutôt de faire un état des lieux entre les deux smartphones les plus « célèbres », à date, sur un critère précis : la photo. Un match amical, et non pas à mort, entre le numéro 1 mondial, Samsung, qui vient de dégainer son nouveau fleuron, et le numéro 2, Apple, qui a vendu plus de 230 millions d'iPhone en 2015.
Comparaison n'est pas raison néanmoins, le Galaxy S7 et l'iPhone 6s partagent quelques caractéristiques importantes comme la résolution de capteur - avant et arrière - l'autofocus à détection de phase, la HDR automatique ou encore les modes vidéos 1080p à 60 im/s et 4K à 30 im/s. Des différences marquantes subsistent toutefois, comme les focales et ouvertures employées, la taille des photosites, le procédé de stabilisation ou l'approche logicielle. Quelle photo pouvez-vous espérer faire avec l'un ou l'autre ?
Nous ne nous attarderons pas ici sur les questions de qualité d'écran, d'ergonomie ou d'interface sauf à vous dire que dans les deux camps, les affichages sont excellents, les ergonomies façonnées par le design des appareils (c'est-à-dire plutôt glissantes), et les interfaces simples (plus chez Apple que Samsung) et efficaces (plus chez Samsung qu'Apple).
Réactivité : avantage net à Samsung
Ah... il semble bien loin le temps où les smartphones devaient se cantonner à faire de l'image souvenir - comprendre « assez moche » tout de même - d'un sujet statique et par grand beau temps. Bon, c'est peut-être encore vrai sur des appareils d'entrée de gamme, mais dans cette tranche extrême de prix, la rapidité est assez incroyable. Ceci étant dit, à creuser davantage en prenant successivement l'un et l'autre en main, Samsung prend le dessus assez nettement. Est-ce la « fraîcheur » des composants ou une avance technologique ? Il y a possiblement un peu des deux.Depuis le téléphone verrouillé (mais avec l'application photo déjà en mémoire), le Galaxy S7 capture sa première vue en 1,4 seconde contre 2,2 secondes pour l'iPhone 6s. Dans tous les cas, c'est rapide mais l'ascendant coréen est indiscutable. Ici les 4 Go de RAM du Galaxy S7 et le SoC flambant neuf doivent bien peser dans la balance.
Idem sur la rapidité de la capture, latence comprise (mais avec la mise au point déjà faite) : il ne s'écoule que 0,10 s entre le déclenchement et la capture réelle avec le Galaxy S7 alors que ce délai s'allonge à 0,25 s sur l'iPhone 6s. Sur ce point précis, les deux smartphones sont dépassés par certains concurrents (OnePlus 2 ou Nexus 5X par exemple).
Quid de l'autofocus maintenant ? Ces deux appareils utilisent un système de mise au point hybride avec détection de phase, baptisé Focus Pixel chez Apple et Dual Pixel chez Samsung. Pour mémoire, Samsung conserve une légère avance chronologique, puisque la mise au point hybride est arrivée sur le Galaxy S5 chez Samsung (avril 2014) alors qu'elle est apparue sur l'iPhone 6 chez Apple (septembre 2014). La technologie de Samsung se distingue par le dédoublement total des photosites et de leur usage, ce qui signifie non seulement que tous les pixels peuvent faire de la détection de phase mais aussi qu'il n'y a pas de perte de pixels dans la formation de l'image. Jusqu'à maintenant, les pixels consacrés à la détection de phase (des verts, deux fois plus nombreux) ne faisaient que ça, ils étaient alors reconstitués artificiellement pour enregistrer la capture.
Alors ? Dans la pratique, les deux solutions sont proches, notamment en plein jour et lorsqu'on pilote le focus au doigt. L'AF Apple va opérer instantanément mais avec une transition plus douce, l'AF de Samsung va laisser un court laps de temps avant de réagir, et faire ensuite sa mise au point ultra rapidement. Cette différence donne l'impression que le Galaxy S7 est plus nerveux mais au final, les deux smartphones effectuent leur mise au point à la même vitesse.
La mesure du point du Galaxy S7 est une nouvelle référence de fiabilité
Samsung reprend un ascendant sur la mise au point permanente, avec une cadence d'actualisation plus rythmée (quasi perpétuelle à vrai dire, c'est impressionnant), et également par faible luminosité. L'iPhone 6s s'avère précis mais il tâtonne et semble même parfois « pomper » là où le Galaxy S7 demeure imperturbable et rapide.
Reste la rafale, encore à l'avantage du Galaxy S7, avec 20 images par seconde sur 100 vues (une sacrée performance, avec des images en 12 mégapixels), versus 8 images par seconde en illimité sur l'iPhone 6s. Tout cela mis bout à bout place le smartphone de Samsung au-dessus de celui d'Apple sur le critère de la réactivité, que nous jugions pourtant très bonne dans le test de l'iPhone 6s il y a quelques mois. Comme quoi, les choses changent vite, les places de leader vont et viennent.
Qualité d'image : avantage à Samsung
Si la réactivité est un point crucial en photo, en particulier sur un smartphone où la spontanéité prévaut, la qualité d'image n'en reste pas moins une valeur essentielle pour jauger de l'efficacité d'un appareil photo. Ici, nous pouvons comparer deux capteurs de 12 mégapixels.Néanmoins, définition ne signifie pas dimension. Apple s'appuie en effet sur un capteur d'un tiers de pouce - une dimension aujourd'hui standard pour un smartphone - tandis que Samsung opte pour un capteur de 1/2,5 pouce. L'écart paraît faible mais il représente tout de même un bénéfice d'environ 40 % de surface photosensible supplémentaire pour le Galaxy S7. A l'échelle du photosite - et puisqu'on est sur du 12 mégapixels dans les deux cas - nous avons donc du 1,22 µ chez Apple contre 1,44 µ chez Samsung. Si ce fait technique est bien exploité, il doit théoriquement profiter à la dynamique et à la gestion des hautes sensibilités du Galaxy S7.
Avant de trancher sur la qualité d'image, il nous faut également préciser que les deux smartphones n'utilisent pas les mêmes optiques. Chez Apple, on réutilise le groupe de cinq lentilles couvrant une focale de 29 mm et ouvrant à f:2,2, déjà présent sur l'iPhone 6. Ce bloc ne bénéficie pas de stabilisation optique sur l'iPhone 6s normal, mais uniquement sur le 6s Plus. Chez Samsung, on a raccourci la focale équivalente (de 28 à 26 mm) et on a amélioré la luminosité (de f:1,9 à f:1,7). Entre 1,7 et 2,2, il y a quasi une valeur de diaphragme d'écart, tout de même. Le bloc est stabilisé de manière optique, qu'on soit sur un S7 normal ou un Edge.
Alors, lequel des deux réalise les plus beaux clichés ? Cette question n'est pas si simple. Déjà, parce que l'impact de l'optique sur l'image est assez considérable. D'un côté, on a Samsung qui paraît très net au centre mais flou sur les bords, de l'autre on a Apple qui pique moyennement, mais se montre uniforme. Samsung fait plus dans le pêchu clé en main en jouant sur des micro-contrastes très accentués, Apple mise davantage sur le naturel, c'est un choix. Ce qu'il y a de sûr, c'est que le 26 mm n'est pas bien maîtrisé par Samsung : on aurait préféré se contenter de 28 ou 29 mm et avoir des bords d'image plus propres.
A gauche, une photo en plein jour du Galaxy S7 (50 ISO), à droite la même faite par l'iPhone 6s (25 ISO). En dessous, les extraits à 100 %.
A gauche, le Galaxy S7, au centre l'iPhone 6s et à droite, le Galaxy S7 à nouveau. Sur la grue, on voit bien l'excès de micro-contraste appliqué par le Galaxy S7. Et le manque de piqué sur le bord gauche de l'image (troisième extrait).
Et si le rendu d'image bien contrasté de Samsung flatte tout de suite le regard, là où l'image de l'iPhone 6s peut sembler terne, en scrutant de plus près les pixels, l'accentuation n'est pas toujours bien heureuse. Quand on voit de quoi le RAW est capable, une vraie force du Galaxy S7 par rapport à l'iPhone 6s, on se dit que Samsung aurait pu doser son traitement autrement.
Abstraction faite des optiques et approches différentes, les deux smartphones sont au coude à coude par beau temps. La quantité de détails capturés est similaire dans les deux cas : 12 mégapixels c'est une bonne définition pour un smartphone. Samsung rend des teintes et une balance des blancs plus froides qu'Apple, mais ça, ça n'est pas nouveau. Et la question de la dynamique n'entre jamais vraiment en compte puisque dans les deux cas, le mode HDR automatique permet de bien équilibrer la scène sans freiner la prise de vue. Bref, les deux font de très belles photos, pour des smartphones.
Le face à face se complique pour Apple quand la luminosité baisse. Si on combine une ouverture moindre de l'optique, des photosites plus petits et l'absence de stabilisation, c'est assez logique. L'iPhone 6s produit beaucoup de bruit de luminance quand les lux viennent à manquer, une granularité qu'on ne retrouve pas sur le Galaxy S7. Ce dernier lisse davantage sans trop condamner de détails. Mais surtout, Samsung parvient à maintenir un contraste d'image nourri et une relativement bonne saturation (sans bruit chromatique excessif) là où l'iPhone 6s perd beaucoup de tonus. Le smartphone d'Apple plafonne par ailleurs toujours à une vitesse d'obturation de 1/17s (et 2 000 ISO), réglages où les résultats sont facilement flous. Alors que le Galaxy S7, qui n'est jamais monté au-dessus de 1 250 ISO en automatique, peut abaisser sa prise de vue à 1/10s et produire des images nettes. La stabilisation optique et la grande ouverture font la différence.
Quid du capteur en façade ? Dans les deux cas la HDR automatique produit des photos assez fournies en informations (pour des selfies). On préfère la colorimétrie de Samsung, moins jaune que celle d'Apple, mais on apprécie qu'Apple sépare la version HDR de la non HDR. Par ailleurs, le grand-angle du Galaxy S7 sera plus adapté aux portraits de groupe mais il déforme : amateurs d'« ego-selfie », l'iPhone 6s vous siéra davantage.
Selfies réalisés avec les deux smartphones étudiés, à gauche le Galaxy S7, à droite l'iPhone 6s
Vidéo : match nul
L'autre compétence des smartphones qui a connu une mutation impressionnante en quelques années, c'est la vidéo. Les définitions ont suivi la tendance générale (Ultra HD sur ces deux modèles), mais surtout, la puissance démocratisée permet de gérer des débits d'encodage élevés sans broncher. Ici, autant le dire tout de suite, on est au même niveau, très haut, sur le Galaxy S7 et l'iPhone 6s.Les deux appareils proposent les mêmes modes de capture, 1080p à 30 et 60 im/s, UHD à 30 im/s et ralenti 720p à 120 et 240 im/s. Ils profitent également tous les deux d'excellents systèmes de mise au point automatique et d'une stabilisation numérique ultra efficace. Certes, le Galaxy S7 peut se contenter de la stabilisation optique absente de l'iPhone 6s, et évite ainsi l'important recadrage du procédé numérique. Toutefois, c'est bien en activant celle numérique qu'on bénéficie du meilleur rendu. La stabilisation optique seule tend à créer des « saccades » sur les à-coups latéraux. Samsung et Apple se retrouvent au final à égalité.
Alors ? Le Galaxy S7 profite d'un meilleur encodage du son, capté en stéréo (AAC @ 256 Kbps) alors que l'iPhone 6s stagne sur du mono (AAC @ 82 Kbps). Et en vidéo, la focale plus grand-angulaire du smartphone de Samsung devient un atout pour minimiser l'impact du recadrage imposé par la stabilisation numérique. Côté iPhone 6s, l'image est un peu plus propre en dépit d'un débit d'encodage identique (voire à peine inférieur) en 1080 p (environ 17 Mbps). En UHD, Apple encode à 50 Mbps versus 48 Mbps pour Samsung, dans les deux cas en H.264. Là aussi, l'iPhone 6s se montre légèrement plus qualitatif mais ça ne saute pas aux yeux dans cette définition. Autrement dit, en vidéo, c'est blanc bonnet et bonnet blanc entre le Galaxy S7 et l'iPhone 6s !
Conclusion
Le verdict final n'est pas vraiment étonnant : ces appareils haut de gamme sont au coude à coude en matière de potentiel photo - très doués - mais le plus récent des deux prend tout de même l'ascendant. Il faut dire que l'univers du smartphone évolue vite, et comme les vaisseaux amiraux d'Apple et Samsung sortent avec six mois d'écart, ils ne sont jamais réellement sur le même plan technique. Autrement dit, il est probable que le prochain iPhone haut de gamme - le 7 a priori - fasse mieux que le Galaxy S7... jusqu'au Galaxy S8. Ou pas... puisque l'iPhone 6s n'avait pas réussi à faire mieux que le Galaxy S6 dans la gestion des basses sensibilités.Dans l'ensemble, c'est le Galaxy S7 qui se distingue, plus réactif que son rival, et meilleur pour capturer des instants dans des conditions difficiles (basses lumières). Ceux qui s'intéressent réellement à la photo sur smartphone sauront apprécier la plus-value du format RAW. C'est d'autant plus utile ici que Samsung a la main un peu lourde sur l'accentuation des micro-contrastes et de la clarté dans son traitement de base des Jpeg. Ça fait des images pêchues mais pas forcément idéales à post-traiter, d'où le RAW. La seule réelle ombre au tableau du Galaxy S7 en matière de photo, c'est cette focale de 26 mm, très (trop ?) courte, que Samsung ne maîtrise pas parfaitement sur les bords.
Les deux smartphones restent d'excellents photophones, redoutables d'efficacité, et ils se valent complètement pour la capture de vidéo. Apple reste dans le jeu, Samsung parvient lui à améliorer son déjà très bon Galaxy S6, bravo. On a hâte de voir la suite !