Qui dit décembre, dit rétrospective. Un exercice de réflexion stimulant pour nous autres journalistes, doublé d'une belle occasion de garnir les pages des sites web en cette période où l'actualité se fait plus discrète. Or, il se trouve que 2021 a été une année particulièrement riche dans le monde des smartphones. Non seulement nous avons été gâtés en références mémorables, mais certaines innovations ont aussi fait leur trou pour nous promettre des lendemains technologiques encore meilleurs…
2021 nous a ainsi confirmé que les écrans à haute fréquence de rafraîchissement sont là pour rester, mais aussi que les smartphones à écran pliable ont un avenir. Le tout, saupoudré par des avancées majeures du côté des SoC (System on a Chip), les processeurs qui animent nos téléphones mobiles et se montrent toujours plus véloces et intelligents.
Des smartphones plus performants à tous les prix
On ne vous apprendra rien : plus l'on avance et plus les chipsets intégrés à nos smartphones (et appareils électroniques en général) sont puissants. Nous devons notamment cela aux progrès effectués chaque année par les fondeurs, qui parviennent à améliorer la finesse de gravure des processeurs permettant, schématiquement, d'augmenter les performances en multipliant les transistors, tout en réduisant leur consommation électrique.
Cette année, Qualcomm a été pour le moins omniprésent sur le marché du smartphone Android. Son Snapdragon 888 s'est retrouvé partout, y compris sur des smartphones vendus à prix cassé (comme le realme GT 5G). Ultra véloce, ce SoC gravé en 5 nm se présente comme une véritable boîte à outils capable d'opérer non seulement des calculs complexes liés à l'intelligence artificielle, mais aussi des rendus graphiques exigeants en jeu. Et il a fait des petits.
Le constructeur américain a en effet multiplié les références, et accentué sa présence sur le marché du « gaming » grâce à des SoC comme le Snapdragon 750G ou le Snapdragon 690G (on vous laisse deviner à quoi fait référence le suffixe).
Il faut aussi remarquer que MediaTek semble revenir en odeur de sainteté, et a pu lui aussi semer ses chipset dans de nombreux appareils cette année (le Redmi Note 10 5G notamment). Pour le dire autrement, on trouve désormais d'excellents smartphones à tous les prix, et dotés de performances qui équivalent celles des mobiles haut de gamme d'il y a trois ans.
Ces avancées technologiques permettent aussi de démocratiser toujours plus la 5G sur les territoires. Si son adoption est encore laborieuse en France, le fait est qu'une écrasante majorité des nouveaux smartphones commercialisés au-dessus des 200 euros est compatible 5G. À ce niveau-là, il n'y a plus de retour en arrière possible, et ce, que vous ayez un forfait compatible ou non.
Un milieu de gamme dans une forme olympique
Cela ne vous aura pas échappé : chaque année de nouvelles marques s'insèrent sur le marché du smartphone, que l'on pensait pourtant saturé. Il faut dire que la déchéance de Huawei, rendu de fait inintéressant en Occident de par son interdiction d'utiliser Android, a ouvert une brèche dans laquelle de nombreux concurrents se sont engouffrés.
Et qui de mieux pour reprendre le trône que Honor ? Jadis une filiale de l'ogre Huawei, elle a déployé ses ailes cette année (avec le Honor 50 notamment) et promet déjà un avenir radieux, en développant notamment des projets de smartphones pliants.
Autre vieux briscard sur le retour : Motorola. La marque historique, que l'on pensait définitivement perdue depuis des années, ou du moins condamnée à ne plus jamais sortir du segment de l'entrée de gamme, a su se réinventer. En 2021, le constructeur nous a notamment surpris avec le Motorola Edge 20 Pro : un smartphone de milieu de gamme offrant des prestations remarquables.
Mais 2021 a aussi été marquée par l'avènement d'un nouvel importun venu de Chine : realme. Déjà présente sur le marché depuis quelques années, la marque a littéralement inondé nos étals cette année avec de nombreuses références toutes aussi réussies les unes que les autres. Sur l'entrée de gamme, on retient particulièrement le realme 8, quand le realme GT Neo2 fera le bonheur des acheteurs plus exigeants (tout en restant sous la barre des 500 euros).
Chahutant un Xiaomi pourtant toujours très à l'aise sur ce segment, realme a aussi poussé un certain OnePlus a revoir ses priorités. Tombé en désamour auprès des fans de la première heure pour avoir fait le choix de rejoindre le wagon des marques tournées vers le très haut de gamme, le constructeur de Shenzhen remonte peu à peu la pente grâce à des références d'entrée et de milieu de gamme très intéressantes. À ce jour, les OnePlus Nord 2 et OnePlus Nord CE 5G restent parmi les nouveautés les plus impressionnantes de l'année.
Des écrans plus captivants que jamais
Et si les smartphones d'entrée et de milieu de gamme sont de plus en plus attirants, c'est qu'ils demandent aux utilisateurs et utilisatrices de faire toujours moins de compromis par rapport à un smartphone vendu plus cher.
Aujourd'hui, la plupart des smartphones au-dessus des 300 euros embarquent une dalle AMOLED. Inimaginable il y a quelques années. On profite alors de couleurs plus vives et de contrastes plus importants, qui améliorent grandement le plaisir que l'on prend à consulter son appareil.
Autre confirmation de 2021 : les écrans à haut taux de rafraîchissement sont définitivement adoptés par l'industrie. La meilleure façon de s'en convaincre est de regarder ce qui se fait du côté d'Apple. En bon suiveur, le constructeur américain a décidé, il y a juste trois mois, d'offrir à ses iPhone 13 Pro et iPhone 13 Pro Max un écran 120 Hz. Signe que la technologie est mure, pourrait-on dire.
Mais la vérité est que ce type d'écran a creusé son sillon jusqu'à des modèles très accessibles. Vendu 229 euros, le realme 8 5G profite d'une fréquence d'affichage de 90 Hz. À 299 euros, le Redmi Note 10 Pro cumule dalle AMOLED et fréquence de 120 Hz pour un confort optimal.
2021 a aussi été marquée par les smartphones pliants. Bien sûr, pour le moment, Samsung a les coudées franches pour expérimenter sur ce segment. Le Sud-Coréen en est déjà a sa troisième génération de smartphones hybrides, et le fait est qu'en l'absence de concurrent (du moins en France), il s'en sort admirablement bien.
Les Galaxy Z Fold 3 et Galaxy Z Flip 3 nous apparaissent comme les smartphones pliants les plus aboutis. D'autant que Samsung a eu la judicieuse idée d'abaisser l'importante barrière du prix qui se dressait jusqu'ici devant les enthousiastes. Bien sûr, nous n'en sommes pas encore à pouvoir nous offrir des smartphones pliants abordables. Pour l'heure, aucun n'est commercialisé sous la barre des 1 000 euros (c'était 1 500 euros l'an dernier). Mais l'arrivée de concurrents sur ce nouveau marché devrait contribuer à abaisser d'autant plus la barrière tarifaire. Dernier entrant dans la danse : OPPO, qui a dévoilé il y a quelques jours son Find N. Cela ne fait plus aucun doute : ce type d'appareils est désormais pérenne dans le paysage du smartphone.
La recharge rapide passe la cinquième
Toutefois, tout ce que nous venons de décrire ci-dessus pose un problème de taille. Que ce soit les écrans à haute fréquence de rafraîchissement, ou les smartphones pliants et leurs dalles gigantesques, il s'agit de composants qui consomment énormément d'électricité au quotidien. Autrement dit : oui, l'image est plus fluide, mais le smartphone est moins endurant.
Pour pallier ce problème, les constructeurs ont opté pour des solutions diverses et variées. Il y a d'abord eu la plus logique : l'augmentation de la taille des batteries. Désormais, la plupart des smartphones sont équipés d'une batterie tournant autour des 5 000 mAh. Mais cela n'est pas suffisant pour assurer une autonomie décente.
Pour améliorer leur bilan, les marques adoptent ainsi d'autres technologies comme la fréquence de rafraîchissement variable, ou adaptative. Cela permet à l'écran d'adapter sa fréquence à l'application effectivement affichée à l'écran afin d'économiser de l'énergie. Le OnePlus 9 Pro peut ainsi adapter sa fréquence entre 1 et 120 Hz. Les iPhone 13 Pro et Samsung Galaxy S21 Ultra la font varier entre 10 et 120 Hz.
Mais qu'importe les efforts produits, il reste illusoire d'espérer tenir plus d'une journée entière avec un téléphone haut de gamme. Le problème est donc abordé à l'inverse par les OEM : et si l'accent était mis sur la vitesse de recharge ?
Et quelle année en la matière ! Si d'éternels briscards semblent ne faire aucun effort (Samsung et Apple en tête), la plupart des constructeurs proposent désormais des chargeurs capables de redonner ses couleurs à n'importe quelle batterie en moins de 30 minutes. Dans l'exercice, on ne fait pour l'heure pas mieux que le Xiaomi 11T Pro, qui peut passer de 0 à 100 % d'autonomie en 20 minutes chrono. Du jamais vu, tout simplement.
Le support logiciel en progrès
Nous pouvons aussi nous réjouir du fait que les constructeurs prennent enfin la mesure de l'importance d'allonger le suivi logiciel de leurs appareils. Il y a encore deux ans, il n'était pas rare de voir des OEM ne promettre qu'une mise à jour majeure d'Android. Autant dire qu'on a vu plus durable. D'autant que, dans l'écurie d'en face, Apple n'a pas dévié de sa ligne. Aujourd'hui, même un iPhone 6S sorti en 2015 peut être mis à jour vers la dernière version d'iOS.
Aucun smartphone Android ne propose encore un suivi aussi conséquent. Mais le progrès est réel et, c'est plutôt attendu : Google mène la marche. Avec ses récents Pixel 6 et Pixel 6 Pro, le constructeur promet cinq ans de mises à jour. Il faut cependant encore opérer une distinction entre « mises à jour de sécurité » et « mises à jour majeures ». Si l'on retient ce dernier critère, on tombe alors à trois ans chez Google. Cela signifie que ses derniers smartphones, actuellement sous Android 12, pourront être mis à jour jusqu'à Android 15 au mieux.
Samsung, plus gros vendeur de smartphones au monde, avait déjà annoncé passer à un suivi de trois ans en 2020. Mais cette année, il a encore ajouté une année de support concernant les mises à jour de sécurité. OPPO envisage d'ailleurs de lui emboîter le pas, tandis que Vivo a récemment annoncé un support étendu à trois ans.
On l'a dit, les choses progressent. Mais il apparaît le plus souvent que ces mesures ne concernent, hélas, que les smartphones les plus haut de gamme des différents constructeurs. Les mobiles d'entrée de gamme de Samsung, par exemple le Galaxy M12 ou le M32, ne profiteront que de deux mises à jour majeures.
La photo toujours plus impressionnante au smartphone
Dernier point que nous souhaitions aborder dans ce bilan : les smartphones ont une nouvelle fois fait un bond de géant cette année en ce qui concerne la photographie.
C'est que les constructeurs semblent commencer à revenir de la ridicule course aux mégapixels dans laquelle ils s'étaient lancés à tour de rôle. Cette année, nous avons surtout vu surgir des capteurs plus gros, autorisant davantage de lumière à y pénétrer et améliorant in fine la qualité des clichés, davantage qu'une simple augmentation de la résolution.
Si l'on ne conserve que le critère de taille, le module principal du Xiaomi Mi 11 Ultra reste à ce jour invaincu. Mesurant pratiquement 1 pouce (1/1,12" exactement, pour des photosites de 2,8 µm après pixel binning), il offre des photos tout bonnement éblouissantes, et se montre redoutable de nuit.
Un chemin qu'ont aussi emprunté la plupart de ses concurrents, à commencer par Apple qui revient de loin en la matière. Lui aussi a fait le choix d'un capteur grand-angle de taille plus généreuse sur ses iPhone 13 et iPhone 13 Pro. Adossé à un ISP (image signal processor, la partie du processeur responsable du traitement des images) performant et à une stabilisation impeccable, il permet au smartphone de capturer des photos nocturnes d'excellente qualité.
Le maître en la matière reste bien entendu Google, qui tout bonnement révolutionné ses Pixel 6 et Pixel 6 Pro en leur offrant un capteur 50 mégapixels de 1/1,31". Et quels gains par rapport au module 1/2,55" 12 mégapixels du Pixel 5 ! D'autant que le constructeur a une nouvelle fois amélioré ses algorithmes pour qu'ils réduisent encore plus efficacement la présence de bruit dans l'image et se montre le plus respectueux possible de la carnation des sujets que l'on prend en photo.
Reste-t-il encore de la marge d'amélioration, quand on a atteint un tel degré de qualité ? Bien sûr. En l'occurrence, les capteurs secondaires et tertiaires de nos smartphones mériteraient bien qu'on s'y intéresse. Mais c'est un problème de taille, littéralement, qui va alors se poser. Comment augmenter la taille des composants sans augmenter celle du smartphone ? On souhaite plein de courage aux ingénieurs chargés d'y réfléchir.
De quoi 2022 sera fait ?
Dans les grandes lignes, on peut dire que la dynamique impulsée en 2021 donne un cap assez solide à l'industrie pour l'année à venir. Indéniablement, 2022 sera faite de smartphones pliants, et de références d'entrée et de milieu de gamme plus impressionnantes les unes que les autres.
On devrait aussi voir apparaître de plus en plus de smartphones dont la caméra avant est camouflée sous l'écran, exactement comme sur le Samsung Galaxy Z Fold 3. Loin d'être mûre, cette technologie se paie encore au prix d'une importante dégradation de la qualité des selfies. Mais Motorola et realme sont déjà en lice pour être parmi les premiers à en proposer sur le marché.
On l'a dit : les smartphones pliants ont le vent en poupe. Il ne faudra donc pas s'étonner quand de nouveaux acteurs intégreront ce marché florissant. En début d'année, on pourra notamment découvrir le Huawei Pocket P50 et son design à clapet. Il n'est pas non plus exclu que le Xiaomi Mi Fold, ou plutôt son successeur, se paie enfin une sortie sur le Vieux Continent. D'aucuns s'imaginent aussi qu'Apple rejoindra bientôt la bande, mais des observateurs plus prudents n'envisagent pas la chose avant 2023, au mieux.
Dans tous les cas, il est un sujet que nous avons soigneusement évité d'aborder jusqu'ici et qui conditionnera mine de rien toute la tech : l'état de la pénurie de composants. Vous le savez, la reprise est extrêmement délicate pour les usines qui fournissent tous les constructeurs de l'industrie en composants informatiques. Les carnets de commandes pleins à craquer et la « marche du progrès » peu encline à ralentir, il sort aujourd'hui beaucoup plus d'appareils que ce que nous ne sommes capables de produire. Une situation qui conduit aux grandes difficultés d'approvisionnement qui touche notamment les PlayStation 5, ou encore les cartes graphiques dernier cri. Selon les premiers intéressés, nous ne devrions pas sortir du tunnel avant 2023.
Une épine dans le pied pour les constructeurs, qui les pousse néanmoins à prendre leur indépendance vis-à-vis de leurs fournisseurs habituels. À l'instar d'Apple ou de Samsung, ils sont en effet de plus en plus nombreux à vouloir développer leurs propres puces pour ne plus dépendre de fournisseurs comme Qualcomm ou MediaTek. Cette année, la chose a notamment réussi à Google, qui a lancé avec succès son premier SoC, baptisé Tensor. Récemment, nous apprenions qu'OPPO voulait faire de même avec sa puce MariSilicon X. Dans le même ordre d'idées, Vivo a aussi commencé à produire son propre ISP, destiné à rejoindre ses futurs smartphones haut de gamme.
Une année qui promet donc autant de belles choses que de défis pour les constructeurs et les amateurs de smartphones. Quoi qu'il en soit, nous serons toujours au rendez-vous pour vous informer, pour décortiquer l'actualité et vous proposer les tests et comparatifs les plus complets possibles pour vous accompagner dans vos décisions d'achat.
D'avance, une belle année à toutes et à tous !