Test de la Sony Tablet P
Un peu plus de 3 mois après la sortie de sa première tablette Android (Tablet S, test disponible ici), Sony remet le couvert en proposant une tablette « portable » pliable. Pari réussi ou innovation mal maitrisée ? La réponse à l'issue de notre test !NB : Nous n'avons pas été en mesure d'utiliser le mode Debug de la tablette pour réaliser des captures d'écran, celle ci n'étant pas reconnue lors de la connexion. Les captures ont donc été réalisées avec un appareil photo.
Sony Tablet P | |
Caractéristiques principales | |
Système d'exploitation | Android Android Honeycomb 3.2 |
Processeur / Fréquence | NVIDIA® Tegra™ 2 cadencé à 1 GHz |
Mémoire / Stockage | Mémoire interne : 2 Go carte SD fournie 2 Go SDHC jusqu'à 64 Go RAM : 1 Go |
Technologie d'écran et définition | Deux écrans LCD de 5.5 pouces (1024 x 480) Tactile capacitif |
Appareil photo | APN de 5 mégapixels Caméra frontale VGA 0.3 mégapixels |
GPS | OUI |
Divers | - |
Batterie | Lithium-ion (7 heures annoncés) |
Dimensions | 15,8 x 1,4 x 8 (cm) |
Poids | 372 g (avec batterie) |
Design de l'appareil [/anchor]
Le design de l'appareil tranche radicalement par rapport aux autres tablettes. Sony se distingue en proposant un modèle pliable à deux écrans. En position refermée, la Tablet P peut tenir dans un petit sac, ou dans une grande poche. Ouverte, elle propose une navigation sur deux écrans tactiles capacitifs IPS d'une résolution de 1024 x 480 (5.5 pouces chacun). Dans les faits, les deux matrices LCD sont séparées par une nervure « inerte » de 8 mm de large, ce qui ne facilite pas la lisibilité. Heureusement, l'articulation semble même robuste et la finition globale inspire plutôt confiance.Tablette en mains, on constate que le poids n'est pas négligeable compte tenu des mensurations réduites. Impossible de brandir l'argument d'une éventuelle coque métallique. La couleur est trompeuse : le corps est taillé dans un plastique recouvert d'une peinture sensible aux agressions du quotidien (rayures, usure).
Ces caches devront être démontés pour accéder à la batterie (amovible), au slot micro SD ainsi qu'à l'emplacement SIM. Dans l'ensemble, le produit propose tout de même une bonne finition.
Sur le plan technique, on retrouve une architecture globalement similaire à la Sony Tablet S. Ce modèle pliable embarque un processeur double cœur Tegra 2 cadencé à 1 GHz et épaulé par 1 Go de RAM. Côté stockage, la tablette propose 2 Go de mémoire embarquée complétés par une carte micro SD, elle aussi de 2 Go. L'ensemble nous donne un total de 4 Go qui parait bien maigre au regard des standards actuels, à plus forte raison au prix ou est proposée la tablette.
Côté sans fil, la Sony Tablet P propose des circuits Wi-Fi b/g/n et SIM ainsi qu'une puce Bluetooth 2.1.
À propos des deux écrans [/anchor]
Si l'idée de base de proposer une tablette pliable composée de deux écrans est louable, nous verrons qu'on pratique, les choses se gâtent assez rapidement. En dehors des applications Sony optimisées (et encore), aucun programme du Market n'est réellement adapté à cette configuration. Il faut dire que le Kiosque de Google annonce la couleur : l'Android Market s'affiche uniquement sur l'écran du haut ! Heureusement, Sony a prévu un mode « plein écran ». Nous sommes parvenus à l'activer avec l'ensemble des programmes testés, mais cette fois encore, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances.De plus, quelle que soit l'activité, la séparation de 8 mm entre les deux matrices est inconfortable. À tout cela s'ajoute le format global « carré » qui ne correspond à aucun standard
Le clavier virtuel occupe systématiquement l'intégralité de l'écran du bas, ce qui est plutôt logique. En revanche, lorsque la tablette est tenue à deux mains, on a un peu de mal à attendre les lettres du milieu avec les pouces. Un problème qui s'accentuera avec les petites mains.
Internet [/anchor]
Le navigateur Web semble être moins à l'aise que sur Tablet P, ou sur les autres tablettes dotées d'une architecture Tegra 2. Les pages se chargent rapidement, mais le défilement des pages manque cruellement de fluidité. À cela s'ajoute bien sûr une fenêtre de navigation coupée en deux par l'interstice de 8 mm qui sépare les deux écrans... Côté multimédia, le flash fonctionne plutôt bien.En revanche, on note la disparition de l'application officielle YouTube pourtant présente en standard sur Honeycomb. Un technicien de Sony confirme cette information en indiquant qu'une version supportant les deux écrans est encore en développement.
On peut passer par le navigateur Web pour profiter des contenus vidéo de cette célèbre plateforme de partage, mais l'interstice qui sépare les deux écrans ne facilite pas les choses.
Photo, capture vidéo[/anchor]
Même s'il ne s'agit pas vraiment d'une fonction majeure sur tablette, la Sony Tablet P est tout de même équipée d'un APN de 5 mégapixels dépourvu de flash. En photo, la tablette génère des fichiers de 2590 x 1944 d'environs 1.6 Mo. Si le résultat n'est pas catastrophique, on se situe toute de même loin des références du genre. Les couleurs sont rendues fidèlement, mais le piqué est aux abonnés absents. À moyenne et longue distance, le rendu de zones détaillées se transforme en flou artistique.En vidéo, la tablette de Sony propose un mode 720p (1280 x 720). Cette fois encore, on s'attendait à mieux. Les fichiers MP4 sont fluides et l'autofocus réactif à rafraichissement automatique est appréciable. En revanche, la vidéo manque de netteté même après mise au point. Par moment, ce défaut est accentué par une compression un peu trop importante.
Enfin, notez que la mémoire interne de 2 Go ne peut pas être utilisée par l'APN. En sachant que Sony fournit une carte micro SD de 2 Go, on comprend vite qu'il faut mettre la main au portefeuille pour monter en capacité.
Lecture vidéo et audio[/anchor]
Soyons francs, le format à double écran est particulièrement inadapté à la vidéo. Comme on peut s'en douter, quel que soit le programme, on est limité à l'écran supérieur de la tablette. Au final, on en arrive à une situation ubuesque, cette tablette offrant une surface d'affichage identique à celle d'un smartphone (Galaxy S2, par exemple). Bien sûr, avec un logiciel tiers, il est toujours possible d'utiliser les deux écrans avec le résultat qu'on imagine : un film coupé en deux horizontalement. À cela, il convient d'ajouter les difficultés de décompressions des MKV HD 720p dues à la puce Tegra2, cette dernière étant dépourvue d'accélération matérielle pour la décompression des flux « high profile ».Remarque : Avec le lecteur de Sony, l'écran du bas peut être désactivé.
Pour l'audio, Sony propose un lecteur optimisé pour les deux écrans en complément du lecteur natif d'Honeycomb. Compte tenu du prix de la machine, on aurait apprécié que Sony fournisse un casque audio.
Sony propose également les applications Musique et Video Unlimited, deux kiosques qui permettent d'acheter ou de louer de la musique ou des vidéos. Pour la vidéo, les tarifs pratiqués oscillent entre 2,99 (location) et 14,99 (achat définitif). Du côté de la musique, Sony se limite à aux abonnements. La firme nippone propose des formules à basique ou premium facturées respectivement 2.99 ou 14,99 euros par mois. Le catalogue revendique plus de 10 millions de titres et 1100 films.
Lecture et livres électroniques [/anchor]
Sony préinstalle un lecteur de livres électroniques « maison ». Le programme est optimisé pour les deux écrans. Il est possible de tenir la tablette comme un livre de poche, les deux écrans jouant alors le rôle de pages virtuelles.Malheureusement, même pour cette activité, la Tablet P ne convainc pas vraiment dans la mesure où la surface d'affichage de chacun des deux écrans correspond peu ou prou à celle d'un smartphone. Avec les ouvrages scannés, les caractères sont presque illisibles. Il faut effectuer un zoom multipoint, mais dans ce cas, la première page déborde sur le second écran (et vice versa lorsqu'on lit la page 2).
Même lorsque les caractères sont parfaitement lisibles, le second écran n'apporte rien, la lecture de deux pages simultanés étant impossible.
Paradoxalement, un programme non optimisé tel qu'Aldiko (disponible ici) sauve la mise. Ce dernier permet de changer la taille des polices sans entrainer de gênes particulières. Lorsque le texte est coupé au centre des deux écrans, il suffit d'agir sur les marges pour ajuster le texte à sa convenance.
Le jeux vidéo sur Sony Tablet P[/anchor]
Concernant les jeux traditionnels disponibles sur le Market, les joueurs auront deux alternatives. La première est simple, elle consiste à condamner l'écran du bas. Dans ce cas, bien que la matrice supérieure soit large, on retombe sur une diagonale globalement identique à celle d'un smartphone, inconvénient dû à l'encombrement de l'écran inerte en plus...La seconde possibilité n'est pas plus idéale. On peut activer le mode plein écran qui étire la surface d'affichage du jeu sur les deux matrices LCD. Les conséquences sont multiples : l'image est déformée, coupée en deux par l'interstice qui sépare les deux écrans et parfois, les bords sont rognés (voir photos d'écran).
À l'instar des Sony tablet S et Xperia Play, cette tablette bénéficie d'une certification PlayStation. Dans les faits, il ne faudra pas s'attendre à des miracles. Sortie de la boite, la tablette est livrée avec MediEvil et Pinball Heroes. Un kiosque dédié propose 11 autres titres issus de la PlayStation première du nom (rappelons que la PSX est sortie en Europe il y plus de 16 ans).
Sur un plan purement technique, l'absence d'optimisation (3D brute de décoffrage) associée à la problématique du double écran offre un rendu quasi impressionniste. Au final, on a l'impression qu'un timbre-poste (format 4 :3) essaye de vous faire ingurgiter du pixel à la louche.
Passons sur les contrôles tactiles sur écran dépourvu de pad circulaire, cette dernière étant remplacée par une croix directionnelle peu pratique. On peut aussi évoquer les boutons R1 R2, etc. qui nécessitent une seconde paire de bras pour pouvoir être actionnés, mais nous nous arrêterons là.
Performances[/anchor]
Tests de performances [/anchor]
Que donne cette tablette face à ses concurrents ? Quelles sont ses performances sur des tests théoriques ou face à une mise en situation pratique ? Vous trouverez des résultats chiffrés et comparés en consultant la page suivante :Autonomie
Pendant notre test d'autonomie, un film défile en boucle jusqu'à épuisement de la batterie. Dans ces conditions, la batterie qui équipe la Tablet P de Sony s'épuise totalement au bout de 6h 55. Le score se situe dans une bonne moyenne si l'on compare la tablette à ses homologues Android.Conclusion [/anchor]
Sur le papier, cette tablette pliable à deux écrans était plutôt séduisante. Après une brève période d'utilisation, on s'aperçoit assez vite que l'idée sympathique se heurte à l'épreuve de la pratique. En premier lieu, ce format hybride ne correspond à aucun standard, et n'est réellement adapté à aucune activité. Soyons clairs : l'Android Market neLes choses ne se passent pas mieux lorsque les applications sont optimisées. À titre d'exemple, la visionneuse vidéo fournie par Sony affiche les films sur un seul écran, soit sur une diagonale équivalente à celle d'un smartphone. Certes, Sony n'a pas d'autres alternatives mais ce cas d'école se reproduit avec d'autres activités, ce qui pousse à se questionner sur l'intérêt d'une telle tablette. En bref, cette Tablet P combine les inconvénients du smartphone (taille d'écran limitée) aux inconvénients des tablettes (poids, gabarits).
On peut également critiquer l'espace de stockage ridicule proposé par Sony, ou l'emplacement du haut-parleur externe qu'on aura tendance a obstruer tablette en mains.
Du côté des points positifs, on apprécie la finition, la robustesse du mécanisme d'articulation ainsi que l'ensemble des efforts consentis par Sony pour améliorer la couche logicielle. Malheureusement, excepté pour les fans inconditionnels du concept, ces atouts ne seront peut-être pas suffisants pour remporter l'adhésion du plus grand nombre.