Samsung Slate PC Series 7
Déjà célebre avant sa sortie, la Slate Series 7 de Samsung était la tablette de référence utilisée par Microsoft pour proposer la Developer Preview de Windows 8 aux participants de la conférence Build. Elle a été commercialisée depuis... Mais naturellement sous Windows 7 ! Samsung réussit-il à proposer enfin une bonne tablette sous Windows ? Ou ne serait-ce pas plutôt un ultrabook tactile ?Design et ergonomie[/anchor]
La Slate est comme son nom l'indique un « slate PC » c'est à dire un hybride entre tablette « média » et PC. Cela conditionne ses dimensions et son poids, plutôt... généreux, même si on a vu plus encombrant dans le genre. La tablette est beaucoup plus large qu'un iPad 2, et dépasse même nettement la Galaxy Tab 10.1 du même constructeur, puisqu'elle arbore un écran 11,6 pouces. Avec son ratio 16:9e, elle accentue encore l'usage en mode paysage plutôt qu'en portrait, logique puisque le futur Windows 8 semble plutôt optimisé pour cet usage. La Slate Series 7 est de toute façon beaucoup trop lourde pour être utilisée de manière confortable à une main : à 868g sur notre balance, elle est certes plus légère que l'Acer Iconia W500, autre tablette Windows, mais boxe clairement dans la catégorie poids lourd.Samsung s'en tire plutôt bien au niveau de l'épaisseur en revanche : on reste très loin des tablettes Android les plus fines, Galaxy Tab 10.1 en tête, mais on ne dépasse finalement pas de beaucoup une Xoom 1 ou une Lenovo Thinkpad Tablet.
La tablette semble plutôt bien finie dans l'ensemble, mais notre exemplaire de test comporte un défaut plutôt gênant : l'écran se décolle au niveau du bouton central. Espérons que ça n'est qu'un problème isolé... Pour le reste, la coque façon aluminium brossé est plutôt agréable, et l'écran prend évidemment les traces de doigts, mais semble disposer d'un traitement oléophobique : les traces partent très facilement. On appréciera également la présence d'une sorte de couche anti reflet derrière l'écran, qui permet d'améliorer sensiblement la visibilité en pleine lumière.
La surface de la tablette, au risque de relancer le méchant troll, rappelle évidemment l'iPad, à ceci près que le bouton d'accueil et la webcam frontale sont placés selon l'orientation paysage.
Petit tour de la connectique : celle ci est plutôt fournie ! On trouvera sur la gauche un port USB, une sortie casque et une sortie vidéo au format Micro HDMI, un slot Micro SD sur la tranche supérieure (qui arbore également 2 micros), et un connecteur dock sur la tranche inférieure. La tranche droite révèle également le bouton d'allumage/mise en veille et le bouton de verrouillage de l'orientation.
La Slate intègre une webcam frontale, mais également un capteur au dos de l'appareil. On verra plus bas qu'il ne faudra pas compter dessus outre mesure.
Le Slate PC Series 7 ne vient pas seul : Samsung inclut également 3 accessoires plus ou moins indispensables. Le premier est une station d'accueil qui permet bien entendu de recharger la tablette, mais qui lui offre surtout une connectique supplémentaire : un port HDMI, un second port USB et surtout un port Ethernet qui saura séduire les utilisateurs nomades. La station pèse son petit poids également : 230 g ! Néanmoins, elle n'est pas encombrante et son mécanisme de support peut se rabattre pour faciliter le transport.
Deuxième accessoire : un clavier Bluetooth plutôt réussi : surface en aluminium brossé, toucher très proche des claviers Apple et alimentation par 2 piles LR03. Samsung a donc plutôt opté pour des éléments séparés. Ca n'est pas plus mal quand on se rappelle des mésaventures du dock clavier raté de l'Iconia Tab W500. Bien sur, ça a moins de classe qu'une Transformer Prime, mais la tablette serait trop lourde pour former l'écran d'un netbook hybride. En revanche, cette approche rend le transport moins facile : la Transformer ou même l'Iconia ont l'avantage de pouvoir se refermer pour protéger l'écran !
Enfin un stylet vient compléter l'ensemble. Comme sur la ThinkPad Tablet de Lenovo, il ne s'agit pas d'un simple stylet capacitif mais d'un vrai stylet actif, l'écran de la tablette étant doublé d'une surface à induction électrique signée Wacom. Un plus pour les amateurs de dessin !
Composants[/anchor]
Le Slate PC Series 7 est plutôt bien équipé, puisqu'il embarque des caractéristiques techniques semblables à L'Asus UX21E ou au MacBook Air 11 pouces d'entrée de gamme. Son processeur est donc un Core i5 2467M cadencé à 1,60 GHz. On est loin de l'Iconia W500 et de son AMD Brazos. Conséquence négative en revanche : même si ça ne chauffe pas outre mesure (65° en pleine charge), ça ventile assez fort ! Un mode silencieux permet heureusement de couper cette soufflerie de poche mais le processeur sera alors bridé dans ses performances. La partie graphique est quant à elle assurée par la solution intégrée HD3000 d'Intel. En clair : il ne faudra pas espérer faire tourner autre chose que des jeux très légers, ou anciens.
Parlons justement de l'affichage. Le Slate PC Series 7 dispose d'un écran LED offrant un angle de vision impeccable, mais les couleurs nous ont semblé un peu fades. L'écran 11,6 pouces offre une définition de 1366x768, ce qui s'avère suffisamment confortable pour surfer ou travailler de manière relativement efficace.
Les 2 capteurs photo/vidéo présents sur l'appareil permettent de réaliser des clichés jusqu'à 1920x1080 pour la caméra frontale, et 2048x1536 pour le capteur situé au dos de la tablette. En revanche, le logiciel fourni par Samsung ne permet pas, dans les deux cas, de monter à plus de... 320x240 en vidéo ! Même si une tablette n'est pas faite pour capturer de la vidéo pour un autre usage que la visio conférence, cette résolution maximale est tout simplement ridicule par rapport à toutes les autres tablette, encore pire que l'Iconia W500 et ses 640x480 !
Côté stockage, là encore on reste dans la norme d'un ultrabook d'entrée de gamme : un SSD de 64 Go, évidemment de marque Samsung, assure un espace relativement confortable pour un usage d'appoint, plus en tous cas que les 32 pauvres Go de l'Iconia Tab W500. 4 Go de DDR3 complètent le tableau.
Un petit tour du côté de la connectique sans fil pour terminer : la tablette est compatible Bluetooth 3.0 et Wifi N. En revanche, pas de 3G ni de GPS, en tous cas sur la version que nous avons eu en test. Une version 3G est cependant disponible.
Interface[/anchor]
Le Slate PC, comme toutes les tablettes sous Windows, doit faire face à un problème plutôt gênant : malgré les quelques optimisations multi-touch de Windows 7, le système n'a pas été conçu pour un usage tactile, et encore moins un usage au doigt. On sait que Microsoft a complètement revu sa copie avec Windows 8 et son interface Metro, et d'ailleurs le format hybride du Slate PC 7 est finalement un des rares types de périphérique qui se prête à la vision un peu schizophrène de Microsoft : on dispose d'une interface tactile optimisée tablette avec Metro, et on peut basculer vers le bureau Windows et ses applications conçues pour la souris et le clavier lorsque la tablette est dockée.Mais Windows 8 n'est pas encore parmi nous et il faut se contenter de 7. Que propose Samsung pour nous rendre l'expérience un peu moins frustrante ? Une surcouche Touch Launcher, accessible depuis le bouton de retour à l'accueil (celui là même qui sera utilisé dans Windows 8 sous Metro), offre un simili springboard façon iOS et Android, ainsi qu'un accès rapide à certains réglages (alimentation, Wi-Fi), à la météo ou aux listes de tâches.
On trouvera aussi quelques applications pensées pour la tablette : calendrier, lecteurs, multimédia, météo... Leur interface est propre et leurs fonctionnalités font le job. On a vu mieux mais on apprécie au moins l'effort.
On notera par exemple la présence d'une application de cartographie basé sur Bing Maps, d'un lecteur de flux RSS, ou encore d'un client Twitter. Bref, rien de transcendant, mais l'interface, sans originalité, s'avère toujours plus convaincante que les quelques applis tactiles proposées par Acer. On reste cependant très loin du confort qui sera apporté par Metro.
Malheureusement on se retrouve bien vite confronté à Windows 7 et son usage franchement imparfait du tactile, ou en tous cas qui tranche nettement avec ce que l'on a appris à exiger d'une tablette depuis l'iPad et Android Honeycomb. Les désagréments se multiplient : un clavier virtuel baladeur et trop complexe (quand il daigne même apparaître, ce qui n'a pas toujours été le cas), des cibles souvent trop petites pour le doigt, même en agrandissant les boutons et les polices, des menus contextuels à l'interface inadaptée, des moments embarrassants où Windows plante et l'on se retrouve devant un menu en mode texte sur lequel il est absolument impossible d'interagir sans souris ou clavier en USB... Sans parler des errements de l'accéléromètre pas franchement réactif, ou d'un autre moment embarrassant : l'affichage persistent d'un avertissement... En coréen !
Windows oblige, on retrouve également le bloatware habituel : le plaisir de retrouver un antivirus en version d'évaluation sur une tablette est assez... spécial. La préinstallation de Skype ou Windows Live Essentials évitera toujours d'avoir à les télécharger séparément, mais on n'était pas non plus à ça près. Là encore Samsung a tenté d'arrondir les angles, notamment en incluant un clavier virtuel supplémentaire et plus proche de ce que l'on a l'habitude de voir sous Android : le fameux Swype. Mais du coup, cet ajout accentue le manque de cohérence de l'ensemble...
Bref, on ressent un besoin urgent de docker la tablette, associer le clavier Bluetooth, et brancher une souris sur le port USB de la station d'accueil. A propos du clavier, nous avons tout de même fréquemment constaté un retard à l'allumage lors de la première frappe depuis quelques minutes. Et quid du stylet ? Même si celui ci ne sera pas du goût de tout le monde, il faut bien admettre qu'il reste le périphérique de saisie tactile le plus agréable sous Windows 7 : l'OS n'a pas oublié ses racines de l'époque Tablet PC, et il faut bien admettre que le module de saisie cursive bénéficie d'une très bonne reconnaissance, tandis que la surface à induction fait son job : les gribouilleurs apprécieront.
Photo et vidéo
La partie photo/vidéo du Slate PC nous a déçu, c'est le moins que l'on puisse dire. Sur le plan de la photo, ça reste correct : certes les images produites, d'une définition maximum de 2048x1536, sont bruitées, mais le rendu des couleurs reste assez flatteur, et malgré le bruit, les clichés sont relativement précis.Sur la vidéo, en revanche, le problème est simple : la résolution, quelque soit le capteur utilisé, est de... 320x240 ! Le problème a été reproduit avec le logiciel de capture maison de Samsung, comme avec l'application YouCam de Cyberlink, également fournie. Aucune mise à jour des pilotes n'était disponible au moment de notre test.
Tests de performances [/anchor]
Que donne cette tablette face à ses concurrents ? Quelles sont ses performances sur des tests théoriques ou face à une mise en situation pratique ? Vous trouverez des résultats chiffrés et comparés en consultant la page suivante :Conclusion[/anchor]
Le Slate PC Series 7 est un appareil mobile délicat à évaluer. Mi tablette, mi PC portable, il a déjà au moins l'avantage de bénéficier d'une conception assez réussie compte tenu de son cahier des charges. Contrairement à l'Acer Iconia Tab W500, la tablette hybride de Samsung est sans aucun doute ce que l'on pouvait faire de plus réussi dans sa catégorie particulière. Samsung a su proposer un produit aussi fin et léger que possible, bien moins encombrant que l'Eee Slate d'Asus par exemple, et offre indéniablement le meilleur compromis que l'on puisse trouver actuellement entre mobilité et performances sur un PC : la configuration standard d'un ultrabook ou MacBook Air d'entrée de gamme. Côté autonomie, on dépasse les 4h en vidéo en mode économie d'énergie, et lorsque la tablette est dockée, le mode Performances, bien que bruyant, permet de profiter du processeur Core i5 à 1,6 GHz.
Le problème vient de la catégorie même du « slate PC », qui ne donne jamais entière satisfaction. Malgré les efforts consentis par Samsung, l'appareil reste trop lourd pour une utilisation vraiment confortable en mode tablette, tandis qu'il n'apporte concrètement aucun avantage réel par rapport à un ultrabook. Le prix est le même, Windows 7 n'est de toute façon jamais aussi agréable à utiliser qu'avec un clavier (fourni) et une souris ou un trackpad (absents), et l'encombrement, en poids comme en taille, est supérieur à celui d'un portable 11 pouces.
En comparaison, la Transformer d'Asus part de la même tentative de créer un appareil hybride, mais son approche reste clairement celle d'une tablette, avec un poids réduit, un OS mobile et un prix beaucoup plus bas. Le dock clavier demeure un accessoire : il apporte un confort de frappe supérieur pour la bureautique et une autonomie boostée par la batterie intégrée, le tout conservant un encombrement réduit.
Certes, il est clair que Windows 8 devrait dans tous les cas améliorer nettement l'utilisation du Slate Series 7 et proposer au moins une vraie expérience utilisateur tactile en mode Metro, plutôt que cette surcouche certes pas désagréable mais tenant toujours du bricolage.
Mais même à ce moment, le Slate PC restera un ordinateur hybride qui sera alors concurrencé par les tablettes ARM tournant sous Windows 8, et qui proposeront une consommation et un poids nettement inférieur. Il gardera tout de même l'avantage indéniable de ses performances supérieures, Core i5 oblige, et de sa prise en charge native de toutes les applications, Metro comme « classiques », alors que ces dernières nécessiteront vraisemblablement une recompilation pour ARM.
En l'état, il s'agit d'un produit de niche, qui devrait séduire particulièrement les power users qui veulent absolument un compromis entre tablette et portable, ainsi que des utilisateurs en entreprise, où le concept de la tablette « dockable » et immédiatement compatible Windows peut avoir un intérêt, notamment pour les applications métier. L'intégration d'un stylet peut alors être un plus pour ce public, comme sur la ThinkPad Tablet de Lenovo. En dehors de ces usages spécifiques, il nous paraît préférable, malgré les qualités du Slate PC Series 7, de choisir soit une « vraie » tablette (iPad, Galaxy Tab...), soit un ultrabook ou un MacBook Air 11 pouces si on recherche un portable à la fois performant et léger.