Depuis 2017 et la présentation de l'iPhone X, Apple s'est lancé dans la guerre des boutons. La marque ne veut plus que des écrans à transporter, que l'on contrôle simplement via des gestes fort intuitifs. Aussi, on était impatients de voir cette nouvelle donne déclinée sur les ardoises d'Apple.
Mais pour inaugurer ce changement, l'entreprise de Tim Cook a dû revoir en profondeur son design - plus sexy que jamais. Faussement borderless, l'iPad Pro cuvée 2018 se présente sous un meilleur jour qu'il ne l'a jamais fait, et pour cause : il se distingue désormais véritablement d'un iPad classique, là où Apple se contentait d'en booster le dessous du capot avec ses précédents modèles.
L'iPad Pro est disponible depuis le 6 novembre dernier à partir de 899€ pour la version 11 pouces Wi-Fi 64 Go, et 1119€ pour sa déclinaison 12,9 pouces que nous testons ici. L'Apple Pencil de deuxième génération est quant à lui vendu 135€, et le Smart Keyboard Folio 199€ pour la version 11 pouces, et 219€ pour la version 12,9 pouces.
iPad Pro : caractéristiques techniques
Avec ses iPad Pro, Apple a toujours fait des prouesses en termes de performances. Équipés qu'ils sont en puces de série X, ils disposent d'un attirail technologique autrement plus conséquent pour mériter leur appellation Pro. Pourtant, là où les MacBook Pro n'offrent, à leur prix de départ, que des performances assez modestes, l'iPad Pro et a fortiori cette nouvelle mouture, donne tout ce qu'il a.L'iPad Pro (2018) 12,9 pouces, c'est :
- Un écran LCD IPS "Liquid Retina" 120 Hz de 12,9 pouces doté d'une définition de 2732 x 2048 pixels (264 ppp)
- Un SoC A12X : 8 coeurs à 2,49 GHz dont 4 sont dédiés aux hautes performances, et 4 aux tâches basse consommation
- 4 Go de RAM
- De 64 à 1 To de stockage interne configurable
- Batterie de 9720 mAh
- Appareil photo dorsal de 12 mégapixels ouvrant à f/1,8 avec technologie Smart HDR
- Appareil photo frontal TrueDepth de 7 mégapixels ouvrant à f/2,2 avec mode Portrait
S'étonner, non. Mais se révolter, sans doute. Car s'il y a bien une chose qui n'est absolument pas pardonnable sur cet iPad Pro, c'est l'absence de prise Jack. Je sais, c'est un vieux combat. Mais l'iPad Pro étant, comme son nom l'indique, destiné aux pros, j'ai du mal à comprendre qu'Apple se sépare d'une connectique pourtant très utilisée des nombreux musiciens qui utilisent sa tablette. Il leur faudra dorénavant se munir d'un adaptateur USB-C / Jack, et d'un hub monstrueux qui leur permettra d'y connecter instruments, casque et câble de charge simultanément. Incompréhensible.
Séduisant à l'avant, énigmatique à l'arrière
Comme nous le disions en préambule, l'iPad Pro nouvelle génération profite d'un design entièrement revu. Dalle presque bord à bord, disparition du bouton Home : c'est finalement toute la philosophie de l'appareil qui est remise à plat par Apple. Le modèle 12,9 pouces que nous avons pu tester se distingue particulièrement des autres appareils en proposant un gabarit plus carré qu'aucun autre iPad. Apple a tenu à conserver son ratio de 4:3, mais de par la surface couverte par son écran, on a presque l'impression de travailler sur du 3:2.L'arrière de l'appareil est nettement moins intéressant. J'ai lu quelque part sur un site américain que l'iPad Pro 2018 donnait l'impression d'être un prototype, et il paraît difficile de contredire l'argument. Rien ne sort réellement du lot, et les épaisses bandes réservées aux antennes sont tout à fait inesthétiques. Enfin, le Smart Connector, le port magnétique permettant de fixer à l'iPad le Smart Keyboard, quitte la tranche gauche qu'il occupait sur les précédents modèles pour se positionner tout en bas de la partie dorsale de la tablette. On notera également que le module photo est légèrement plus gros qu'à l'accoutumée, et semble reprendre les dimensions de celui de l'iPhone XR (notre test juste ici).
Les modifications apportées par la marque sur les tranches de sa tablette sont judicieuses. Simplement plates, l'iPad Pro semble ainsi légèrement plus épais qu'il ne l'était ; ce qui n'est pas le cas : 5,9 mm, contre 6,1 mm pour l'iPad Pro 10,5 pouces. En ce cerclage d'aluminium viennent se loger 8 haut-parleurs (quatre sur le haut, quatre en bas) et un trio de micros ultra performants. C'est simple : je n'ai jamais été aussi convaincu par des haut-parleurs intégrés à un appareil mobile. En écoute musicale, l'iPad Pro 2018 prodigue un son d'une clarté impeccable, couvrant parfaitement les basses, les mediums et les aigus. Les micros ne sont pas en reste, et permettent de se faire entendre distinctement d'un interlocuteur (ou de Siri), même à plusieurs mètres de la tablette.
Un écran envoûtant
Difficile de voir autre chose en cet iPad Pro qu'un gigantesque écran portatif. La réduction drastique des bords couplée à la générosité d'une dalle de 12,9 pouces rend l'appareil incontestablement séduisant par sa simplicité.Pour une tablette vendue à ce prix, nous aurions été en droit de nous attendre à un écran OLED. Quitte à s'inspirer de l'iPhone X, autant aller jusqu'au bout. Apple réplique pourtant ici l'écran Liquid Retina (LCD IPS donc) qui équipe les iPhone XR et dont vous connaissez l'excellence si vous avez lu notre test de celui-ci. Malgré la taille de la dalle multipliée par deux entre le smartphone et l'iPad Pro, nous n'arrivons pas plus à lui trouver de défauts. Sa netteté est bluffante, même le nez collé à l'écran.
Toujours justes, les couleurs ne se voient pas trop fortement dégradées par l'utilisation du True Tone (qui ajuste, en option, la température de l'écran en fonction de l'environnement de travail), contrairement à l'écran OLED de l'iPhone XS.
Inaugurée sur la génération précédente, Pro Motion refait son apparition sur cet iPad Pro 2018. Une appellation sexy, pour simplement signifier la compatibilité de l'écran avec la fréquence de rafraîchissement de 120 Hz, le rendant beaucoup plus réactif que celui d'un simple iPad. Une technologie particulièrement appréciable lors de l'utilisation du Apple Pencil, en ce qu'elle rend les tracés plus fluides, tout en réduisant jusqu'à extinction la latence.
Outre sa forme, plus inspirée d'un crayon à papier que son aînée, c'est avant tout sa philosophie qui change. Fini le capuchon cachant un Lightning mâle à enfoncer dans l'orifice de l'iPad pour appairer et recharger l'Apple Pencil. Celui-ci se fixe désormais par magnétisme sur la tranche droite de la tablette, ce qui rend son expérience d'utilisation finalement indissociable de son support.
L'utilisation de l'Apple Pencil évolue légèrement grâce à la présence d'une bande tactile sur celui-ci. Le tapotement de cette surface, configurable, permet notamment de jongler entre deux outils de dessin (par exemple le crayon et la gomme), ou d'activer moult actions contextuelles en fonction de l'application que vous utilisez.
Notons pour finir que seule cette nouvelle version de l'Apple Pencil est utilisable avec l'iPad Pro 2018, et qu'il est incompatible avec les tablettes antérieures d'Apple.
Sur le point de l'oléophobie, Apple n'a pas fait autant de progrès qu'il le clame sur son site. La dalle reste très sensible aux traces de doigts, ce qui aura tendance à chagriner les professionnels de l'image qui ne pourront décemment pas se séparer d'un bout de tissu pour venir le nettoyer.
La tablette qui met à l'amende des processeurs i7
Vous saviez déjà que l'Apple A12 était le SoC le plus puissant du marché. L'A12X, sa version équipée de 2 coeurs supplémentaires, parachève le travail, et vient carrément mettre à l'amende certains processeurs i7 en performances pures. C'est simple : on n'a jamais vu appareil mobile aussi rapide.Sur AnTuTu Benchmark, l'iPad Pro 2018 enregistre le score démentiel de 550 166 points, soit 150 000 points de plus que son prédécesseur.
Autrement dit : la puissance ne sera jamais un problème lorsque vous utilisez un iPad Pro. Sur ce point, l'appareil mérite amplement son appellation, et conviendra parfaitement aux créateurs dont l'activité nécessite une énorme capacité de calcul. Traitement de photos, applications en réalité augmentée, création graphique ou export de montages vidéo : rien ne l'arrête, et toutes les tâches sans exception s'effectuent à une vitesse folle, sans que la chauffe ne se fasse gênante.
N'oublions pas que l'iPad Pro 2018 n'est doté que de 4 petits gigas de mémoire vive. Pourtant, il est de connaissance commune qu'iOS est un exemple de gestion de la RAM, et le système d'exploitation se révèle sur ce point parfait pour cette nouvelle tablette. Aucun besoin de fermer la moindre application, la mise en cache est simplement exemplaire. C'est d'ailleurs bien un avantage que l'on peut porter au crédit d'iOS.
Une autonomie de 10 heures environ
La gigantesque batterie embarquée par l'iPad Pro ne se révèle pas forcément plus costaude que ses prédécesseures. L'accumulateur de 9720 mAh tient la charge sans peine pendant une bonne dizaine d'heures de travail. Une excellence inchangée, donc, en dépit d'une batterie de moindre capacité face à la génération précédente (10 307mAh sur l'iPad Pro 2017).Comme pour les performances, Apple s'approche avec son nouvel iPad Pro d'une autonomie largement au niveau de ce qu'il propose sur ses derniers MacBook Air.
Mais attention toutefois à l'utilisation éventuelle d'un Smart Keyboard en complément de votre tablette. Sans batterie intégrée, celui-ci "pompe" alors celle de l'iPad Pro une fois qu'il y est connecté. L'essentiel de nos mesures ayant étant faites en mode d'utilisation "ordinateur", l'autonomie sera légèrement plus conséquente si vous n'utilisez pas le clavier proposé en option par Apple.
Aussi en termes de recharge, le passage à l'USB-C permet à Apple de proposer une charge légèrement plus rapide que sur ses précédents modèles. Faire passer l'iPad Pro de 0 à 100% ne prendra ainsi "que" 3h30 via l'adaptateur secteur 18W fourni.
L'obstination iOS
L'obstination d'Apple à proposer sur sa tablette le même système d'exploitation que sur ses iPhone est au mieux irritante, au pire rédhibitoire. Cette outrageuse puissance de calcul se voit ainsi limitée au pré carré des applications proposées par l'App Store qui, même s'il est très bien garni, n'offre pas encore la fluidité d'un workflow sous macOS ou Windows.On s'agace toujours de l'impossibilité de lire certains formats de fichiers nativement, comme de l'absence incompréhensible d'un véritable Finder dans iOS. De même que certains comportements n'ont pas beaucoup de sens, à l'image du branchement d'une carte SD ou d'un appareil photo numérique en USB-C sur la tablette. Ce faire ouvrira automatiquement l'interface d'importation d'images de l'application Photos. Pour les traiter ? Vous devrez les réimporter manuellement depuis Lightroom. De même qu'il est inutile d'espérer naviguer dans le contenu d'un disque dur externe depuis l'iPad Pro : ceux-ci ne sont pas pris en charge.
Aussi, connecter un moniteur en USB-C à l'iPad Pro ne permet de s'en servir comme d'un second écran que sur les (très rares) applications compatibles, autrement l'écran de la tablette se voit simplement copié à l'identique. Une absurdité parmi d'autres, qui nous font dire que, définitivement, l'iPad n'est pas encore prêt à se substituer à un ordinateur de travail principal.
Désormais proposé dans une version "Folio" qui protège l'intégralité de la tablette, le Smart Keyboard est un clavier par connexion magnétique résolument séduisant. Doté d'un design repensé, celui-ci peut désormais être positionné selon deux inclinaisons distinctes, bien plus agréables pour travailler, bien que l'on regrette de ne pas pouvoir véritablement l'incliner selon nos envies.
Le clavier de cette version 12,9 pouces (219€ tout de même) est suffisamment large pour permettre un vrai confort de frappe, bien que le revêtement en tissu des touches viendra gêner celles et ceux ayant des ongles un peu longs. Garanti sans aucune latence, et permettant l'usage des raccourcis macOS, le Smart Keyboard apparaît comme une extension obligatoire à tous les utilisateurs ambitionnant d'utiliser leur iPad Pro comme un terminal de prise de notes ou de rédaction.
Côté navigation, rien de bien nouveau sous le soleil, bien qu'Apple semble faire tout un foin de la disparition de son bouton Home. Le glissé de bas en haut pour faire apparaître le multitâches ainsi que les gestes pour fermer une application étaient déjà présents sur les précédentes itérations. Tout juste cette disparition sert-elle à légitimer le remplacement de Touch ID par Face ID qui, il faut le reconnaître, fonctionne à merveille - et même en mode paysage ! En mode prise de notes avec le Smart Keyboard connecté, il vous suffit ainsi d'appuyer sur la barre espace pour que l'iPad Pro se réveille, vous reconnaisse, et se déverrouille. Le tout en moins d'une seconde. Du beau travail, d'autant qu'Apple a veillé à ce que la distance de reconnaissance soit suffisamment longue pour éviter à l'utilisateur de devoir se rapprocher de sa tablette pour la déverrouiller.
iPad Pro 2018 : l'avis de Clubic
Plus fin, plus grand, plus beau : l'iPad Pro de 2018 est une superbe évolution d'un produit qui a définitivement sa place dans l'écosystème Apple. Plus puissant que d'innombrables ordinateurs portables, l'iPad Pro voit néanmoins sa force de frappe gâchée par un système d'exploitation horriblement limité pour des tâches professionnelles.Là est la plus grande frustration qui nous accable après une semaine d'utilisation de cet appareil : on adorerait en faire notre "ordinateur" principal, mais cela apparaît tout simplement impossible à l'heure où Apple s'obstine à l'équiper d'iOS. Il y aura forcément un moment où le passage sur un ordinateur sera obligatoire pour mener à bien une tâche particulière.
Aussi, s'il est relégué au rang de terminal d'appoint, l'iPad Pro de 2018 est le meilleur choix possible. Mais son intérêt est encore une fois limité si vous n'ajoutez pas à votre panier un Apple Pencil et un Smart Keyboard, portant la facture dans tous les cas à plus de 1000€.
L'iPad Pro 2018 est ainsi un produit incroyablement sexy. Sans doute l'un des meilleurs jamais conçus par Apple si l'on y adjoint les services de ses périphériques. Mais il n'en reste pas moins une tablette, et ce serait se fourvoyer que d'imaginer qu'il est plus que ça.