Critique Counterpart : un thriller teinté de SF doublement marquant

Antoine Roche
Publié le 09 novembre 2019 à 15h24
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette nouvelle chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Counterpart

Je pourrais m'attarder sur son scénario brillant, son ambiance unique ou encore le fait que son format est idéal, mais si je ne devais dire qu'une seule chose pour vous convaincre de regarder la série Counterpart ce serait ceci : IL Y A DEUX J.K. SIMMONS !!!

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :


Counterpart : Clonage Offensive

Lancée fin 2017 et terminée début 2019 sur la chaîne américaine Starz (et OCS chez nous en US+24, c'était appréciable et il faut le signaler), Counterpart a eu de nombreuses bonnes idées durant son assez courte durée de vie. La première d'entre elles a été de situer son action en dehors des Etats-Unis. En effet, durant deux saisons l'histoire se déroule en grande partie à Berlin. On y parle bien entendu anglais pour toucher un public large, mais aussi allemand. Ce cadre a quelque chose d'assez rafraîchissant dans le paysage télévisuel actuel, même si le nombre de show à succès se déroulant chez nos voisins est aujourd'hui assez important.


Durant 20 épisodes le spectateur suit Howard Silk, incarné par J.K. « fucking » Simmons, notamment vu dans le récompensé Wiplash ou encore la première trilogie Spider-Man (vous connaissez forcément ce GIF).

Howard est depuis plusieurs décennies un employé de bureau lambda de l'antenne berlinoise de l'ONU. Son quotidien morne et son travail nébuleux, dont il n'est pas certain de cerner les réels tenants et aboutissants, ne sont brisés que par un événement encore plus triste : sa femme (Olivia Williams), percutée par une voiture, est désormais plongée dans un profond coma.


Ne partez pas ! Le croustillant arrive, car notre bureaucrate de héros va finalement découvrir qu'il ne travaille pas pour l'ONU, mais pour une organisation secrète chargée de veiller sur un portail sous-terrain donnant accès à une version alternative de Berlin. Initialement parfaitement identiques, les deux villes ont en effet pris des orientations différentes il y a quelques années, suite à un certain incident (je n'en dirai pas plus, n'essayez même pas).

Aussi, une agence similaire à celle dans laquelle travaille Howard Silk existe dans l'autre version de la capitale allemande. Les deux entités communiquent entre elles depuis des années et gèrent bien des affaires, qu'une fois encore je ne dévoilerai pas.


Berliners : les mondes parallèles

Or, qui dit deux mondes parallèles en miroir dit... Deux fois les mêmes personnages. Et à l'instar de la destinée des villes, les événements alternatifs impactant les deux Berlin vont influencer les différentes versions des personnages. Ainsi, si le Howard Silk de ce que l'on appellera Berlin 1 est un employé de bureau doux et complètement dépassé par les événements, le Howard Silk de Berlin 2 est, lui, un agent de terrain expérimenté et beaucoup plus sanguin.

Ajoutez à ce pitch de départ, déjà alléchant, de l'espionnage, des complots, du mystère scientifique, de la politique et des personnages qui se croisent et changent de côté, et vous obtenez Counterpart.


En outre, le créateur Justin Marks a eu l'intelligence de construire ses deux saisons de manière à ce qu'en cas d'annulation (ce qui a effectivement eu lieu) son récit soit proprement développé et terminé. On se retrouve donc avec un scénario parfaitement calibré et équilibré, évitant le remplissage inutile et dévoilant les mystères au bon rythme, pour retourner notre cerveau régulièrement (évitez de ne regarder qu'un épisode par semaine, vous risquez d'être perdu) sans jamais trop en faire toutefois.

« Counterpart déroule son ingénieux scénario avec une sobriété efficace »


L'écriture de Counterpart fait ainsi montre d'une retenue et d'une délicatesse certaines, ce qui achève d'en faire une oeuvre véritablement unique. Cette finesse concerne d'ailleurs aussi bien l'intrigue principale que les passionnantes et souvent complexes relations entre les personnages et leurs doubles. La série utilise bien évidemment quelques cliffhangers, mais elle déroule son ingénieux scénario avec une sobriété efficace.

De même, la partie SF de ce thriller sait rester discrète et ce même avec l'intégration de doubles partout. Elle agit d'abord comme un léger voile de mystère, enveloppant le cœur du show, et qui finit par être totalement relevé, dévoilant par la même les réponses à toutes les questions soulevées .


Cette délicatesse se retrouve également dans la forme de la série. On peut indéniablement saluer la réalisation, et notamment la manière subtile de montrer au spectateur (ou à l'inverse de ne pas le faire) dans quelle version de Berlin il se trouve à un instant T.

Côté audio, c'est Jeff Russo (qui est partout en ce moment, notamment dans Star Trek: Discovery, Legion , The Umbrella Academy ou tout récemment dans For All Mankind) qui se charge de la musique souvent douce et mélancolique. Il est aussi derrière le génial générique que je n'ai jamais eu envie de passer.

Poudre de Berlin pinpin

Impossible enfin de ne pas saluer la véritable performance du casting, dont une grande partie a eu deux rôles à jouer. L'excellent Simmons, bien sûr, est un singe à qui on n'apprend plus à faire la grimace, mais à ses côtés et comme lui, Olivia Williams (The Ghost Writter), Harry Lloyd (Game of Thrones) ou encore Ulrich Thomsen (le formidable Kai Proctor de Banshee) délivrent une partition solide qui permet de deviner subtilement quelle version de leur personnage ils sont en train d'incarner, sans indices supplémentaires.


Pour toutes les raisons citées précédemment, et lors de sa diffusion originale, Counterpart était la série dont j'attendais le plus impatiemment chaque nouvel épisode au fil des semaines. Un très joli coup de la part de Starz, qui n'a pas succombé à la triste manie de proposer une troisième saison qui aurait probablement été celle de trop (même si, avouons le, je n'aurais pas craché sur un peu de rab).

Cette série est pour vous si :

- Vous cherchez un show intelligent et qui sait s'arrêter à temps
- Vous aimez J.K. Simmons
- Vous appréciez une touche de SF dans votre thriller d'espionnage

Cette série n'est pas pour vous si :

- Vous n'avez pas envie de vous faire des nœuds au cerveau
- Vous n'aimez pas J.K. Simmons (vraiment ?)
- Berlin est trop déprimante pour vous


Côté disponibilité chez nous, OCS propose (pour le moment ?) les deux saisons, tandis que Prime Video n'a (pour le moment ?) que la première.

Antoine Roche
Par Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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Commentaires (3)
GRITI

Berliners : les mondes parallèles

+1 pour la référence!

Cool une série en deux saisons…avec une fin non faite à la va vite.

Merci!

Vanilla

Franchement, ils ont pompé leur scénario sur fringe ou quoi ?! On dirait du copier coller suivant votre description…

GRITI

Cela m’a fait penser à Fringe aussi (même si je n’ai vu que la saison 01). A visionner donc pour voir à quel point c’est identique ou pas.

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