A l'heure où la France s'apprêterait à imposer sa charte de confiance en ligne, les Etats-Unis auraient obtenu de trois fournisseurs d'accès le blocage de newsgroups et de sites pédopornographiques. D'après le New York Times, les opérateurs Verizon, Sprint et Time Warner Cable seraient concernés. L'initiative ferait suite à un accord signé avec l'Attorney General de l'Etat de New York, Andrew Cuomo. Jusqu'ici les acteurs de l'internet outre-Atlantique, estimant ne pas être responsables des contenus hébergés ou rendus accessibles sur la Toile, étaient réticents à ce type de mesure. Après tout, le prestataire technique n'est ni l'auteur, ni le gendarme des contenus.
De plus, la force de l'internet réside dans sa neutralité. Le Réseau des réseaux créé en 1969 par l'armée américaine a longtemps été ignoré du grand public jusqu'à la création, en 1989, d'une de ses principales composantes, le World Wide Web, par le Britannique Tim-Berners Lee, lorsque celui-ci travaillait au CERN. L'entrée dans le domaine public du Web, « sans versement de redevances et sans aucune restriction », sera officialisée en 1993. Le Web combine alors les technologies des ordinateurs personnels, des réseaux informatiques et de l'hypertexte en un système d'information global à la fois puissant et facile à utiliser. Dans cet univers, les médias traditionnels et les institutions ne sont plus les seuls dépositaires de l'information et de la communication. L'internaute est à la fois consommateur et producteur de contenus.
Les accords signés aux Etats-Unis et en France au nom de la sécurité et de la protection de l'enfance peuvent-ils remettre en cause ce qui fait la force de l'internet ? « Personne ne dit que vous devez être policier de l'internet, mais il doit y avoir un espace de coopération pour faire appliquer la loi. Si vous êtes témoin d'un acte criminel potentiel, nous estimons que, dans une certaine mesure, vous êtes responsable », a déclaré Andrew Cuomo à la presse US. Avant d'insister : « nos enfants sont menacés, et il ne peut y avoir une priorité plus urgente que de protéger nos enfants ». Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille en France, ne saurait mieux dire...