« Les microprocesseurs en France, c'est fini ». Une affirmation de la CGT qui fait frémir, entre autres, tous les employés du fabricant de semi-conducteurs Altis. Cette société basée en Essonne, 5e employeur et 1er pourvoyeur de taxe professionnelle du département, cherche un repreneur. Une tâche ardue après la polémique autour de son précédent rachat par Rosoboronexport, alors suspecté d'être un exportateur d'armements russes.
Bâti en 1964 par IBM, lorsque cette industrie était encore florissante, le site se situe en partie sur le territoire de la commune de Corbeil-Essonne, circonscription du sénateur et maire UMP Serge Dassault. L'homme est particulièrement impliqué dans cette opération de sauvetage. Il assure que les déclarations de la CGT sont sans fondement et croit en « plusieurs pistes privées ou gouvernementales en Russie ». Reste qu'en septembre 2007, après le rachat d'Altis par la société suisse AES, elle-même détenue en grande partie par la holding russe Global Information Service (GIS), le journal moscovite Kommersant dénonçait déjà un montage financier orchestré par Rosoboronexport, une agence d'État, désormais disparue, chargée d'une bonne partie des exportations d'armements russes.
Depuis décembre dernier et le départ des deux principaux clients et actionnaires de l'entreprise, IBM et Infineon, les syndicats s'inquiètent, d'une part, de l'avenir des quelque 1330 salariés du groupe, mais aussi de l'avenir des brevets français détenus par Altis. « A l'est rien de nouveau! La filière russe est obsolète depuis le départ, accuse Marc Roumejon, le secrétaire général de la CGT en Essonne, interrogé par Le Monde. Tout ce qui les intéressait, c'était d'acheter les brevets et de dépecer l'usine. Seul l'État français peut intervenir en confiant à Altis la fabrication des microprocesseurs pour la Défense nationale ». Un brin ambitieux ?