Tribune : « Les technologies de BI Open Source poursuivent en 2009 leur ascension ». Ces idées ont été présentées lors de la conférence plénière du 2ème Forum de la BI Open Source organisé par Micropole-Univers, société européenne de conseil et d'ingénierie spécialisée dans les domaines de la Business Intelligence, de l'E-Business, du CRM et de l'ERP, en partenariat avec Progilibre et qui s'est déroulé à Paris le 9 avril 2009.
Il y a tout juste un an, nous insistions sur la qualité technique et technologique des offres décisionnelles Open Source qui affichaient des performances pouvant rivaliser avec les solutions Best of Breed des Grands de la BI. Les évolutions des derniers mois ne nous ont pas démentis et ont même démontré un intérêt croissant des entreprises pour les technologies libres, plus de 56% de personnes formées entre 2007 et 2008 selon l'étude de l'Observatoire du Logiciel Libre (www.ob2l.com). Trois facteurs ont joué en leur faveur tout au long de cette période.
Tout d'abord, le contexte général de crise économique et financière a imposé un resserrement des budgets informatiques. Et qui parle de budget limité pense très vite à Open Source. Les DSI se sont en effet mises en quête, pour leurs projets décisionnels, de solutions qui sont à la fois techniquement performantes et financièrement abordables. La BI Open Source avait tous les arguments pour répondre à cette double attente.
Autre facteur : la montée en puissance des modèles Cloud Computing et SaaS ont conduit les DSI à penser différemment l'architecture de leur système d'information. Elles y ont aussi trouvé des moyens pour maîtriser leurs coûts mois après mois et optimiser leur budget. L'orientation Open Source des DSI suit la même logique -approche revisitée du SI et maîtrise des coûts -tout en apportant les garanties d'interopérabilité avec la majorité des technologies existantes indispensables aujourd'hui. Il n'y avait donc plus aucun frein objectif à leur adoption par les entreprises.
Dernier point : les solutions Open Source ont largement fait leurs preuves sur d'autres marchés informatiques, plus matures vis-à-vis du Libre, tels que les bases de données (MySQL, PHP...), la gestion de contenu (Alfresco, Nuxeo, Jahia, eZ Systems...), les moteurs de recherche (Glubbe, Lucene, Mozdex, DeepIndex...) ou les moteurs 3D (Ogre3D, Scol , G3D). Sur ces quatre marchés, les acteurs du Libre se sont indéniablement imposés comme des alternatives respectables face aux éditeurs de logiciels propriétaires. Les récents développements dues à l'apport des nouvelles technologies web 2.0, AJAX, Flash et RIA, autour des plates-formes BI intégrées annoncés par JasperSoft et Pentaho ou encore les enrichissements continus des moteurs BI (requêtage, reporting, OLAP, data mining...) laissent augurer des prises de parts de marché similaires sur ce dernier bastion des logiciels propriétaires.
Les rapports des analystes informatiques, et notamment ceux qui donnent le "la" au niveau mondial en matière de BI, confirment cette mutation. Tous prennent désormais en compte les solutions proposées par les acteurs du Libre et les positionnent face aux offres propriétaires. Gartner par exemple, dans son rapport de janvier 2009 sur les plates-formes décisionnelles, met en avant les atouts technologiques des offres de Jaspersoft et Pentaho, même si elles sont bien loin de générer les mêmes niveaux de chiffres d'affaires que les Leaders de son Magic Quadrant.
Le scepticisme qui freinait le développement de l'Open Source en BI tombe donc. On ne s'étonnera donc pas qu'un Talend ait réussi à lever 11 millions de dollars en janvier dernier, en plein contexte de crise. Face à cette situation, les acteurs traditionnels adaptent leurs stratégies de développement et leurs modèles économiques.
Certains accélèrent l'adoption de stratégies SaaS. On a vu s'y engager des ténors comme SAP, Oracle et Computer Associate ou des acteurs plus petits comme SalesForce.com, PivotLink, Oco and LucidEra aux Etats-Unis ou Talend en France avec des résultats plus qu'encourageants. Le marché Français représenterait près de 15% de l'ensemble du marché des logiciels, selon le Cabinet Markess.
D'autres se concentrent sur le développement d'applications verticalisées, notamment pour la finance où l'Open Source n'a pas encore sorti de solutions convaincantes. Si certains acteurs du Libre s'y attèlent comme Jaspersoft, l'avance des solutions Oracle/Hyperion, IBM/Cognos et consorts reste grande. D'autres offres verticalisées restent toujours l'apanage des Grands comme la consolidation, l'élaboration budgétaire, la gestion des coûts ou des risques.
D'autres acteurs de la Business Intelligence embarquent des fonctionnalités Open Source dans leurs offres, voire les rachètent. Information Builders a par exemple choisi d'utiliser la solution RStat pour son moteur de data mining et Lucene pour son moteur de recherche.
Enfin, les derniers s'impliquent complètement dans les différentes communautés qui animent le monde du Libre. Ils sont ainsi à la fois contributeurs actifs des innovations en gestation et ont la capacité de tout de suite intégrer les nouveautés dans leurs offres pour garder une longueur d'avance sur leurs compétiteurs. On se souviendra d'IBM, largement moteur et précurseur sur le sujet : son engagement remonte aux débuts des années 2000 marqué par le basculement d'Eclipse dans l'univers du Libre et depuis 2005, il est un membre clé de différentes instances de gouvernance majeures du monde Open Source comme open-source-initiative, OW2 Consortium, Apache, Linux Foundation, orientés bases de données gérant les codes, ou Free Software Foundation, Software Freedom Law Center et Open Source Initiative orientés juridique.
Le marché de la BI est donc en mutation profonde et nul doute que les changements à l'œuvre dans l'univers informatique - en termes de modèles économiques, d'architecture de solutions, etc. -ne manqueront pas de l'impacter dans les prochaines années, sinon les prochains mois. Au-delà de la concurrence frontale, c'est la convergence des technologies libres et propriétaires qui s'amorce. Les pronostiques sont ouverts pour qui souhaite parier sur celui des deux types d'acteurs qui sera encore là demain... À votre avis ?
Renaud Finaz de Villaine, directeur marketing et communication, Micropole-Univers