Co-fondateur de Bemobee, une agence spécialisée dans le développement d'applications mobiles, Paul Louis Belletante propose cette tribune dans laquelle il revient sur les bonnes pratiques pour promouvoir une application iPhone...
Pour la première fois, osons publier un article sur le principe des livres "dont vous êtes le héros". Je m'explique : la première partie est consacrée à l'iPhone, à son impact sur le business du marketing mobile ou de la vie de tous les jours, chiffres à l'appui (s'il vous plaît). Intéressé ? Direction le grand 1. Si, en revanche, vous connaissez tout de l'iPhone et ses capacités, vous vous rendrez directement au grand 2, chiffre symbolisant la partie ou nous verrons ensemble quelles recettes adopter pour réussir le développement et le lancement d'une application iPhone, au service de sa marque. Prêts ? Allons y.
Le Grand 1 : Le Dieu iPhone
Que l'on prononce aïepheune, ifun ou iphône, n'avez vous pas remarqué que l'on prononce sans doute, au cours d'une journée, plus de fois le terme iPhone que le simple "bonjour" ? Loin de moi l'idée de tirer des conclusions sur votre manque de savoir vivre, mais plutôt de constater l'impact que le téléphone d'Apple peut avoir aujourd'hui dans nos vies, et plus particulièrement depuis le lancement de l'App Store, il y a à peine 15 mois ( ! ) .
Pour preuve (1) : il n'y a plus aucune coupure publicitaire sans une pub sur fond blanc mise en musique par une espèce de xylophone, finissant par :"il y a une application pour ça ";
Pour preuve (2) : l'iPhone au cours d'un repas, c'est un peu comme Facebook au bureau : on ne peut s'empêcher d'y toucher. On le sort pour tout : vérifier ses mails, vérifier ses comptes avant de payer, montrer la dernière application qui nous fait bien marrer, ou encore prouver qu'il ne faut pas mettre d'ail dans la VRAIE bolognaise (ça sent le vécu n'est ce pas ?).
Anecdotique peut être, mais révélateur des usages divers et variés qui ont été créés par l'iPhone - grâce à sa puissance, sa beauté et sa simplicité d'utilisation.
Mais Apple ne s'est pas arrêté là : en lançant en Juillet 2008 l'App Store, gigantesque place de marché où un tout un chacun pouvait créer et vendre son application (un mini logiciel à installer sur son téléphone), Apple a réussi l'exploit de créer un marché uniquement dédié aux Widgets (ces petits gadgets souvent mono tâche), alors que ce même marché n'a jamais pris sur les anciens téléphones, ni même sur nos ordinateurs.
Et quel succès ! Avec près de 85 000 applications disponibles, et un nombre de téléchargements qui a atteint les 2 milliards en début de semaine dernière, Apple a révolutionné notre manière de voir.
En France, nous atteindrons les 2 millions d'iPhone vendus très prochainement, et Apple est le deuxième constructeur de France derrière Samsung (en valeur uniquement, puisqu'en volume, Apple se retrouve 5eme - et oui ce petit bijou est cher !)
En révolutionnant nos usages, Apple a également révolutionné le marketing mobile : pour la première fois, les utilisateurs finaux considéraient massivement leur téléphone non plus comme un appareil leur permettant de téléphoner, mais au contraire, comme le centre de leur vie numérique et sociale. Le centre de leur univers 2.0, en quelque sorte.
Maintenant, petite devinette. Qui cherche depuis tous temps (et encore plus en ces temps de crise) à toucher ses clients directement au sein de leur univers ? Réponse : Vous. Nous. Gens de Marketing, de Communication, représentants des marques, cherchant à vendre des produits, ou autre.
Et c'est pourquoi, le monde du marketing mobile si tranquille ces dernières années commence à bouillonner : Oui, les marques viennent de comprendre l'intérêt d'avoir une stratégie mobile - et pour l'instant cette stratégie mobile commence avec l'iPhone.
Hurray ! En ces temps de crise où les médias traditionnels tirent un peu la langue, de plus en plus de sociétés s'orientent du côté mobile de la Force, pour créer ce lien nouveau, intime et direct, rendu possible par le Dieu Technologie. Et nous en sommes là : toutes les marques veulent leur application iPhone.
Une petite pause quasi syndicale s'impose à ce moment là de mon discours : attention, une application iPhone n'est pas le seul moyen pour exister aujourd'hui sur l'iPhone : les Web Applications (sites mobiles enrichis et dédiés à l'iPhone) permettent d'offrir une expérience qualitative à vos clients, similaire à celle d'une application, mais sans les contraintes liées à Apple (notamment validation et monétisation). Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.
Mais tel n'est pas le débat pour l'instant; car oui, si vous voulez offrir un service ludique à vos clients, une image innovante et dans le coup à votre marque, et un buzz naturel à votre société, oui, "faites une application pour ça".
Convaincu ? Si non, retournez au point 1 (ou appelez moi). Si oui, je vous invite à vous rendre au point 2 : comment réussir son application iPhone, et son lancement.
Le Grand Deux : Les Préceptes d'une Application iPhone réussie, de sa conception à son lancement, en passant par son développement.
Précepte un : Oubliez votre marque.
En forme je suis, et j'attaque fort. Mais oui, oubliez donc votre marque. La force du modèle d'Apple est d'avoir créé le lien "Garage / Salon sans passer par la Cuisine". Je m'explique : la firme de Cupertino a réussi à mettre en relation les petits développeurs dans leurs garages avec les consommateurs dans leur salon, via une place de marché ouverte à tous.
Et, si étrange que cela puisse paraître, personne ne voit le grand géant mercantile Apple derrière tout ça; non, cet environnement est totalement "HypeFun", et dans le grand mouvement Web 2.0 collaboratif, tout n'est qu'utile ou futile, mais en aucun cas mercantile.
Donc, à moins que votre marque ne soit déjà identifiée comme "fun" auprès de la cible, ne tentez pas le diable en transformant votre application en bannière publicitaire géante. Un service promotionnel est un service ignoré. Mentionnez votre marque, oui. Mais en douceur.
Au contraire, jouez la profil bas, type "oui, je fais des trucs fun, mais je ne veux pas trop que ça se sache car je suis timide".
Créez une vraie application en relation avec votre domaine, possédant soit un côté ludique appuyé (vous vendez des vélos ? Créez un jeu avec des petits bonshommes en vélo à faire descendre de la montagne), où une vraie plus-value pour le client (vous vendez des pneus hiver nouvelle génération ? Créez une application pour aider les automobilistes à trouver où est l'essence la moins chère).
Dans l'ère 2.0, les clients aiment les marques qui la jouent profil bas. Profitez en d'autant plus, car cela vous apporte un avantage incroyable :
Votre application est un succès ? Ne vous inquiétez pas, vous arriverez largement (voir les points suivants) à communiquer dessus. Votre application est un désastre ? Tant mieux, vous passerez d'autant plus rapidement à autre chose !!
Ah, dernier point : ne l'oubliez pas trop quand même (votre marque). Faire un service aux antipodes de vos valeurs ou de votre produit et l'on parlera de vous certes, mais pas dans les meilleurs termes.
Précepte Deux : Soyez Original
D'accord, ce point là était prévisible. Mais j'insiste. Déchirez, malaxez, distillez vos notes et vos idées, pour trouver un vrai concept qui n'est pas encore vu ailleurs. Sinon, le buzz se retournera contre vous.
Même avec 85 000 applications référencées, n'oublions pas que ce marché n'a que 15 mois - imaginez le champ des possibles ! Nous n'en sommes qu'au début, à vous (vous pouvez vous faire aider) de trouver quel service apportera une vrai plus-value au client final en ne trahissant pas votre produit.
Vous ne pouvez être original ? Alors mettez les bouchées doubles pour dépasser en qualité ce qui se fait déjà.
Précepte Trois : Maîtrisez le Buzz !!
Impossible ? Que Nenni. Si vous respectez le précepte un, et que vous êtes assez malin, vous arriverez à créer un buzz lors du lancement de votre application.
Tout d'abord, utilisez votre communauté. N'allez pas chercher trop loin : utilisez celle que vous avez déjà : les clients inscrits à votre programme de fidélité, les visiteurs de votre site Web, ou les clients qui rentrent en magasin !
Cette communauté est plus réceptive que toute autre à vos stimuli, profitez en. Mettez en place une communication simple, des mécanismes simples (un mini site web, l'envoi de SMS promos, ou pourquoi pas une opération street marketing devant les magasins), et vos clients seront ravis de télécharger votre application.
Ensuite, profitez à fond des réseaux sociaux existants. Si vous lisez ceci, je n'ose imaginer que votre marque ne possède pas déjà de page Facebook ou de compte Twitter. Non ? Créez en vite ! Oui ? Imaginez la chance que vous avez : vous avez déjà une communauté numérique de clients qui ont accepté de laisser votre marque pénétrer leur réseau.
Donc, vous pouvez leur envoyer gratuitement toute l'info que vous désirez. Et en plus devinez quoi ? Ils seront les premiers à relayer l'info (ah ... le petit côté VIP) auprès de leurs amis.
Enfin, dernière chose : n'oubliez pas les sites spécialisés dans les tests d'applications. Souvent, ils seront ravis de recevoir un petit message de votre part les informant de la sortie de votre application, et pourquoi elle est originale. Et si elle l'est vraiment (originale), pas de raison qu'ils ne fassent pas un petit billet dessus.
Précepte 4 : Réussir sa validation
Un des nerfs de la guerre. Apple, au contraire de Google pour son Androïd Market, tient à valider une par une chacune des applications qui lui sont soumises. L'avantage : les clients ont confiance dans les applications qu'ils téléchargent. L'inconvénient : vous ne maîtrisez pas vraiment la date de lancement de votre application, une validation chez Apple pouvant aller d'une semaine ... à plus d'un mois.
Comment faire pour limiter la casse ?
Tout d'abord, limitez les éléments pouvant vous attirer des soucis. Niveau Conceptuel tout d'abord, inutile de faire une application de Lancer de Nains ou de Torture d'animaux (ou l'inverse). Peu (pas) de références sexy, ni de violence visible ou imaginée. Et bien sûr, restez dans le légal (vous n'auriez pas osé !)
Niveau "Technique" ensuite, priez pour que votre prestataire se tienne au courant des évolutions de ce qui est autorisé, ou ne l'est pas. Citons pêle mêle quelques exemples de fonctionnalités ayant provoqué le refus de validation de la part d'Apple :
- Reprise de fonctionnalités natives de l'iPhone ( Passer un appel par exemple )
- Présence dans votre texte de description de noms d'autres applications
- Ne pas récolter d'informations personnelles sans l'autorisation du client (vous n'auriez pas osé ! bis)
- Ne pas utiliser dans vos applications d'éléments apparaissant dans les menus de l'iPhone (même si les outils d'Apple le permettent)
- Ou encore, votre application doit proposer plus qu'une simple fonctionnalité (en bref, votre application doit être intéressante !)
La liste est longue ... Soyez donc sûrs de confier le développement de votre application à des professionnels se tenant au fait de ces choses là.
Un petit conseil pour la route : Prenez un petit délai, et demandez à Apple de ne pas sortir cette application avant une date précise. Cela vous permettra d'améliorer vos chances d'être classé dans les "nouvelles applications"
Précepte 5 : Un cierge tu brûleras ... et un plan B tu prépareras.
Le développement d'une Application iPhone est un donc une suite d'évènements qui peut prendre du temps. Entre le début de la réflexion, la rédaction du cahier des charges, le développement, les tests et la validation par Apple, peuvent s'écouler plusieurs mois.
Un conseil d'entrée de jeu : prenez un délai suffisant pour être sûr que votre application soit validée par Apple, et fixez vous même auprès de la firme de Cupertino la date de sortie de votre application. Cela vous permettra non seulement d'être plus serein quant à la date de sortie de votre application, de maîtriser son lancement (si vous ne le faites pas, Apple la mettra sur le marché sans vous avertir avant) et certains avancent même que cela vous donne plus de chance d'être classé parmi les "nouvelles" applications sur l'App Store ...
Donc, effectivement, la chance peut jouer. Même si vous êtes intimes avec Steve Jobs himself (sérieux ?), la validation de votre application peut prendre du temps. Ne tentez donc pas le diable, prévoyez un délai suffisant, fixez une date de sortie... et prévoyez un petit plan B.
Par exemple, une petite WebApplication qui pourra prendre le relais en cas d'absence d'Application au lancement du plan de com. Car il est toujours plus facile de rediriger temporairement les clients vers une WebApp, que d'annuler la campagne de communication.
De plus, cette WebApp pourra, une fois l'application sortie, faire la promo de cette même application, et ainsi permettre un bon référencement de celle ci sur les moteurs de recherche classiques, Google en tête ... mais ceci est une autre histoire !
En résumé, une application iPhone est aujourd'hui un excellent moyen d'intégrer le mobile dans votre stratégie globale : la puissance d'Apple, le buzz naturel entourant l'App Store et la satisfaction client autour de l'iPhone permettent en effet de créer ce fameux lien direct avec le client, lien qui deviendra prépondérant dans la relation client/marque dans les prochaines années.
Devenez mobiles grâce à l'iPhone (vos clients le sont devenus), et débutez de la plus belle manière qui soit votre présence mobile de demain.
Paul Louis Belletante / www.bemobee.com
"Réussir le lancement de son application iPhone", une tribune de Paul Louis Belletante
Publié le 15 octobre 2009 à 18h35
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