Dans un billet du Google Webmaster Central Blog, deux ingénieurs employés par la firme de Mountain View expliquent qu'ils viennent d'enrayer le phénomène du « Google Bombing » sur leur moteur de recherche. Les célèbres requêtes telles que « Miserable failure » ne renverront plus vers la page choisie par les plaisantins à l'origine de la manoeuvre, mais pointeront plutôt vers des sites qui expliquent le procédé ou le commentent.
Mais qu'est-ce que le Google Bombing ? Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de savoir comment fonctionne un moteur de recherche, et plus particulièrement Google. Pour faire simple, celui-ci passe en revue les milliards de pages du Web et établit un classement entre les pages, afin de retourner, pour une requête donnée, les pages censées délivrer le contenu le plus approprié à la recherche effectuée.
Le classement entre les pages est notamment déterminé par le nombre de liens hypertextes qui pointent vers ces dernières. Autrement dit, pour simplifier : plus il ya de liens qui pointent vers une page et plus cette dernière est considérée comme pertinente. Ce classement prend également en compte les mots qui « portent » le lien hypertexte : les termes identifiés comme lien sur la page, sur lesquels vous cliqueriez si vous souhaitiez le lire. Ainsi, si de nombreux liens comportant un mot donné pointent vers la page d'accueil d'un site, le site en question a de fortes chances d'arriver dans les premiers résultats de Google pour une recherche sur le mot en question.
Le Google Bombing consiste à tirer parti de ce phénomène, à savoir placer sur des dizaines, voire des centaines de sites Web, un lien hypertexte vers une page donnée, en utilisant à chaque fois les mêmes termes. Souvent utilisé à des fins satyriques, il a par exemple permis que pendant des années, la page officielle consacrée à l'actuel président des Etats-Unis arrive en première position pour une recherche sur les termes « miserable failure » (misérable échec). En France, un Google Bombing a été entrepris à l'encontre de Nicolas Sarkozy, dont le nom était associé au personnage de bande dessinée (et depuis peu, de film) Iznogoud.
Pour Google, ces opérations permettent sans doute de faire un peu de publicité, mais elles démontrent qu'il est possible d'abuser les algorithmes du moteur de recherche et de gonfler artificiellement la position d'un site dans les résultats de recherche. Les équipes de Google auraient pu désamorcer manuellement ces opérations, mais elles ont préféré mettre au point un algorithme capable de le faire à leur place. Ainsi, elles évitent toute ingérence humaine dans le fonctionnement de leur moteur. Une recherche sur « miserable failure » renvoie désormais des pages qui étudient le phénomène du Google Bombing, et non la biographie de George W. Bush. Toutes les opérations les plus célèbres n'ont pas encore été désamorcées, mais Google assure que son nouvel algorithme fonctionne dans toutes les langues. Plaisantins, activistes et militants en tout genre devront trouver un autre terrain de jeux !