1997 - 2007 : Google maître du Web ?

Alexandre Laurent
Publié le 17 septembre 2007 à 18h50
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Le 15 septembre 1997, il y a tout juste dix ans, deux jeunes étudiants en mathématiques de l'université de Stanford décident de déposer un nom de domaine à la consonance abstraite, Google.com. Dix ans plus tard, devenus trentenaires, ils se trouvent à la tête de l'un des plus colossaux empires jamais construits sur le Web : une société valorisée plus de 150 milliards de dollars, capable de faire de l'ombre aux plus grands acteurs de l'univers de l'informatique.

Google, l'alchimiste du Web

Devenu numéro un mondial de la recherche en ligne grâce à un moteur efficace et redoutablement sobre, Google est parvenu à transformer le concept de liens sponsorisés mis au point par Overture - désormais propriété de ! - en une incroyable manne financière, qui compte aujourd'hui pour plus de 90% des revenus réalisés par Google.

Août 2004 : Google se lance en bourse, avec un titre dont le cours nominal s'établit à 85 dollars. L'action GOOG se négocie aujourd'hui aux alentours de 525 dollars, soit une capitalisation boursière de quelque 160 milliards de dollars. A titre de comparaison, Microsoft pèse aujourd'hui un peu plus de 300 milliards de dollars, soit deux fois plus que la firme de Mountain View, tandis que Yahoo! atteint tout juste une valorisation de 40 milliards de dollars. En 2006, les revenus de Google ne s'élevaient pourtant qu'à dix milliards de dollars, avec un bénéfice net s'établissant toutefois à plus de trois milliards de dollars !

Initialement dédié à la recherche en ligne, Google a au fil des années étendu ses domaines de compétence. Tout en améliorant sans cesse les dispositifs publicitaires qui lui permettent de générer des revenus et l'infrastructure technique grâce à laquelle elle indexe jour après jour des milliards de pages Web, la firme s'est progressivement tournée vers des secteurs comme l'actualité ou la géolocalisation, sans parler d'ambitieux objectifs comme celui de la constitution d'une bibliothèque numérique des savoirs avec le controversé Google Books.

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Ces douze derniers mois auront vu l'acquisition d'une dizaine de sociétés parmi lesquelles les plus emblématiques sont sans doute le portail de vidéos en ligne YouTube et la régie publicitaire DoubleClick. Elles témoignent de la volonté de Google d'emboîter le plus vite possible le pas aux tendances porteuses que sont la vidéo en ligne et les applications Internet enrichies, sans négliger blogs (Blogger), gestion et hébergement d'images (Picasa), communication (Google Talk), etc. Comme si cela ne suffisait pas, la société lorgne vers d'autres domaines, bien éloignés de sa sphère de compétence initiale : fourniture d'accès à Internet, avec les projets de couverture de villes en WiFi, ou téléphonie mobile, avec un soi disant Google Phone.

Hégémonique Google ?

Cette volonté d'expansion doit-elle laisser craindre le pire ? Celle qui fut un temps l'icône de toute la génération Web ne lasse pas aujourd'hui d'inquiéter, en dépit de la devise initiale formulée par ses fondateurs : « Don't be evil ». Des services comme Gmail ou ceux proposés par DoubleClick font planer certains doutes sur la politique de Google en matière de respect des données qui lui sont confiées par les internautes, au point que la firme de Mountain View essaie aujourd'hui de se positionner comme le chantre de la confidentialité des informations personnelles.

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Le projet Google Print, aujourd'hui rebaptisé Google Books, a quant à lui fait redouter aux intellectuels européens la prolifération d'une vision américano-américaine de la culture, au motif qu'un unique portail ne pouvait devenir le dépositaire, non exhaustif et peut-être partial, du savoir humain. Enfin, difficile de ne pas être sensible aux appels lancés tout autour du monde contre la censure que font subir à leurs administrés certains gouvernements, surtout lorsque des sociétés prônant le libre accès à l'information telles que Google se retrouvent impliquées.

De son côté, YouTube suscite moult critiques de la part des éditeurs, diffuseurs et distributeurs de contenus, qui n'apprécient pas de voir le fruit de leurs investissements librement manipulés par les internautes sans que leur soient versés les moindres subsides ou compensations pour l'exploitation de leur propriété.

Régulièrement attaqué en justice, YouTube pourrait finir par coûter bien plus cher à Google que les 1,65 milliard de dollars ayant servi à son acquisition. Ajoutons à cela le fait que les revenus de la firme de Mountain View repose presque exclusivement sur la publicité : ce marché a aujourd'hui le vent en poupe, mais qui sait de quoi demain sera fait ?

De jeune pousse innovante, symbole de la vivacité du Web, Google est aujourd'hui devenu un colosse dont les visées oecuméniques inquiètent. Un colosse fermement campé sur ses bases, doté d'un important trésor de guerre, mais dont les ressources dépendent d'un marché publicitaire qui n'est pas à l'abri d'importantes fluctuations...
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