Air France, la nationalisation temporaire comme unique solution ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 14 avril 2020 à 15h13
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© Air France

Le groupe Air France-KLM, qui perd 25 millions d'euros par jour, est au bord du gouffre. Seule une aide massive étatique pourra le sauver.

Le secteur aérien subit la plus grosse crise de son histoire. L'Association internationale du transport aérien (IATA) estimait récemment à 250 milliards de dollars le manque à gagner pour l'aéronautique, une fois que l'activité aura pu reprendre. Le groupe Air France-KLM voit son avenir menacé, avec un cumul de crises qui clouent ses appareils au sol. L'alliance franco-néerlandaise est à la recherche de 10 milliards d'euros.


Pour une poignée de milliards

C'est officiel, en France, le confinement se poursuivra au moins jusqu'au 11 mai, avec, comme l'a annoncé le président de la République Emmanuel Macron, des « frontières fermées jusqu'à nouvel ordre avec les pays non-européens ». Les compagnies aériennes s'attendent déjà à rester à l'arrêt ou presque jusqu'à cet été, au mieux. La compagnie nationale française, Air France, pourrait ne pas s'en relever, alors qu'elle ne « vaut à peine que le prix de ses avions », comme nous l'avait fait remarquer le spécialiste Xavier Tytelman.

Le groupe Air France-KLM serait à présent à la recherche de 10 milliards d'euros (8 milliards rien que pour Air France, dont la trésorerie ne peut tenir que quelques semaines). L'alliance, elle, perdrait 25 millions d'euros par jour, un montant colossal qui la pousse à appeler les gouvernements et institutions financières à lui venir en aide.

Il y a quelques jours, le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a promis de répondre à l'appel de la compagnie. Dans le JT de France 2, il avait indiqué le 8 avril que « ce n'est pas un coup de pouce dont va avoir besoin Air France, c'est un soutien massif de la part de l'État. Air France aura ce soutien massif de la part de l'État ».


Des voix s'élèvent en faveur de la nationalisation temporaire

Le groupe a pu négocier environ 6 milliards d'euros d'emprunts en urgence, 4 milliards pour Air France, et 2 milliards pour sa compagnie-sœur, KLM. Outre ce soutien massif, l'État réfléchirait toujours à la nationalisation du fleuron industriel français. Si pour l'expert Xavier Tytelman, « des pactes d'actionnaires l'en empêchent, avec Delta Airlines, Air China, etc », le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari ne l'exclut pas.

En France, plusieurs voix s'élèvent pour une reprise en main partielle de la compagnie par l'État. C'est le cas du président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, qui affirmait le mois dernier qu'il ne fallait « pas avoir de tabou en la matière ». Même son de cloche pour le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, qui a appelé lundi sur Franceinfo à la nationalisation provisoire de l'entreprise, pour qu'elle puisse survivre, dans un premier temps, et se relever ensuite. Le sénateur du département de la Vendée n'a pas manqué de rappeler la nationalisation de General Motors, mastodonte américain alors en perdition, qui fut sauvé par l'État fédéral américain en 2009. Ce pourrait être, à terme, l'unique solution pour sauver Air France.
Alexandre Boero
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Commentaires (10)
max_971

Les prix des billets d’avion vont s’envoler.

J’espère que les bons des billets prévus pour cette année seront valables.

iodir

Comme souvent, on nationalise les pertes, mais on privatise les bénéfices.

Proutie66

Ils demandent 15 milliards pour 2 mois?

Fermons cette entreprise !!!

Il y a 80000 employés.
Chargé (entre les petits salaires et les plus gros), partons sur du 5000 euros mensuel en moyenne.

Cela fait 400 millions d’euros par mois de salaire.
On peut les payer avec ces 15 milliards d’euros pendant 3 ans !
Et je parle en « chargé ». ( en clair, si on les vire, et qu’on les mets au chomage, on les fait vivre 6 ans avec ces 15 milliards ).

Je conviens que ces calculs soient grossiers, mais quand même, ces chiffres demandés sont tout autant fous.

AlexLex14

Sauf que les salaires ne représentent qu’un tiers des frais fixes d’une compagnie aérienne.

Et hélas, Air France (dont on doit militer pour la sauvegarde et non la "fermeture) ne sera pas impactée que deux mois.

Pense également aux retombées qu’une compagnie comme Air France permet dans toute la France (et ailleurs)…

Proutie66

Mais je sais bien !
Sauf qu’un tier de ces frais fixe, qu’est-ce qui compte, les emplois ou ces frais fixe ?
Je voulais évoquer le ratio débile indiqué par ces compagnies.
(2 mois = 15 milliards, en salaire ça dure 3 ans)
J’ai du mal à voir toutes ces retombées bénéfiques en France… ? Les taxes ? Avec 15 milliards tu vois où elles vont aller ? etc…

AlexLex14

Tu as déjà un paquet de compagnies aériennes qui vont couler, alors imagine si Air France venait à sombrer. Il resterait quoi de l’aérien en France ?

Tu as les frais de parking à régler ; les frais de location des avions ; les commandes passées à honorer (ou pas) ; les salariés à payer. Heureusement que tu as l’économie de carburant d’ailleurs pour le coup…

Quant aux retombées, une ligne aérienne, c’est toute une économie (partenariats/locations de voiture/emplois etc.).

Après, je comprends ce que tu dis dans la dernière partie de ta réponse. Si les « grands patrons » pouvaient participer à l’effort, ce serait au moins un petit de coup de pouce.

dreaman59

Et les autres compagnies ?

Air Caraïbes, Corsair, bien plus fragile etc…

On fausse la concurrence…

AlexLex14

Elles devraient bénéficier des mêmes aides (pas le même montant, mais à leur mesure).

xryl

La nationalisation, oui, mais pas de privatisation jusqu’à ce que l’entreprise ait remboursé le flux d’argent injecté (avec les intérêts d’emprunts). C’est pour moi le minimum pour que ce soit autorisé. Idéalement, il faudrait en profiter pour faire la cure que KLM demande à corps et à cri depuis plus de 10 ans maintenant au passage (et que je comprends fortement).

clintl

J’ai 6000€ de billets déjà payés chez AF pour cet été … Voyage aux USA, payé en Janvier.
Non remboursable …
SI ils me font un bon pour usage sous un an, il est en effet très possible que les mêmes destination l’année prochaine soit beaucoup plus chère et que cet argent ne suffise pas …

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