Le groupe Air France-KLM, qui perd 25 millions d'euros par jour, est au bord du gouffre. Seule une aide massive étatique pourra le sauver.
Le secteur aérien subit la plus grosse crise de son histoire. L'Association internationale du transport aérien (IATA) estimait récemment à 250 milliards de dollars le manque à gagner pour l'aéronautique, une fois que l'activité aura pu reprendre. Le groupe Air France-KLM voit son avenir menacé, avec un cumul de crises qui clouent ses appareils au sol. L'alliance franco-néerlandaise est à la recherche de 10 milliards d'euros.
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Pour une poignée de milliards
C'est officiel, en France, le confinement se poursuivra au moins jusqu'au 11 mai, avec, comme l'a annoncé le président de la République Emmanuel Macron, des « frontières fermées jusqu'à nouvel ordre avec les pays non-européens ». Les compagnies aériennes s'attendent déjà à rester à l'arrêt ou presque jusqu'à cet été, au mieux. La compagnie nationale française, Air France, pourrait ne pas s'en relever, alors qu'elle ne « vaut à peine que le prix de ses avions », comme nous l'avait fait remarquer le spécialiste Xavier Tytelman.Le groupe Air France-KLM serait à présent à la recherche de 10 milliards d'euros (8 milliards rien que pour Air France, dont la trésorerie ne peut tenir que quelques semaines). L'alliance, elle, perdrait 25 millions d'euros par jour, un montant colossal qui la pousse à appeler les gouvernements et institutions financières à lui venir en aide.
Il y a quelques jours, le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a promis de répondre à l'appel de la compagnie. Dans le JT de France 2, il avait indiqué le 8 avril que « ce n'est pas un coup de pouce dont va avoir besoin Air France, c'est un soutien massif de la part de l'État. Air France aura ce soutien massif de la part de l'État ».
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Des voix s'élèvent en faveur de la nationalisation temporaire
Le groupe a pu négocier environ 6 milliards d'euros d'emprunts en urgence, 4 milliards pour Air France, et 2 milliards pour sa compagnie-sœur, KLM. Outre ce soutien massif, l'État réfléchirait toujours à la nationalisation du fleuron industriel français. Si pour l'expert Xavier Tytelman, « des pactes d'actionnaires l'en empêchent, avec Delta Airlines, Air China, etc », le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari ne l'exclut pas.En France, plusieurs voix s'élèvent pour une reprise en main partielle de la compagnie par l'État. C'est le cas du président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, qui affirmait le mois dernier qu'il ne fallait « pas avoir de tabou en la matière ». Même son de cloche pour le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, qui a appelé lundi sur Franceinfo à la nationalisation provisoire de l'entreprise, pour qu'elle puisse survivre, dans un premier temps, et se relever ensuite. Le sénateur du département de la Vendée n'a pas manqué de rappeler la nationalisation de General Motors, mastodonte américain alors en perdition, qui fut sauvé par l'État fédéral américain en 2009. Ce pourrait être, à terme, l'unique solution pour sauver Air France.