Des experts en sécurité de l'entreprise McAfee ont révélé au grand jour les cibles et les rouages de l'opération Shady RAT, l'une des plus grandes campagnes de cyber-attaques jamais découverte. Plus de 70 organismes étaient visés.
L'ONU, les gouvernements d'Inde, du Canada, de la Corée du Sud, des USA, le Comité international olympique, des compagnies de construction, de développement durable... Ce ne sont que quelques exemples pris parmi la liste des 72 entités visées par la vague de cyber-attaque surnommée « opération Shady RAT » - RAT pour « remote access tool », Shady pour « suspect » - par les experts en sécurité de McAfee qui ont détecté la menace en mars dernier. Depuis, ces derniers ont mené l'enquête et sont remontés jusqu'en 2006, année des premières intrusions, mais sans doute pas de l'opération en elle-même, efficacement calibrée.
Selon McAfee, qui publie aujourd'hui un rapport de 14 pages concernant les attaques - sans pour autant donner les noms de toutes les cibles - certaines entités concernées ne se seraient rendues compte d'intrusions que plusieurs années plus tard, à l'instar du secrétariat de l'ONU qui aurait été visé en 2008 et n'aurait constaté des « visites » sur ses serveurs qu'en 2010. Les enquêteurs n'ont pas pu déterminer la quantité de données compromises, ni la façon dont les hackers ont pu les exploiter. « Cependant, même si une fraction seulement d'entre elles est utilisée pour concevoir des produits plus compétitifs ou battre un concurrent dans une négociation clef, cette perte représente une menace économique massive » explique le rapport. Certaines intrusions n'ont duré qu'un mois, mais d'autres ont duré plus de deux ans. Dmitri Alperovitch, l'un des experts ayant contribué à l'enquête, parle d'un transfert « gigantesque et effrayant » de données en tout genre. « L'échelle de l'ensemble est vraiment, vraiment inquiétante. »
Un « acteur étatique » à l'origine des attaques ?
Le rapport de l'éditeur en sécurité table sur la présence d'un « acteur étatique » à la tête de cette vague de cyber-attaques sans précédent : en d'autres termes, un pays se cacherait derrière l'opération. McAfee a cependant « refusé de l'identifier » précise l'agence Reuters. Néanmoins, pour Jim Lewis, un autre expert en sécurité briefé par McAfee sur la question, « tout désigne la Chine ». Ce dernier se base sur certains faits, notamment concernant les intrusions sur les serveurs du Comité international olympique avant les JO de Pékin en 2008, pour avancer cette théorie.
De nombreux organismes visés, parmi lesquels l'ONU, travaillent actuellement à vérifier et à examiner leurs réseaux pour déterminer l'ampleur des dégâts et trouver des pistes visant à identifier la ou les origines des attaques. L'opération Shady RAT n'a sans doute pas fini de faire parler d'elle.