Sorti à la fin de l'année 2000, No One Lives Forever avait surpris son monde en renouvelant de manière bien sympathique le jeu d'action à la première personne. Techniquement réussi, il misait surtout sur une ambiance très sixties que ne renierait pas un certain Austin Powers. Utilisant aussi efficacement les armes à feu "Quakienne", que les gadgets "James Bondien", Cate Archer avait apporté un rayon de soleil au milieu de cet hiver de fin de millénaire... Elle retente l'expérience et autant le dire tout de suite, elle n'a rien perdu de son talent !
Her name is Archer... Cate Archer.
Même sans avoir joué au premier volet, il ne faut pas longtemps pour imaginer les influences des développeurs. Dès son titre, No One Lives Forever fait immanquablement penser aux aventures du fameux agent secret au service de sa Gracieuse Majesté : l'inégalable James Bond. Comme nous l'avons déjà dit, d'autres influences et en particulier celle d'un certain Austin Powers sautent carrément aux yeux : ambiance sixties, humour décalé et situations rocambolesques... Il ne fait aucun doute que Cate Archer s'inspire beaucoup du héros barjot imaginé par Mike Myers.En revanche ceux qui se sont essayé au premier volet savent bien que No One Lives Forever ne se contente pas de reprendre des recettes déjà éprouvées. L'univers mis au point par les concepteurs de Monolith n'est pas bêtement enfermé dans la parodie à outrance et offre de véritables situations de jeu qui ont d'ailleurs permis d'en faire le succès que l'on connaît. Fonctionnant comme un classique jeu d'action à la première personne (FPS), No One Lives Forever rajeunissait le concept grâce à son humour mais aussi grâce à la variété des situations proposées. Cate Archer pouvait aussi bien faire de la plongée sous-marine à l'intérieur de l'épave d'un cargo que se promener dans les couloirs d'une station spatiale.
No One Lives Forever 2 est encore plus délirant que son grand frère.
Enfin et en tout bon agent secret, Cate Archer disposait dans ce premier volet d'un équipement tout ce qu'il y a de plus complet. On retrouvait bien sûr des pétoires très variées (mitraillettes, pistolets, fusils...) mais aussi et surtout tout un tas de petits accessoires tour à tour amusants, surprenants et indispensables. Ces gadgets que ne renierait pas 007 permettaient de se sortir très habilement de situations mal engagées : la pince à cheveux crocheteuse de serrures ou le briquet-chalumeau en étaient les meilleurs exemples.
La revanche d'une brune ?
La petite île de Khios située en mer de Marmara (au large d'Istanbul) est en effet convoitée par les Soviétiques mais comme l'île est parfaitement défendue, cela n'inquiète pas davantage les Américains. De récents rapports indiquent toutefois que le C.R.I.M.E. aurait été contacté par les Soviétiques afin de mettre au point une arme secrète capable de prendre le contrôle de l'île. Les Américains ne peuvent évidemment tolérer cela et ont dépêché deux agents pour en discuter avec l'U.N.I.O.N.. Discussion qui aura tôt fait de conduire, vous vous en doutez, à la mise sur pied de missions taillées sur mesure pour notre espionne de charme. Cate Archer aura donc la délicate besogne de récolter des informations sur cette arme secrète, de la localiser et enfin de contrecarrer les plans du C.R.I.M.E. et des Soviétiques tout en évitant qu'une Troisième Guerre Mondiale ne se déclenche... Vous avez dit chargé ?
Le changement dans la continuité
Avec un tel scénario, il ne fait plus aucun doute pour personne que No One Lives Forever 2 s'inscrit parfaitement dans la continuité de son ancêtre. Les missions proposent des objectifs relativement variés et permettront surtout à notre belle héroïne de voir du pays. Peut-être un peu moins exotiques que les destinations du premier volet, celles du nouvel épisode nous emmèneront tout de même dans l'Ohio pour une mission digne de Twister, mais aussi en Sibérie, en Inde, au Japon, en Antarctique, dans une base sous-marine et enfin sur la fameuse île de Khios ! Ces multiples destinations donnent au jeu le même caractère un peu décousu que l'on pouvait reprocher au premier volet. Mais de la même manière également, les nombreuses séquences cinématiques intermédiaires permettent de lier le tout. Elaborées à l'aide du moteur graphique du jeu, elles offrent de très bons moments comme l'excellente séance de mimes entre un tueur français et l'un de ses subalternes.Cate Archer : espionne sans frontière !
Si Cate Archer voyage à peu près autant que dans No One Lives Forever premier du nom, il faut toutefois reconnaître que la teneur même des missions a quelque peu changé. Il y a toujours des tas de méchants à zigouiller mais dans l'ensemble l'accent est mis sur l'aspect infiltration et savoir rester discret constitue une des clefs du succès. Le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté et si le plus facile permet d'appliquer une tactique de bourrin, il faudra un peu plus se creuser la tête pour triompher du mode le plus délicat. La qualité du jeu aidant on aura évidemment tendance à le trouver trop court, d'autant que cette fois il n'y a que quinze missions. Je ne saurais donc trop conseiller aux joueurs expérimentés d'attaquer le jeu en mettant la barre très haut dès le début !
Gadgets et jeu de rôle
Il ne faut pas prendre ce sous-titre au pied de la lettre car si, comme nous le verrons dans le paragraphe suivant, il est bien sûr question de gadgets tout au long de l'aventure, l'aspect jeu de rôle est lui minimaliste. Disons que No One Lives Forever 2 permet de personnaliser un peu les caractéristiques de son héroïne au fur et à mesure du jeu afin de combler certaines de ses faiblesses. Les différents documents dérobés çà et là donnent en effet des points qui pourront ensuite être distribués dans quelques caractéristiques. Vous pourrez alors augmenter l'énergie de Cate Archer, sa précision, le nombre de munitions qu'elle peut transporter... Sans être révolutionnaire, cet apport permet de dépoussiérer un peu le concept de base et de compenser certains défauts dans la façon de jouer de chacun.Les accessoires du parfait petit agent secret.
Du côté des gadgets, le tableau est plus complet, il faut dire que la prédominance de l'aspect infiltration implique évidemment l'utilisation de nombreux outils. Si la broche à cheveux crocheteuse de serrures ou le toutou d'amour ne sont plus de la partie, ils ont été remplacés par des accessoires à peu près aussi farfelus. Le rouge à lèvres de Cate sert par exemple d'appareil photo et son coupe-ongles se transforme en merveilleux passe-partout. Citons également et dans le désordre, la coccinelle / mouchard, le chat explosif, la grenade de gaz hilarant et, "cerise" sur le gâteau, la banane capable de se débarrasser des hommes un peu trop collants ! Terminons enfin sur la venue d'un appareil à mi-chemin entre l'arme et le gadget : le pistolet multifonctions. En apparence, c'est un bête pistolet mais qui, grâce aux multiples munitions "compatibles", pourra tour à tour court-circuiter les robots-gardiens, neutraliser les caméras de surveillance, endormir les gêneurs, les électrocuter ou encore les bloquer au sol... Une arme indispensable !
Jupiter lives forever
A propos de Sibérie d'ailleurs, il faut féliciter les développeurs pour ces petites touches qui donnent au jeu son cachet : les effets météo. Il y a donc la neige qui tombe sur le sol sibérien, mais aussi la véritable tornade qui survient lorsque Cate arrive en Ohio. Ces effets participent autant à l'ambiance que l'interactivité avec les décors. Si tout n'est pas encore parfait (on ne peut pas tout casser !), il faudra déjà faire attention à ne pas éveiller l'attention des gardes en renversant une bouteille par exemple, ou au contraire profiter des interrupteurs pour agir dans l'obscurité ! Remarquons également que malgré cette grande variétés des paysages, aucun ne semble vraiment plus réussi que les autres. Les graphistes ont fait un excellent travail et l'ensemble est au contraire très homogène.
La réussite est pratiquement totale et si quelques textures sont peut-être un peu moins belles que d'autres (l'île de Khios est assez quelconque), il faut reconnaître que c'est presque un sans-faute. Presque, car les mouvements de certains personnages m'ont semblé un peu bâclés. En effet et alors que les protagonistes principaux bénéficient d'animations incroyablement riches, celles des personnages secondaires sont plus basiques. C'est particulièrement visible lors des séquences où Cate doit combattre de nombreux gardes successivement : les progrès sont assez légers par rapport au premier opus. C'est toutefois le seul véritable reproche que l'on peut faire à la réalisation technique de No One Lives Forever 2 puisque même la bande son est exemplaire.
No One Lives Forever 2 est une grande réussite technique.
Non content d'offrir des musiques très "bondiennes" pendant toute la partie (seule celle du générique déçoit quelque peu), les développeurs ont en effet soigné tout particulièrement le doublage et les dialogues. Même si les rires restent rares, le ton résolument caricatural et décalé fait souvent mouche : les personnages les plus intéressants étant sans l'ombre d'un doute l'assassin français, ce bon vieux Magnus Armstrong et bien sûr Cate elle-même ! Sachez enfin que, comble de bonheur, No One Lives Forever 2 et le Jupiter ne sont pas si gourmands qu'on pouvait le craindre. Il faudra bien sûr ranger votre Mattel Intellivision, mais un simple processeur à 700 MHz et une bonne petite GeForce 2 devraient faire l'affaire... Vous aurez à faire quelques concessions mais c'est une bonne surprise au regard des productions actuelles et du rendu graphique du jeu !
Le meilleur jeu du genre ?
Cate Archer est de retour et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils savent y faire chez Monolith ! Cette suite est en tous points supérieure au premier volet et No One Lives Forever 2 s'impose sans peine comme l'un des tout meilleurs jeu d'action à la première personne. L'aspect infiltration un peu plus prononcé pourra peut-être en décevoir quelques-uns mais il leur suffira de réduire d'un cran la difficulté pour retrouver un jeu davantage action. Finalement seules les missions "originales" manquent à l'appel et il faudra par exemple oublier les séquences aquatiques du premier opus.Malgré ce léger manque, il faut bien avouer que le jeu est tout simplement excellent. L'aventure est rythmée, drôle, très prenante et seule sa durée de vie un peu en retrait pourra décevoir les meilleurs joueurs qui ne devront pas hésiter à jouer au plus haut niveau. La réalisation technique est au diapason et même les configurations moyennes pourront largement en profiter... Un jeu qui n'est vraiment pas loin de constituer la référence absolue dans son genre.