VIA a été pendant de longues années l'un des seuls, si ce n'est le seul, fabricant de chipsets à supporter activement les Processeurs AMD. On doit notamment au fabricant taiwanais la fameuse série des chipsets Apollo KT qui a permis aux processeurs Athlon d'AMD de s'imposer doucement mais sûrement face aux divers Pentium d'Intel. Si VIA a longtemps régné en maître sur le marché des chipsets K7, cet état de fait a brusquement changé avec l'arrivé du nForce 2 de NVIDIA. Outre les aspects technologiques, le dernier chipset de NVIDIA s'avère aux yeux de certains nettement moins buggué et beaucoup plus stable que les chipsets VIA. Du coup NVIDIA s'est logiquement accaparé de très fortes parts de marché en passant devant son concurrent VIA...
Il faut dire que VIA n'a pas toujours été très clair. Avec le KT400, VIA nous promettait un chipset supportant la DDR400... En vérité il fallu attendre le KT400A pour que ce support soit officiel et opérationnel. Du coup la sortie du KT400A s'est fait dans l'indifférence générale et très peu de constructeurs ont produit des Cartes mères utilisant cette puce. VIA revient aujourd'hui avec le KT600 qui pourrait bien être le dernier chipset pour processeurs K7 de la firme. Avec un nouveau southbridge et quelques améliorations, dont le support des derniers Athlon XP à FSB400, VIA nous promet que son KT600 peut rivaliser avec le nForce 2. C'est ce que nous allons vérifier ici avec la toute nouvelle carte mère GA-7VT600 1394 de Gigabyte.
VIA Apollo KT600 : quoi de neuf Docteur ?
Disons le tout de go, le KT600 n'intègre pas de nouveauté fracassante. Le northbridge se contente simplement de supporter les derniers Processeurs AMD Athlon XP de type Barton avec un FSB de 400MHz là où le KT400A ne supporte que les Barton à FSB333. Le contrôleur mémoire est pour sa part hérité du KT400A et fonctionne donc toujours sur un seul canal avec de la DDR400. Ce choix, contraire à celui de NVIDIA, n'est pas vraiment problématique au vu de la bande passante de l'Athlon XP qui atteint un maximum de 3.2 Go/s soit exactement le débit offert par une barrette mémoire de DDR400 (PC3200). La technologie FastStream64 du KT600 permet de réduire les temps de latence afin d'accélérer les opérations de lecture/écriture de la mémoire. Le KT600 peut gérer un maximum de 4Go de mémoire et reste compatible avec la DDR200/2666/333/400. Outre cela la puce est capable de gérer l'AGP 8x alors que la connexion entre le northbridge et le southbridge est assurée par un bus V-Link 8x débitant quelques 533 Mo/s.
Chipset VIA Apollo KT600
Si le northbridge n'a rien de révolutionnaire, le southbridge du KT600 est nettement plus intéressant. Annoncé depuis de longs mois, le VT8237 est enfin là et il devrait rendre les chipsets VIA un poil plus attractif car plus en phase avec leur temps. Ainsi le VT8237 est capable de gérer huit ports USB 2.0 et se voit, pour la première fois, doter d'un contrôleur DriveStation gérant le Serial-ATA 150 sur deux canaux avec en prime le support du RAID en modes 0, 1 et 0+1. Le contrôleur IDE du VT8237 supporte toujours les Disques durs IDE en ATA133 sur deux canaux (soit quatre périphériques). Du côté des fonctionnalités embarquées le KT600 propose un contrôleur réseau Ethernet 10/100 et un circuit audio sur six canaux baptisé VIA Vinyl. Ce dernier est censé entrer en compétition directe avec l'APU du nForce 2, toutefois le circuit sonore du KT600 n'est pas intégré au southbridge et se trouve déporté sur un codec externe. VIA propose deux types de circuit audio différents le Six-Trac AC'97 (contrôleur audio de base sur six canaux) et le VIA Envy 24PT qui gère nativement le son sur 24 bit.
Diagramme du chipset Apollo KT600
Gigabyte Triton GA-7VT600 1394
Gigabyte nous a fourni pour ce test sa dernière carte mère de la série Triton (admirez le nom poétique) la K7VT600. Cette carte est bien entendu dotée du chipset VIA KT600 et du southbridge VT8237. Au format ATX, la carte arbore un PCB bleu muni d'embouts arrondis. la disposition de l'électronique est assez simple et malgré son alimentation triphasée la carte est démunie d'un quelconque connecteur ATX 12 volts. Détail amusant, le socket 462 accueillant le processeur est ici de couleur jaune. Le northbridge se voit surmonté d'un imposant radiateur doré, lui-même coiffé d'un ventilateur. La carte embarque trois bancs mémoire et offre cinq ports PCI et un slot AGP 8x de couleur verte avec un ergot de maintient. La connectique extérieure est classique avec deux ports PS/2, quatre ports USB 2.0, un port parallèle, deux ports série, un connecteur Ethernet RJ45 et une rampe de trois connecteurs audio. On retrouve à même la carte, un connecteur floppy, deux connecteurs IDE et deux connecteurs Serial-ATA. Outre ces classiques connecteurs, la carte est munie de trois connecteurs pour ventilateurs (dont un réservé au CPU), un connecteur port jeu, un connecteur infra-rouge, deux connecteurs pour rajouter des règles USB 2.0 supplémentaires, et un connecteur FireWire pour brancher un T-Bracket FireWire). Totalement jumperless, la carte mère se voit affublée d'un plot DIP Switch pour manuellement overclocker le système sans passer par le BIOS.
La carte intègre quelques fonctionnalités intégrées assez standard. La partie audio est prise en charge par une puce Realtek de dernière génération : l'ALC655. La partie réseau est gérée par une autre puce Realtek, ici un RTL8101L. Gigabyte a tout de même pensé aux amateurs de FireWire en incluant le VT6303 de VIA qui offre la gestion de l'IEEE1394. Hélas aucun port IEEE1394 n'est présent à l'arrière de la carte mère et il faudra connecter le T-Bracket livré pour en profiter. Malgré une apparente sobriété, Gigabyte a doté sa carte de la fonction DualBIOS : on trouve donc deux composants BIOS soudés sur le PCB. En cas de crash de la mise à jour du BIOS, le second composant prend le relais et votre carte reste opérationnelle. Autre petit détail : les connecteurs pour les LED et autres interrupteurs du boîtier sont tous identifiés par un code couleur.
Southbridge VIA VT8237
Côté bundle, Gigabyte fait bien les choses et livre sa carte avec un IO Shield, une nappe IDE, une nappe floppy, deux câbles Serial-ATA, une équerre regroupant quatre connecteurs dont deux ports USB 2.0, un port FireWire A (petite taille) et un port FireWire B ainsi qu'un second T-Bracket doté de deux ports USB 2.0. Gigabyte livre également l'incontournable manuel avec le CD de Drivers et le sticker aux couleurs de la marque. Outre les divers pilotes nécessaires au bon fonctionnement de la carte, Gigabyte nous gratifie d'un Norton Internet Security 2003 en version complète mais en anglais...
Le BIOS de la carte-mère Gigabyte est tout à fait standard et on retrouve le mécanisme cher au constructeur qui consiste à activer les options avancées en pressant simultanément les touches CTRL et F1. Entre autres options, il est possible de changer manuellement les timings et la fréquence mémoire, les tensions ainsi que la vitesse du bus AGP et de désactiver les fonctions embarquées de type Serial-ATA. Petite subtilité, le changement de tension se fait par des paliers successifs exprimés en pourcentage (+5%, +10%, etc.). S'il est possible de régler manuellement le FSB du processeur, le BIOS n'offre pas la possibilité de modifier le coefficient multiplicateur. Chose intéressante la fonction 'Top Performance' overclocke automatiquement votre système en réglant automatiquement la vitesse du FSB en fonction du CPU et de la mémoire utilisés.
Carte mère Gigabyte Triton K7VT600
Pour tester les performances de ce nouveau chipset, et par conséquence de la carte Gigabyte, nous avons utilisé la configuration suivante :
- AMD Athlon XP 2700+ (FSB333)
- 2x256Mo Corsair DDR333 CAS 2.0
- GeForce 4 Ti4600 128Mo
- Seagate 120Go UDMA100
Ziff Davis CPUMark 99
Sous CPUMark 99, bench il est vrai assez ancien, le chipset KT600 ne brille pas vraiment. Si l'écart séparant le nForce 2 Ultra 400 de notre carte mère à base de chipset KT400A n'est pas énorme, on ne peut pas en dire autant du KT600 qui arrive troisième et dernier. D'après ce test le nForce 2 Ultra 400 est 2% plus rapide à configuration équivalente.
Quake III Arena
Avec Quake III l'écart entre le KT400A et le KT600 est minime mais le KT400A l'emporte toujours sur son petit-frère. Si pour une fois les deux chipsets VIA sont au coude à coude, le nForce 2 Ultra 400 domine largement les débats en creusant l'écart. Ainsi, l'Abit NF7S se montre près de 9% plus rapide que la dernière née des cartes Gigabyte.
3DMark 2001SE
Continuons dans la série des tests 3D avec 3DMark 2001SE. Ici le nForce 2 Ultra 400 est toujours largement en tête même s'il se fait taquinné par la carte KT400A de DFI. La carte mère Gigabyte s'occtroie la troisième et dernière place. D'après nos résultats la configuration à base de chipset nForce 2 Ultra 400 est 6% plus performante que la machine KT600 alors que l'écart entre KT400A et nForce 2 Ultra 400 est finalement assez réduit : à peine 2% sépare les deux configurations.
Unreal Tournament 2003
Unreal Tournament 2003 ne fait que confirmer ce que nous avons déjà pu observer. Le nForce 2 Ultra 400 est toujours en tête et se trouve talonné par la carte DFI LanParty KT400A. La carte de Gigabyte s'illustre par de biens piètres performances face à ses concurrents. Dans ce test la plate-forme KT400A est 3% plus rapide que le KT600. Le nForce 2 Ultra 400 étant quant à lui 4% plus rapide que la configuration à base de KT600.
3DMark 2003 - Test processeur
Le test processeur de 3DMark 2003 délivre des résultats assez surprenants. Si comme d'habitude le KT600 est dernier, l'écart entre les plates-formes NVIDIA et VIA semble énorme à la simple lecture de ce graphique. Notre Athlon XP 2700+ délivre ici toute sa quintessence avec une carte mère NVIDIA le score relevé étant supérieur d'environ 12% à celui du KT600 ! En ce qui concerne la carte KT400A, elle est d'après ce test 2% plus rapide que la K7VT600 de Gigabyte.
CineBench 2003
Avec CineBench nos trois plates-formes ne se distinguent guère les résultats étant tous similaire à quelque chose près. On notera quand même que le KT400A fait jeu égal avec le nForce 2 Ultra 400, alors que le KT600 est un cran en dessous.
SiSoft 2003 - Test processeur
Test synthétique par excellence, SiSoft 2003 devrait nous permettre d'analyser les raisons pour lesquelles le KT600 offre des performances aussi moyennes. En voyant les résultats du test processeur on peut se dire que l'interface processeur du chipset est plutôt efficace, puisque pour la première fois la carte Gigabyte K7VT600 est en tête. Certes l'écart entre nos diverses plates-formes n'est pas énorme mais il demeure suffisant pour constater que le bus processeur du KT600 est bien rodé.
SiSoft 2003 - Test mémoire
Le premier test de SiSoft Sandra 2003 a été riche d'enseignements... Passons maintenant au test mémoire. Surprise ! Le nForce 2 Ultra 400 repasse devant le KT600 ce qui tend à démontrer, FastStream 64 ou pas que le contrôleur mémoire du nForce 2 est sensiblement supérieur à celui de VIA. En effet, d'après ce test le débit mémoire du nForce 2 Ultra 400 est environ 4% supérieur à celui du KT600. Etrangement le KT400A obtient ici le résultat le plus faible mais il faut reconnaître que l'écart avec le KT600 est insignifiant voir même inexistant.
PCMark 2002
Autre bench synthétique, PCMark 2002 donne des conclusions quelque peu divergentes de ce que suggérait SiSoft 2003. Si les deux outils ne sont pas du même avis au sujet du KT600 et du KT400A, ils propulsent tous deux le nForce 2 Ultra 400 en tête du palmarès. La partie processeur du test montre tout d'abord que les chipsets VIA ont une interface processeur aussi efficace alors que celle du nForce 2 serait un peu plus performante grâce à un score 1.8% supéieur à celui du KT600. Bref il n'y a pas de quoi s'extasier sur ce différentiel tellement faible qu'il pourrait être du à la marge d'erreur du logiciel de test. Au contraire du test processeur, le test mémoire de PCMark 2002 tourne clairement à l'avantage du nForce 2 Ultra 400. A en croire ce test le contrôleur mémoire du nForce 2 Ultra 400 est à n'en pas douter le plus abouti. D'après nos résultats le score mémoire du nForce 2 Ultra 400 est 6% supérieur à celui du KT400A et 12% supérieur à celui du KT600. Et oui le contrôleur mémoire du KT400A semble plus performant que celui du KT600. Etrange...
SYSMark 2002
Terminons notre série de test par l'incontournable SYSMark 2002. Les résultats sont une fois de plus sans appel et le chipset KT600 se fait franchement laminer par le nForce 2 Ultra 400. Jugez plutôt : en bureautique notre machine nForce 2 est 10% plus rapide que la machine KT600 ! On note une fois encore un différentiel de performance entre le KT600 et le KT400A. Dans ce test la carte mère DFI LanParty KT400A est 3% plus rapide que la carte Gigabyte K7VT600.
Conclusion
Vous l'aurez compris à la simple lecture des pages consacrées aux performances, le KT600 n'est pas du tout en mesure d'inquiéter le chipset nForce 2 Ultra 400 de NVIDIA, ni même d'ailleurs le nForce 2 premier du nom. Pire les performances s'avèrent inférieures à celles d'une carte utilisant le chipset KT400A ! J'en vois certains pointer le doigt sur Gigabyte en disant que si les performances sont mauvaises cela vient forcément de la carte-mère... Et bien non ! Pour nous en assurer nous avons récupérer une carte-mère MSI KT6 Delta du commerce qui était certes un peu plus véloce que la carte Gigabyte mais plantait à tout va... Il semble donc que VIA se soit encore pris les pieds dans le tapis en sortant un chipset mal finalisé. Peut être nous faudra-t'il attendre la révision A ?Par ailleurs les innovations du KT600 se résument à une peau de chagrin... Certes le KT600 supporte les Processeurs Athlon XP à FSB400, mais vu le prix de ses processeurs il sera bien plus judicieux d'opter pour une carte à base de chipset nForce 2 plus stable et oh combien plus performante. Il faut se tourner vers le southbridge VT8237 pour découvrir quelques nouveautés intéressantes. Celui-ci apporte en effet un peu de renouveau aux chipsets VIA, sans toutefois révolutionner le genre. Si le Serial-ATA et le RAID sont gérés nativement, chose que le nForce 2 ne sait pour l'instant pas faire, il manque au KT600 le support du FireWire et une APU digne de ce nom : deux énormes avantages que seul le nForce 2 continue de proposer.
La GA-7VT600 1394 de Gigabyte est cependant une carte mère intéressante grâce à un prix agressif de seulement 105€ TTC et un bundle assez bien fourni pour cette gamme de prix. Son design ne souffre d'aucun reproche et ses fonctionnalités intégrées sont suffisamment variées pour en faire une carte tout terrain. La carte s'est de plus montrée relativement stable durant nos divers tests et ce également après un léger overclocking pratiqué avec l'option 'Top Performance'. Hélas les performances de la carte ne lui permettent nullement de constituer une alternative valable au nForce 2, et seul son prix lui permettra de s'imposer... Du moins jusqu'à l'arrivée du nForce 2 400 qui sera moins cher que son homologue Ultra grâce à un fonctionnement en simple canal.